Algérie

Mehri, Lamari, Ben bella et Chadli Ils nous ont quittés en 2012



L'année 2012 a connu la disparition de quatre personnalités de premier rang qui avaient marqué leur époque et qui avaient une qualité en commun : elles ont, toutes les quatre, occupé de hautes responsabilités durant les périodes les plus difficiles.
À peine l'année 2012 entamée que le pays enregistre la perte, le 30 janvier, d'un monument de la politique contemporaine : Abdelhamid Mehri. Cet ancien membre de l'Ugema et ministre au sein du GPRA a surtout été le patron du FLN à une époque charnière de l'histoire du pays. Succédant à Mohamed Chérif Messaadia, au lendemain des événements d'octobre 1988, Abdelhamid Mehri devait placer l'ex-parti unique dans l'orbite du pluralisme politique naissant. Le patron du FLN réussira à sauver le parti du naufrage post-octobre, malgré les fortes résistances au sein du parti de la part des nostalgiques du parti-Etat et malgré le raz-de-marée islamiste. Abdelhamid Mehri réussira l'exploit de faire passer le parti dans l'opposition, en pleine ascension de l'ex-FIS. Il ira prendre part aux rencontres de Sant'Egidio, alors que le pays était en pleine tourmente. Ses adversaires, au sein du parti et au sommet de l'Etat, ne lui pardonneront jamais cette position. Ils attendront le temps qu'il faut pour lui concocter 'un coup d'Etat scientifique" afin de remettre le parti sur les rails du pouvoir.
Depuis, Abdelhamid Mehri abandonnera l'activité politique, se contentant de quelques conférences, des prises de position concernant les questions fondamentales qui touchent le devenir du pays. Le 13 février de la même année, c'est l'ancien homme fort de l'armée algérienne, le général de corps d'armée Mohamed Lamari, qui s'est éteint.
Cet ancien chef d'état-major durant les années les plus difficiles de la lutte antiterroriste fera les frais de l'ire du président Bouteflika, qui ne supportait pas qu'on lui fasse de l'ombre. Le chef d'état-major est réputé pour être un fervent défenseur du tout sécuritaire au moment où le chef de l'Etat allait promouvoir sa concorde civile en réconciliation nationale. Mohamed Lamari va jusqu'à convoquer la presse pour une mémorable conférence où il exhibera sa fiche de paie. En 2004, alors que le président Bouteflika briguait un second mandat, Mohamed Lamari est soupçonné d'être contre la reconduction de Bouteflika, et on murmurait qu'il serait derrière la candidature à la magistrature suprême de Ali Benflis, l'ancien Chef du gouvernement.
Le chef d'état-major sera 'mis à la retraite" au lendemain de la réélection du président Bouteflika. Depuis, il s'est éclipsé de la vie politique. Le 11 avril, et après plusieurs rumeurs à son sujet, le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, meurt. Ahmed Ben Bella était l'un des neuf chefs historiques du FLN.
Il avait réussi le coup de force avec l'état-major de l'armée, et se fait élire président en 1963. Mais il sera vite débarqué par son ministre de la Défense, Houari Boumediene, en 1965. À sa sortie de prison, il s'exilera en Suisse où il fondera le MDA, un mouvement qui regroupera quelques fidèles, sans jamais vraiment peser sur le cours de l'histoire. De retour au pays en 1990, il se tiendra à l'écart de la vie politique.
Ironie de l'histoire, c'est au lendemain de l'anniversaire du 5-Octobre, et au moment où ses mémoires étaient à l'imprimerie, que l'ancien président Chadli Bendjedid rendra l'âme. Celui qui avait la difficile tâche de succéder au tout-puissant Boumediene et qui avait été préféré au duo Bouteflika-Yahiaoui, avait du mal à imposer son style de gouvernance.
Durant son règne, l'Algérie a connu la crise économique, la pire de son histoire contemporaine. Le pays a connu aussi le plan anti-pénurie, la suppression de l'autorisation de sortie, de timides ouvertures médiatiques, culturelles, mais surtout des révoltes populaires en Kabylie, à Constantine, à Sétif, à La Casbah, puis le 'big bang" en octobre 88. Chadli change la Constitution, ouvre le champ politique et déroule le tapis rouge à l'ex-FIS. Cette ouverture débridée le contraindra à la démission, en pleine tourmente, en 1992.
Depuis, l'ex-président s'est astreint à une obligation de réserve qu'il rompra durant ses dernières années de vie pour évoquer certains pans de l'histoire, notamment, le procès du colonel Chaâbani. Dans ses mémoires post-mortem, il tentera de défendre son bilan à la tête de l'Etat et corriger l'image caricaturale qu'on lui a collée.
A B


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