MENACE ACRIDIENNE L'insécurité aux frontières entravera-t-elle la lutte '

La région du Sahel fait face à une nouvelle menace. Des essaims de criquets sont arrivés au Mali en provenance du sud-est de l'Algérie et du sud-ouest de la Libye. L'insécurité qui règne dans la région n'a pas permis la mise en place précoce d'un dispositif de surveillance. L'Algérie est en alerte. La lutte antiacridienne aérienne doit commencer aujourd'hui. La FAO s'inquiète.
Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas d'invasion acridienne dans le territoire algérien pour le moment mais la situation qui prévaut dans les pays voisins inquiète. Au mois de juin dernier, des nuées de criquets en provenance du sud-est de l'Algérie et du sud-ouest de la Libye ont été aperçues au Mali et au Niger. Ils ont pu ainsi migrer en raison de l'absence d'un dispositif de prospection rendu impossible pour cause d'insécurité au niveau des frontières. Au nord du Mali, plus de 30 camions légers et des équipements de lutte antiacridienne ont été récemment pillés. La menace acridienne est prise au sérieux en Algérie. Le dispositif préventif de surveillance contre l'incursion du criquet pèlerin a été réactivé au niveau des wilayas du sud du pays. Des cellules de veille composées de personnes en mesure de fournir des informations fiables ont été mises en place. Elles ont pour mission première de collecter et de retransmettre des informations en temps réel sur toute apparition de criquet dans leurs régions. L'INPV, organisme chargé de lutter contre les criquets pèlerins, fait savoir sur son site internet que «durant ce mois de juin 2012, aucune activité acridienne particulière n'a été signalée au niveau de Tamanrasset et d'Illizi. Cependant, des présences insignifiantes ont été enregistrées au niveau de la frontière algéro-nigérienne par l'équipe opérant dans le secteur d'In-Guezzam». Ce même institut reconnaît n'avoir reçu aucune information concernant l'activité acridienne au Mali. La situation inquiète la FAO au plus haut point. «Les criquets pèlerins, dont la multiplication est favorisée par d'abondantes pluies, représentent un grave danger pour les cultures et pâturages au Mali et au Niger», avertit l'Agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture dans un communiqué. Au Niger, des équipes terrestres de prospection et de lutte antiacridienne ont, depuis début juin, traité 1 200 hectares, par contre, au nord du Mali, les opérations de lutte sont quasi impossibles et la collecte d'informations ne se fait que grâce à un réseau informel. La FAO prend les devants à travers un plan d'action en recourant aux stocks de pesticides des pays voisins. Le Programme alimentaire mondial prête son concours en assurant le transport par voie aérienne de ces stocks vers les pays affectés. Pour l'heure, aucune action coordonnée des pays du Sahel n'a été mise en place. La situation sécuritaire laisse peu de place à la coopération en matière de lutte antiacridienne.