MENACE D’INVASION DU CRIQUET PÈLERIN SUR L’ALGÉRIE: Prévenir au-delà des frontières du pays

Le ministre de l’Agriculture a instruit ses cadres d’accélérer la livraison des insecticides pour les pays du Sahel, notamment le Tchad et le Niger, afin de limiter l’activité acridienne en amont et parer à toute éventuelle invasion par le criquet pèlerin de l’Algérie.


Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir)

Rachid Benaïssa, qui réunissait, hier, le Comité interministériel de lutte antiacridienne (CILA), à Alger, a fait savoir qu’en plus des dispositifs d’intervention mis en place au niveau de toutes les wilayas frontalières de l’Algérie, son département apportera un soutien logistique et technique aux différents pays du Sahel où est actuellement enregistrée la présence d’un potentiel acridien important.

Ainsi, le ministre, qui préfère une lutte régionale contre le phénomène acridien plutôt que de se retrouver plus tard avec une forte invasion du criquet pèlerin sur le territoire algérien, entend réduire la menace en agissant au-delà des frontières du pays.

En effet, les conditions écologiques et l’abondance de la végétation au niveau des pays du Sahel sont très favorables en cette période au développement du criquet pèlerin.

Selon le directeur général de l’Institut national de protection des végétaux (INPV), Khaled Moumen, «si la situation n’est pas maîtrisée au niveau du Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger d’ici fin décembre 2012, l’Algérie risque une invasion au printemps 2013».

Même s’il affirme que la dépression de la situation acridienne progresse plus vers l’Est africain plutôt que vers le Nord, il dira que l’Algérie est plus confrontée à des incursions de groupes de criquets pèlerins ou encore, la présence de quelques individus solitaires sur son territoire qu’à une réelle invasion.

Mais comme le risque zéro n’existe pas, Khaled Moumen a annoncé la mise en place de deux fronts d’intervention, le premier au niveau d’Illizi, Tamanrasset, Tindouf, Adrar, Béchar, El Bayadh et le second dans des wilayas qui viennent en arrière pour parer à toute éventuel dépassement.

Le dispositif est constitué de 10 équipes de prospection, appuyées par 3 équipes de coordination et un important potentiel d’unités de traitement qui peut être mobilisé à partir des bases de l’INPV.

Il est à signaler que ce dispositif terrestre sera renforcé par trois hélicoptères et un avion pour les besoins de la prospection et du traitement aérien.

L’alerte donnée récemment par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur une menace d’invasion du criquet pèlerin sur l’Algérie ne constitue donc pas une surprise selon le DG de l’INPV et s’inscrit dans l’ordre des choses, puisque les services de l’agriculture s’y préparent depuis déjà six mois.

«La FAO a tendance à prévoir le pire, et nous comprenons cela, mais il faut savoir que de notre côté, nous suivons le phénomène acridien en permanence», a-t-il souligné.

Afin de couper l’herbe sous «les ailes aux criquets», Khaled Moumen a fait savoir que 50.000 litres d’insecticides ont été fournis au Niger et que d’autres quantités seront bientôt mises à la disposition du reste des pays du Sahel concernés par le risque acridien.

Enfin, Rachid Benaïssa a rassuré sur la disponibilité de 6 milliards de dinars qui peuvent être mobilisés à tout moment pour lutter contre une éventuelle invasion des criquets pèlerins.


M. M.