Algérie

Même pas régionalistes


S'il est un paradoxe qui peut revendiquer une nationalité, c'est bien en Algérie qu'il trouvera l'essentiel de sa certification, un terreau fertile pour sa longue vie. Il fut un temps où le tribalisme et le régionalisme au pouvoir trouvaient leur logique en un minutieux dosage dans la répartition des portefeuilles ministériels, dans celui de la promotion dans les grades, dans la répartition aussi des postes clefs, c'est-à-dire les postes qui permettent de contrôler les actifs et surtout les passifs du pays. Tous les gouvernements successifs, depuis la fin de la « guerre de sept ans », ont connu cet exercice qui combinait une supposée compétence, basée en fait sur la fidélité aux maîtres du moment, et sur l'appartenance au clan le plus fort d'une région du point de vue de la capacité de nuisance, évidemment. La recommandation faisait loi. Pas moins de vingt-quatre gouvernements, remaniements compris, se sont succédé « là-haut » entre 62 et 98. Beaucoup trop de ministres pour justifier une république démocratique et populaire à la fois, et qui se veut indépendante par le seul fait de brandir un drapeau les jours de fête ? Ben Bella a eu deux gouvernements en presque trois ans, Boumediène trois gouvernements en quatorze ans, Chadli onze gouvernements en 13 ans, le HCE trois gouvernements le temps d'un assassinat, Zeroual cinq gouvernements en cinq ans de terrorisme résiduel, Bouteflika quatre Premiers ministres en deux mandats réconciliés avec un troisième, qui dépend cette fois plus de Dieu que des hommes, et un gouvernement ennuyeux et fade qui ne part pas, par amour pour Alger. Jusqu'en 98, le tribalisme et le régionalisme au pouvoir se traduisaient en dotation des régions des chefs en infrastructures de base. C'était visible, admis et le peuple souverain tirait un orgueil inexplicable par la seule Science, des hommes qui le représentaient selon la théorie des dominos convertie en ruse locale qui consistait à sortir les statistiques des morts pour sauver les vivants. Celui qui n'avait personne, n'avait personne ! On appelait cela l'équilibre régional. Ce n'est même plus le cas maintenant et on finira bien par regretter le régionalisme, tout comme nous avons regretté nos maîtresses et nos maîtres d'école. Là-haut, on ne représente même plus la région, à défaut de représenter l'Etat. Autrement, comment expliquer les conversions au christianisme sur la terre de naissance du ministre du culte, dont on fait une affaire de faux honneur, alors que les murs de Tiaret tremblent d'adossement des jeunes ? A quoi auraient servi alors les zaouïates et l'argent qu'elles ont englouti ? Comment expliquer le trafic de drogue sur le territoire de naissance de plusieurs ministres, nés de part et d'autre d'une frontière fermée ? Comment expliquer que le blé manque et que les terres se désertifient à grande vitesse sous le règne des enfants de la steppe qui connaissent bien le mouton pour l'avoir longuement pratiqué ? Comment expliquer que le Rhumel se soit asséché sous le regard du ministre des Ressources en eau, que la culture arabe ne soit pas arrivée jusqu'à Aïn Bessam, que le taux de chômage de M'sirda soit trop élevé pour exprimer une réalité, y compris dans les couloirs du B.I.T. Non franchement, ce gouvernement est ennuyeux et la seule télévision nationale ne suffira pas à le faire aimer par ses émissions baveuses, où l'on s'amuse une fois par semaine à ridiculiser des ministres qui ne représentent même pas leurs régions, en attendant de partir par amour d'Alger. Même pas.
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