Algérie

Mekioussa Chékir, décroche le prix de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh Journaliste de La Tribune, elle a été honorée pour un dossier sur la tolérance religieuse



Mekioussa Chékir, décroche le prix de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh                                    Journaliste de La Tribune, elle a été honorée pour un dossier sur la tolérance religieuse
La récente nomination de notre cons'ur Mekioussa Chékir au Prix du journalisme méditerranéen de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh, était en soi une belle distinction et un honneur pour La Tribune, son journal, le nôtre. Ce qui était déjà une grande promesse est désormais une jolie gratification : la fille de Bab El Oued a été récompensée, jeudi soir, dans la catégorie presse écrite, pour «La tolérance à l'épreuve de l'unanimisme religieux» en Algérie, une enquête publiée le 28 juin 2011. Le jury, présidé cette année par l'éminent philosophe français Edgard Morin, a décidé d'accorder le même prix à la journaliste britannique Rachel Shabi, pour son reportage «We were looking for a nice peaceful place near Jerusalem», paru dans The Guardian. Le talent journalistique, l'esprit d'ouverture et le courage intellectuel sont ainsi honorés à travers la journaliste et sa tribune d'expression.
Le Jury, composé notamment d'Adam Michnik, historien, journaliste, essayiste, opposant irréductible à la dictature communiste polonaise et médiateur des libertés de l'Union Européenne, a récompensé aussi deux bloggueurs arabes, en l'occurrence la militante féministe de Ghaza, Asma El-Ghoul, et l'Egyptien Mohamed El-Dashan. Ces deux web-démocrates ont reçu le prix spécial «Démocratie et citoyenneté». La bloggueuse palestinienne a été gratifiée pour l'ensemble de son 'uvre alors que le bloggueur égyptien a été distingué pour sa participation active au «printemps arabe» en Egypte. La distinction de Mekioussa Chékir, intervient à égal égard avec une cons'ur britannique du grand journal qu'est The Guardian, quotidien à fort audience et de grande notoriété. L'honneur qui lui est fait est d'autant plus appréciable que la journaliste de La Tribune a été élue parmi un vaste échantillon de 222 concurrents issus de 43 pays euro-méditerranéens. L'engouement pour le prix 2011 a connu une augmentation de 42% de candidatures par rapport à l'édition précédente. 59% des postulants proviennent de la rive Sud de la Méditerranée, avec
une majeure participation de l'Egypte, de la Tunisie et de la Palestine. Le «Printemps démocratique arabe» y est sans doute pour quelque chose. Mekioussa Chékir a donc été récompensée pour l'intérêt qu'elle a porté aux Chrétiens et au dialogue interconfessionnel en Algérie. Dans ses reportages 'cuméniques et profondément humanistes, la journaliste a revisité le monastère et le drame des moines trappistes de Tibihirine, au c'ur de l'Atlas blidéen. Elle a plongé aussi dans les profondeurs intimes de la foi chrétienne dans un pays d'orthodoxie sunnite et d'unanimisme malékite. Avec une certaine retenue et une distance professionnelle adéquate, notre cons'ur a recueilli de poignants points de vue de compatriotes ayant embrassé, de bonne foi, le protestantisme. Elle a noté aussi les idées d'autres compatriotes qui ne comprennent pas que des musulmans, à fortiori des Algériens, puissent quitter la religion du Sceau des Prophètes pour une foi autre que l'Islam. Ces positions contraires expriment bien le titre de ses reportages «La tolérance à l'épreuve de l'unanimisme religieux». Le Prix du journalisme méditerranéen de la Fondation Anna Lindh récompense les travaux journalistiques d'exception qui contribuent à une meilleure compréhension de la diversité des cultures et des religions dans l'espace euro-méditerranéen. Il a été crée en 2006 et a connu depuis cinq éditions. Il est perçu désormais comme la compétition de référence dans l'aire euro-méditerranéenne qui regroupe 43 pays, y compris les Territoires palestiniens. Il l'est pour tout ce qui touche à l'expression médiatique plurielle des cultures et des civilisations dans l'ensemble euro-méditerranéen. Cette distinction a été créée par la Fondation Anna Lindh, du nom de la ministre des Affaires étrangères suédoise assassinée par un déséquilibré mental en 2003. Ce prix est organisé avec la collaboration de l'Union Européenne, l'Alliance des civilisations de l'ONU, la COPEAM, la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen, et