Algérie

«Mémoires posthumes» de Kadhafi Les survivants d'une famille anéantie



«Mémoires posthumes» de Kadhafi                                    Les survivants d'une famille anéantie
Un homme en particulier, ami d'enfance et condisciple de formation à l'académie militaire, fera pendant de nombreuses années figure de chef en second du régime révolutionnaire. Mais avec le passage à l'exercice personnel et autoritaire du pouvoir, le commandant Abdeslam Djalloud sera contraint à l'effacement et à une période d'exil au Caire. Kadhafi a pris le pouvoir avec l'armée, mais l'ayant fait il sait ce qu'il peut en coûter d'asseoir exclusivement son autorité sur elle. En plus des fidèles en qui il avait une grande confiance, à l'image de son beau-frère Senoussi qui tenait le verrou des services de sécurité, Kadhafi attendra que ses enfants aient grandi pour en faire des pièces maîtresses de son dispositif de contrôle et d'emprise sur la Jamahiriya. Dans un partage des rôles judicieux, les garçons seront à la tête de secteurs économiques juteux et d'autres d'unités militaires d'élite. Comme on l'a vu lors de l'insurrection, pour défendre son régime, il n'hésitera pas à recourir à l'utilisation de mercenaires étrangers en qui il avait plus confiance que dans les militaires libyens. Trois de ses enfants n'ont pas survécu à la révolte, ceux qui sont encore en vie, réfugiés à l'étranger, et Seïf-el-islam, détenu à Zenten, sont à présent la mémoire posthume de Mâamar Kadhafi. Ils sont, de fait, les dépositaires de lourds secrets d'Etat qui peuvent mettre en cause bien des personnalités actuellement au pouvoir à Tripoli, mais aussi des dirigeants étrangers qui ont largement profité des subsides que le guide disparu leur remettait généreusement. Que sont devenus aujourd'hui ses descendants rescapés 'Arrêté le 19 novembre 2011 dans le sud de la Libye, Seïf el-islam, âgé de 38 ans, était la devanture moderne et avisée de son père. Inculpé de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale, il risque la peine de mort dans son pays pour la part qu'il a prise dans la répression de l'insurrection. Mohamed Kadhafi, né en 1970, aîné de la famille, présidait l'organisme des Télécommunications et le Comité national olympique. Connu pour sa discrétion et son influence, il était un homme de réseaux. Il s'est réfugié en Algérie le 29 août 2011. Sâadi Kadhafi, troisième fils né en 1973 d'un premier mariage, a pu regagner le Niger le 11 septembre dernier. Avant de diriger une unité d'élite de l'armée libyenne, il avait tenté une carrière de footballeur professionnel en Italie. Réfugié depuis le 11 septembre au Niger, il est recherché par les nouvelles autorités libyennes qui l'accusent de «s'être emparé de biens par la force et l'intimidation quand il dirigeait la Fédération libyenne de football». Hannibal, né en 1978, est un militaire de formation et a défrayé la chronique pour ses frasques en Suisse. Il est lui aussi réfugié en Algérie, en compagnie de sa s'ur, l'avocate Aïcha (34 ans) et sa mère Safia. Mouatassim (né en 1975) et Seïf el-Arab (né en 1980), tous les deux, militaires, sont morts, respectivement le 20 octobre 2011 à Syrte et le 30 octobre 2011. Le premier dirigeait le Conseil de sécurité nationale et le second, plus discret, était un simple officier formé en Allemagne.
A. S.

Une succession de frasques et de défis
l 1er septembre 1969 : Le lieutenant Mâammar Kadhafi, 27 ans, à la tête du groupe des Officiers libres, renverse le roi Idriss Ier. Il s'octroie le grade de colonel et s'impose comme le chef du Conseil de commandement de la révolution, qui dirige désormais le pays.
l Années 1970 : Kadhafi lance un grand programme de réformes pour instaurer un système socialiste ; il nationalise banques et compagnies pétrolières
l 1976 : Kadhafi publie son «Livre vert» qui définit sa philosophie politique, un mélange de socialisme, populisme et nationalisme arabe
l 1977 : proclamation de l' «Etat des masses». La Libye devient la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, et Mâammar Kadhafi le Guide de la Révolution
l 14 avril 1986 : des avions américains bombardent Tripoli et Benghazi en représailles à la mort de deux soldats américains et d'une femme turque dans un attentat visant une discothèque de Berlin-Ouest. Une quarantaine de Libyens sont tués, dont la fille adoptive du colonel Kadhafi
l 21 décembre 1988 : un attentat contre un Boeing 747 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie (Ecosse) fait 270 morts
l 19 septembre 1989 : un attentat contre un DC10 d'UTA au-dessus du Niger fait 170 morts
l 15 avril 1992 : le Conseil de sécurité de l'ONU frappe la Libye d'un embargo sur les ventes d'armes et les transports aériens pour contraindre Kadhafi à livrer les deux suspects libyens dans l'attentat de Lockerbie
l 9 janvier 2004 : la Libye accepte de verser un million de dollars pour chacune des 170 victimes du DC-10
l avril 2004 : première visite de
Kadhafi en Europe depuis 15 ans
l mai 2006 : rétablissement des relations diplomatiques entre la Libye et les Etats-Unis
l 15 février 2011 : une manifestation anti-gouvernementale est violemment réprimée à Benghazi, deuxième ville du pays. C'est le début de l'insurrection contre le régime Kadhafi.
l 17 mars 2011 : la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU se prononce pour l'instauration d'une zone d'exclusion dans le ciel libyen. Le 19, alors que les forces gouvernementales attaquent Benghazi, fief des insurgés, la coalition occidentale passe à l'offensive par des bombardements soutenus.
l 27 juin 2011 : la Cour pénale internationale lance un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre Kadhafi, son fils Seïf al-Islam et le chef des renseignements Abdallah Senoussi.
l 20 août 2011 : la rébellion lance en soirée l'offensive contre Tripoli, où des quartiers se soulèvent. Le lendemain, elle capture deux fils du raïs, Seïf al-Islam et Mohamed.
l 20 octobre 2011 : une attaque aérienne de l'OTAN atteint Kadhafi alors qu'il tente de fuir la ville de Syrte en compagnie de son carré de fidèles. Il est humilié avant d'être sauvagement abattu par ses ennemis. Les nouvelles autorités libyennes, installées par les Occidentaux, sont dominées par le courant islamiste.


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