Même avec son argent

Préjudice - L'argument évoqué pour expliquer les retards dans les livraisons est souvent lié à l'absence de quantités suffisantes.
Une attitude qui suscite le courroux des consommateurs qui qualifient ces pratiques de favoritisme injustifié. «Il faut que les autorités interviennent énergiquement pour mettre un terme définitif au diktat imposé par ces commerçants et qui portent préjudice aux citoyens.
C'est trop, il faut les remettre à leur place ! Auparavant, on se plaignait de favoritisme dans les administrations, mais aujourd'hui, même avec son argent on n'y échappe pas», rouspète un groupe de fonctionnaires dans une administration publique à Alger. Nos interlocuteurs affirment avoir déposé des dossiers pour l'achat de véhicules neufs auprès d'un concessionnaire, mais leurs demandes sont en attente depuis plus de six mois.
«C'est aberrant ! Nous avons versé la totalité de la somme exigée, on nous a promis d'avoir nos véhicules en l'espace d'un mois, ce qui s'est avéré un pur mensonge. A chaque fois que nous nous rapprochons d'eux, ils invoquent le fait qu'une grande quantité va arriver dans quelques jours. Ils se jouent de nous, alors que partout où on passe, on voit des centaines de voitures de la même marque», tempêtent-ils. Le constat fait par ces simples fonctionnaires résume une réalité : à savoir que les concessionnaires peuvent répondre à toutes les commandes puisque tous les espaces d'exposition sont pleins de toutes sortes de voitures.
Mais, ils préfèrent s'adonner à des pratiques douteuses poussant le simple client à solliciter le service de la nouvelle classe de «maquignons». Les concessionnaires ont, semble-t-il, bien compris l'engouement des Algériens pour l'acquisition de voitures neuves, ce qui pousse certains responsables à tenter d'engranger davantage de bénéfices en facilitant la tâche aux revendeurs.
Car, il est incompréhensible que certains parviennent à recevoir plusieurs véhicules à la fois et dans un délai très court, alors que les commandes de plusieurs autres Algériens sont en stand-by. «Il suffit de connaître un responsable bien placé pour pouvoir acquérir autant de voitures souhaitées et sans contrainte aucune. Personnellement, je connais un voisin dont le beau-frère travaille pour un concessionnaire qui acquiert une moyenne de cinq voitures par mois.
Il gagne beaucoup d'argent dans la revente et il m'a même proposé de m'aider à régler mon problème en contrepartie de 50 000 dinars», témoigne Amrane, comptable dans une entreprise hôtelière à Alger. Ces pratiques sournoises ont augmenté avec les rappels des salaires perçus par plusieurs catégories professionnelles, notamment les médecins, les policiers et les enseignants, à la suite des augmentations ces derniers mois. Face à une demande de plus en plus importante, des responsables, censés veiller à assurer le meilleur service aux consommateurs, versent dans la corruption et le favoritisme.