Algérie

Même dans la débrouille leurs chances sont réduites



Même dans la débrouille leurs chances sont réduites
A. LemiliUn enseignant universitaire qui fait du business avec dans le coffre de sa voiture, qu'il ouvre, au vu et au su de ses voisins, pour céder à des clients des maillots de sport contrefaits, au nom des grandes stars du football, ou encore un cadre de banque qui consacre sa pause déjeuner, voire un peu plus en rognant sur ses horaires à l'entrée et à la sortie, pour rejoindre en quelques minutes un étal dans une artère de la ville où le commerce informel bat son plein et où, lui personnellement, détient un étal de fruits et légumes géré entretemps par un enfant mineur. À côté de ces cas atypiques, il y a également une bonne partie des retraités qui se remettent à travailler pour cause de cherté de la vie et de la difficulté à boucler les fins de mois. Parmi ces retraités, et ce sont les plus répréhensibles, des cadres qui étaient fort bien payés lorsqu'ils étaient en activité, et qui le restent encore même une fois à la retraite. Il parait donc pour le moins incongru qu'ils reviennent à leur ancien poste au salaire habituel tout en profitant d'une pension consistante. Ce que l'on qualifie vulgairement parlant, et toutes proportions gardées, de «retraite dorée». D'un autre côté, la direction de wilaya de l'emploi se gargarise de ses dernières statistiques pour annoncer que le chômage serait passé de +13% à moins de 10% au titre de l'année 2013, et, enfin, dans tout cela, le coup de gueule d'un directeur de l'Alem d'une importante wilaya de l'est du pays qui, sans ambages, fait l'annonce exclusive, il y a deux ans, à la Tribune des maquillages difficilement imaginables que ses services concoctentmensuellement et consolident annuellement pour les besoins des statistiques de la hiérarchie, en l'occurrence le ministère du Travail.Une information laquelle, est-il besoin d'insister sur les conséquences qui s'en sont suivies, a créé un grand pataquès au niveau du département concerné le jour même où l'information était donnée, mis dans une colère folle Tayeb Louh, le ministre concerné, et conduit certains cadres des autres directions de wilaya à traiter leur confrère de «littéralement fou» parce qu'il aurait sérieusement attenté au sacro-saint devoir ou obligation de réserve auquel il était tenu. En fait, K. B. nous avait seulement fait part de son éc?urement devant letraficotage des chiffres et des informations auxquels ses collaborateurs et lui étaient mis en demeure d'entretenir au risque de....À partir de tous ces exemples comment croire, d'abord, à tous les bobards officiellement distillés par les pouvoirs publics et allègrement repris par les milieux médiatiques sans que n'aie jamais été engagée une véritable enquête sur l'emploi, à l'exception des bilans fournis par l'ONS qui est loin d'être l'instrument de rigueur qu'il veut incarner. À Constantine, il ne seraitnullement exagéré de dire qu'au moins 60% des jeunes ne travaillent pas, et si tant est qu'ils soient occupés, la précarité de leur emploi reste la mesure étalon. N'importe quel de nos concitoyens est en mesure de confirmer tout cela rien qu'en ânonnant les exemples de ses voisins immédiats et leur cohorte de jeunes, diplômés ou non, qui égrènent le temps adossés aux murs des immeubles, sinon s'acquittent de tâches rémunérées très ponctuelles comme décharger un conteneur, vendre des cigarettes, quoique selon un ancien ministre cette fonction, de manière générale, est intégrable dans la politique de l'emploi. Où sont alors puisés ces chiffres très officiels qui mettent le chômage à moins de 10% à Constantine ' La réponse nous a été donnée par le directeur de l'Alem précédemment évoqué. «En fait, cela se passe de la manière suivante : uneentreprise sollicite un établissement donné et à hauteur de n'importe quelle wilaya pour un emploi de chauffeur, selon des conditions bien précises comme l'expérience, l'âge, la situation familiale, etc. L'Alem puise dans son fichiertoutes les candidatures susceptibles de répondre à ces critères et supposons qu'elle en trouve dix. Ces dix candidats parmi lesquels peut figurer le potentiel et futur employé comme il peut ne pas l'être, car en fait la démarche n'obéit parfois qu'à un stratagème visant à justifier un recrutement opéré autrement et surtout ailleurs. C'est-à-dire un ami, un parent ou une personne tout bonnement recommandée par un ou des responsables de l'administration locale, des élus.... Mais quoi qu'il en soit, les dix personnes convoquées sont systématiquement rayées de la liste des demandeurs d'emploi pour aller alimenter celle des placements et donc de la résorption du chômage. Simple et efficace...non ' Bien entendu, cela se fait dans les pays développés également comme la France, dont l'Anpe joue avec ce type de trituration du non-emploi, sauf que ce qui se fait ici relève de la culture institutionnelle. Aucun cadre appartenant à l'Alem n'osera démentir ces procédés, mais aucun non plus ne les dénoncera et pour cause l'omerta imposée par la hiérarchie et ce à partir de très haut.»En fait, tous les organes censés fournir des solutions à l'emploi, et donc même ceux s'inscrivant dans le cadre des autres mécanismes (Ansej, Angem), recourent aux mêmes pratiques sauf que la démarche est spécifique à chacun de ces derniers. Dans l'immédiat, la débrouille aide les milliers de jeunes.A. L.




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