la Fondation Monaco-Méditerranée du Prince Albert. Les récipiendaires reçoivent un pécule et seront surtout impliqués durant toute l'année 2012 dans des activités de la Fondation Anna Lindh à travers la région. Les organisations partenaires leur offriront la possibilité de bénéficier d'une visibilité à l'échelle internationale en présentant leurs travaux à l'occasion de conférences et autres événements qui se dérouleront dans le même espace. La Fondation Anna Lindh, ressource pour la société civile, est un observatoire pour la coexistence dans la région euro-méditerranéenne. C'est une institution unique, émanant des gouvernements du Partenariat Euro-méditerranéen issu du Processus de Barcelone de 1995. Elle contribue à la création d'un espace de prospérité et de paix, par la restauration de la confiance à travers le dialogue, la valorisation et la promotion de la diversité, la tolérance et le respect mutuel entre les peuples. En six ans d'existence, la Fondation a mis en place un réseau d'envergure de plus de 2 500 organisations et associations de la société civile et a lancé des actions de petite et grande portée dans les domaines ayant un impact sur les perceptions mutuelles entre les populations et les différentes croyances et cultures dans le monde euro-méditerranéen. La valorisation de notre cons'ur Mekioussa Chékir est, n'ayons pas peur des mots, une distinction pour la presse algérienne tout entière, quand celle-ci quitte les sentiers battus du conformisme et abandonne, même momentanément, son anesthésiant fonds de routine. Elle est ainsi distinguée quand, dans la proximité des événements et des gens, elle fait preuve d'audace professionnelle, de courage intellectuel et de respect humain. Il n'y a pas de hasard, de même qu'il n'y a pas d'autre chemin éditorial à suivre.
N. K.
Liste des lauréats du Prix du journalisme méditerranéen Anna Lindh
Catégorie Presse Ecrite :
-2006/2007. Annalisa Monfreda, Italie. Âge :
28 ans. Magazine Géo Italie. Distinguée pour un reportage sur les Arberëshs, petite communauté d'Albanais, installés en Italie au 15e siècle.
-2007/2008. Gidéo Levy, Israël. Âge : 55 ans. Article gagnant, un reportage paru dans le grand quotidien Haaretz sur les enfants palestiniens tués par l'occupation israélienne durant les sept dernières années.
-2008/2009. Ethar El-Katatney, Egypte. Honorée pour l'article «Crise d'identité» publié en 2008 dans le magazine Egypt Today.
-2009/2010. Sarfraz Manzoor, Grande Bretagne. Article prîmé, «My Month of being Jew», publié le 8 avril 2010 dans The Guardian.
-2010/2011. Mekioussa Chékir, Algérie. Distinguée pour ses reportages sur les Chrétiens algériens et le dialogue interconfessionnel, sous le titre «La tolérance à l'épreuve de l'unanimisme religieux». A égalité avec Rachel Shabi, Grande Bretagne, récompensée pour son reportage
«We were looking for a nice, peaceful place near Jerusalem», publié dans The Guardian.
Mekioussa Chékir
Diplômée de l'Ecole de Sciences politiques d'Alger, elle est née le 12 mai à Alger, précisément dans le quartier de Bab El Oued, qui est l'ADN populaire de la capitale. Elle a débuté dans le journalisme après le soulèvement populaire d'octobre 1988. Elle a alors fait ses premières classes dans l'historique Alger-Républicain, journal progressiste proche alors du PAGS, avatar socialiste du PCA, le Parti Communiste Algérien. Elle fera en suite un bref séjour au journal Liberté avant de rejoindre, une première fois, La Tribune. Elle ira après au quotidien Le Matin, aujourd'hui disparu, crée par notre confrère Mohamed Benchicou, et qui fut une des meilleures offres éditoriales des années 1990. Après un crochet par la rédaction du Jeune Indépendant, elle revient à la rédaction de La Tribune où elle travaille à la rubrique Politique depuis 2005. Jeudi 6 octobre, à la Salle Belle Epoque de l'hôtel Hermitage, un palace monégasque, émue aux larmes, la lauréate du prix du journalisme méditerranéen Anna Lindh, a considéré que sa distinction est «un tournant» dans sa carrière. Mékioussa Chékir a surtout dédié son prix à ses défunts parents, notamment «à (sa) mère qui lui a appris le français et cultivé (chez elle) le goût de la langue de Molière». Fidèle à l'esprit de ses reportages, primés par la fondation euro-méditerranéenne, elle a «espéré» que son pays, l'Algérie, «devienne un jour une terre de tolérance qui accepte toutes les différences».


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