Algérie

Même les ânes ne sont pas épargnés



Insécurité - «Nous avons le droit d'être protégés. Et s'il n'y pas suffisamment d'agents de l'ordre, les citoyens auxquels nous rendons un énorme service devraient se mobiliser, car il s'agit, avant tout, de la propreté de leur cadre de vie.»Ils sont là dans les ruelles de La Casbah de 5 heures à midi. Mais c'est d'abord en soirée qu'ils se rassemblent au niveau de l'écurie pour entretenir leurs baudets et arpenter, par la suite, les ruelles étroites, pentues et souvent entrecoupées d'escaliers. Ils, ce sont ces travailleurs qui ramassent les ordures dans les différents coins et recoins de La Casbah.
Ils les chargent à dos d'âne et parcourent de longues distances pour les décharger. Le travail est des plus pénibles, «mais sans cela la cité serait devenue une décharge sauvage à ciel ouvert», reconnaît un natif de La Casbah que nous avons accosté à quelques mètres de la décharge de Bab Djeddid, l'ex-rue Porte-Neuve, sur les hauteurs de ce quartier mythique de la Capitale. Ces «petites» gens qui exercent leur métier avec une grande abnégation et beaucoup de dévouement sont malheureusement mal récompensées pour toute la peine qu'elles endurent, par certains riverains et délinquants qui écument, la nuit tombée, ce quartier. Ils sont souvent insultés, agressés à l'arme blanche et même ciblés par des jets de pierres de la part de bambins du quartier. Comme si leur misère et leurs pénibles conditions de travail ne suffisaient pas à leur malheur pour qu'il faille en rajouter d'autres. C'est, déjà, au niveau de l'ex-rue des Sarazins jouxtant la rue Sidi Ben Ali et Bir Djebbah, à quelques mètres de la mosquée Bourkissa, que nous relevons le premier accroc avec un citoyen qui, à travers la minuscule fenêtre de son domicile, sort la tête pour lancer des remontrances et des quolibets à Mohamed qui tirait une poubelle. La décence ne nous permet pas de reprendre, ici, les insultes adressées à ce travailleur. «Vous avez vu cette personne qui nous qualifie d'ânes qui en guident d'autres. Ce n'est que le début de l'aventure quotidienne. Parfois, ces personnes, mal élevées, nous font des gestes obscènes, sans parler des agressions auxquelles nous faisons face. Des voyous, croyant que nous transportons de grosses sommes d'argent sur nous, nous attaquent pour nous voler. C'est une «baguette de pain amère» que nous gagnons avec ce boulot, mais on n'a pas le choix, nous dit-il, plein d'amertume. Ces agents en ont gros sur le c'ur. Pourtant, ils ne demandent que la sécurité pour accomplir en toute quiétude leur travail. «Les agressions ne ménagent même pas les bêtes !» Selon nos compagnons, «même les baudets sont parfois attaqués par ces voyous lorsqu'on n'a rien à leur remettre». Une sorte de dîme que les éboueurs versent, représentant en quelque sorte un droit de passage. «Quand ce n'est pas ces délinquants qui s'interposent au passage des bêtes, ce sont des meutes de chiens qui font le sale boulot. Des ânes ont été mordus et certains en sont morts», raconte Messaoud.
R. K.


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