Algérie

Mekhloufi et l'équipe du FLN ont «fait avancer la Révolution de dix ans»



Mekhloufi et l'équipe du FLN ont «fait avancer la Révolution de dix ans»
En 1958, à la veille de la Coupe du monde en Suède, douze footballeurs de Première Division quittent clandestinement la France et rejoignent les rangs du FLN. «Nous sommes en pleine Guerre d'Algérie et leur but est de créer la première équipe nationale algérienne de football et d'en faire l'ambassadrice de l'indépendance à travers le monde». Résumé du bouquin «Maillot pour l'Algérie», la suite : Parcourant le monde souvent clandestinement, cette équipe de champions, devant parfois accomplir plusieurs milliers de kilomètres en minibus à travers le désert pour jouer un match, sans remplaçants, va accomplir exploit sur exploit au fil de plus de 80 matches. Ils s'appellent Zitouni, Arribi, Kermali, Mekhloufi… et ils sont devenus des légendes du sport.
Dans une interview accordée à «Poteaux carrés», Makhloufi répondait à cette question : Avez-vous réussi à quitter le territoire français facilement ? Pouvez-vous nous donner des détails sur le périple qui vous a conduit à Tunis, où était installé le gouvernement provisoire de la République algérienne ? Une belle histoire d'héroïsme est écrite, le football national partie intégrante de la libération du pays
«On n'a pas eu de problème pour quitter le territoire français. Il y a cinq gars qui ont transité par l'Italie : quatre Monégasques (Zitouni, Boubekeur, Bentifour et Bekhloufi) et un angevin (Rouaï). Arribi, Kermali, les deux Toulousains (Bouchouk et Brahimi) et moi, on partait de la Suisse», racontait Rachid Mekhloufi.
Une stratégie semblable à celle d'un footballeur est mise en pratique. Elle était super bien planifiée, fait que « au moment le premier groupe est passé, lundi la radio annonçait la nouvelle. Mais nous, on était encore en France ! On a accompli nos formalités douanières suisse. Le douanier n'était pas au courant. On lui a dit qu'on allait en Suisse pour des raisons professionnelles. S'il avait écouté la radio, peut-être qu'on aurait été bloqués !» 91 matches ont été disputés dans quatorze pays
Ce fut une opération secrète, il avoue n'avoir informé personne, agir en secret «n'ai même pas prévenu Jean Snella. Il ne m'a pas fait de reproches. Il m'a dit après coup qu'il avait compris les raisons de mon silence». 1958 à 1962, 91 matches ont été disputés dans quatorze pays avec l'équipe indépendantiste du FLN.
Invité à faire part des étapes les plus marquantes, il citera leur séjour en Roumanie, à Bucarest, là ou un seul match était au programme joué devant 80 000 personnes, «c'était merveilleux ! Un véritable festival de football. On a gagné 1-0» ce n'était pas le seul match, un deuxième match qui a aussi marque le groupe a eu lieu à Belgrade, contre l'équipe nationale yougoslave». «La FIFA avait interdit aux fédérations nationales de nous rencontrer»
«FIFA avait interdit aux fédérations nationales de nous rencontrer, mais l'équipe yougoslave qu'on a affrontée était bien composée de joueurs évoluant en sélection nationale. On a gagné 6-1 et je crois que cette victoire a marqué les esprits'il y avait un avant-match avec une équipe brésilienne», devait-il compléter.  »Nous, on a joué, le public commençait à sortir après le match des Brésiliens…Mais nous on commence notre match à cent à l'heure : «en dix minutes, on marque deux ou trois buts. Les gens sont revenus et ils sont restés jusqu'au bout. C'était un match de très haut niveau contre une bonne équipe». Estimez-vous que l'équipe
de football du FLN a joué un rôle important dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie ?
«Je crois qu'il faut avoir à l'esprit les paroles de Ferhat Abbas, le premier président du Premier Gouvernement Provisoire de la République Algérienne. Ils nous a dit : « vous avez fait avancer la Révolution de dix ans ». L'impact de cette équipe vis-à-vis du peuple français a été très fort.
Les gens se sont interrogés sur les raisons de notre départ. Le peuple français a pris conscience lors de notre départ qu'il y avait une guerre d'Algérie, une guerre de libération.
Quand on partait dans les pays de l'Est ou les pays arabes, les politiques étaient au courant de cette guerre mais pas les populations. Notre rôle était d'informer les populations des pays qu'on visitait. Attention, on ne faisait pas que jouer au football !
On allait visiter les usines, on discutait avec les populations, on expliquait ce qui se passait en Algérie, etc. On était le bras de la Révolution à travers le football. Synthèse de H. Hichem


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