Algérie

«Même mort, son nom fait peur» LA MEMOIRE COLLECTIVE NE SE DETACHE PAS D'ABANE RAMDANE



«Même mort, son nom fait peur»                                    LA MEMOIRE COLLECTIVE NE SE DETACHE PAS D'ABANE RAMDANE
«Il a doté la Révolution à travers la plate-forme du Congrès de la Soummam, d'un cadre politique et idéologique de référence»
Il faisait partie de ceux qui, de l'action politique, sont passés à l'action armée pour l'émancipation du peuple algérien.
Evoquer le rôle patriotique d'Abane Ramdane, architecte du Congrès de la Soumam, avant le déclenchement de la Révolution, c'est franchement démythifier la guerre de libération. Une épopée honorablement menée par le peuple mais confisquée et détournée à des fins de pouvoir politique par les dictateurs, qui se sont succédé au pouvoir depuis l'indépendance. Que dire d'Abane Ramdane en tant qu'homme' Que c'était, dès son jeune âge, un militant politique anticlinal, honnête, fermement engagé, responsable et intransigeant, faisant partie de ceux qui de l'action politique sont passés à l'action armée pour l'émancipation du peuple algérien. «Abane Ramdane a eu le grand mérite d'organiser rationnellement notre insurrection en lui donnant l'homogénéité, la coordination et les assises populaires qui lui étaient nécessaires et qui ont assuré la victoire», témoignait Ferhat Abbas, dans son ouvrage «L'indépendance confisquée».
En effet, le personnage Abane, est l'un des plus grands acteurs de l'histoire du mouvement national. Il ne saurait être saisi et compris que s'il est replacé dans son contexte historique. Pourtant, il ne faisait pas partie des «Fils de la Toussaint». Mais, il était plutôt de cette poignée d'hommes, qui las des querelles et de divergences internes qui retardaient l'action armée pour en finir avec la longue nuit coloniale, ont conduit le peuple algérien à arracher son indépendance du joug colonial. Né en 1919 à Azouza en Kabylie, Abane Ramdane ne rejoint les rangs du Front de libération nationale (FLN), organisation alors presque, qu'en mars 1955, soit juste quelques jours après sa libération de prison.
Arrêté en 1950, il est condamné à cinq ans de prison, alors qu'il était l'un des chefs clandestins du mouvement nationaliste à Sétif. Durant son incarcération, Abane en profite pour compléter sa culture politique. C'est dire à l'évidence que la recrue est de choix. Avec son baccalauréat, Abane Ramdane fait en effet figure d'intellectuel et supervise par conséquent la rédaction d'une base doctrinale destinée à compléter et à affiner les objectifs contenus dans la Proclamation du 1er Novembre 1954. Ainsi, il organisa le Congrès de la Soummam, le 20 août 56. Une date demeurera une année-charnière de notre Guerre de Libération nationale. Il s'agit en effet d'un événement-fondateur de la Grande Histoire de notre lutte d'indépendance.
On reconnaît à ce fameux Congrès un lien important avec un homme de convictions du nom de Abane Ramdane. Sa grande passion pour l'insurrection du Premier Novembre lui confère un statut de grand stratège, d'un architecte reconnu sur le plan de l' Organisation politico-militaire.
Ces assises ont imprimé à notre Révolution, un tournant d'une importance capitale par la valeur de la plate-forme qui en est issue: elle a tracé tous les contours inhérents à son organisation militaire tant sur le plan logistique que politique. A travers cette plate-forme, il a été explicité tous les éléments-clés qui identifient le mouvement de libération. Avec l'installation en septembre 1956 de l'Exécutif suprême du FLN dans cette agglomération, Abane Ramdane avait trouvé en Ben M'hidi le compagnon idéal lequel nourrissait des ambitions identiques.
Il fut aussi l'homme qui a inspiré la promotion d' Alger, en Zone Autonome qui se constitua comme fer de lance de la Révolution. Grâce à son intelligence d'organisateur, le FLN-ALN d'Alger a pris un essor fulgurant.
Rédacteur du premier édito «le Combattant», publié dans le premier numéro d'El Moudjahid, il disait, haut et fort:«Pas de négociations sans la reconnaissance préalable par la France de l'indépendance algérienne», alors que de son côté Khider au Caire parlait de l'Assemblée nationale constituante». Violent, impulsif, il ne ménage pas ses critiques aux militaires, dont il dénonce les méthodes expéditives. Il s'en prend particulièrement au colonel Boussouf, chef de la Wilaya 5 (Oranie) dont l'adjoint n'est autre que Houari Boumediène, le futur chef de l'Etat algérien.
Ces derniers se sont d'ailleurs montrés austères à l'égard d'Abane Ramdane, et l'ont qualifié de fractionniste. Sa liquidation physique, témoignait Mohammed Méchati, l'un des membres du Groupe des 22, devenue impérative par ses détracteurs. Ainsi, août 1957, lors de la réunion à Tunis du Conseil national de la révolution algérienne (Cnra), il est mis en minorité. Les militaires soutenus par Ahmed Ben Bella qui se trouvait prisonnier en France, coalisaient contre lui et s'assuraient du pouvoir. Néanmoins, Abane Ramdane n'avait jamais désarmé. Pour lui, il n'y avait que les idéaux de la Révolution qui primaient. Son entêtement lui a valu sa mort par les siens (Algériens), avant que son compagnon soit livré et guillotiné par les autres (Français). Yves Courrière, Journaliste spécialiste de la guerre d'Algérie: 1957, a écrit dans son ouvrage «L'heure des Colonels»: «Abane Ramdane a été attiré au Maroc et exécuté dans des conditions encore mal éclaircies, sur l'ordre du colonel Boussouf et même son ancien allié Krim Belkacem était mis au secret», avant de noter que «même mort, son nom fait peur».


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