Après Petites notes de voyage à usage vagabond, Terres Kanak, Exils, Exodes, Errances, Temps d'exil est le quatrième recueil de poésie du cinéaste, documentariste et écrivain, Mehdi Lallaoui. Ce fils d'exilés aborde souvent dans son travail de création la condition humaine et se penche largement sur la question de l'émigration et de l'exil à laquelle il voue un grand intérêt. Rencontré avant-hier à la librairie du Tiers-monde à Alger pour la vente-dédicace de Temps d'Exil, sorti récemment aux éditions Casbah, Mehdi Lallaoui a accepté de nous en parler.Commençons très pratique, parlez-nous de votre livre 'C'est mon quatrième recueil de poésies. Il comporte plus d'une quarantaine de nouvelles qui parlent d'exil, d'altérité, de l'autre, d'avidité, du combat à faire, de l'espoir à avoir pour ne pas se laisser écraser par les événements. Ce recueil est aussi le prolongement du livre Exils, Exodes, Errances, paru il y a cinq ans. En tant qu'enfant d'exilés, je parle de ce que j'ai vécu. Par ailleurs, c'est la première fois que je suis édité en Algérie. C'est la maison d'édition Casbah Editions qui m'a contacté récemment pour éditer mon livre en Algérie. Il est paru récemment, il sent encore l'imprimerie !Pourquoi avoir choisi de parler d'émigration et d'exil à travers des poèmes et des nouvelles 'Quant vous regardez la télévision ou internet, l'exil rime avec malheur. C'est 40 personnes qui se sont noyées, 120 autres sauvées? c'est des personnes, des chiffres qui traversent la Méditerranée? encore une fois en tant qu'enfant d'exilés, ma volonté est de témoigner et de mettre des visages, des noms et des sentiments sur des ombres (nos ombres). En ces temps perturbés qui rappellent sans cesse que ceux dont nous parlons et que certains voudraient réduire à des statistiques, sont avant tout des êtres humains. Ce sont des enfants, des femmes, des hommes qui viennent de partout pour sauver leurs vies. Ils ont aussi des espoirs, des métiers? J'ai voulu mettre de la chair sur ces chiffres, pas donner une simple information journalistique. J'ai voulu incarner ces personnes à travers la poésie. Dès lors que les frontières se ferment et que de plus en plus de murs s'érigent, la poésie est un acte de résistance qui permet d'ouvrir les c?urs. Questions brûlantes d'actualité, l'émigration et l'exil ont donc leur côté positif que vous ressortez dans ce recueil ' Non. La vie ce n'est pas que tu positives ou tu négatives. La vie c'est un tout. L'exil est rarement consenti. C'est fuir les persécutions, les guerres, la misère? Les gens qui acceptent de prendre le risque de mourir en Méditerranée ou dans l'Atlantique, ce n'est pas pour aller faire du shopping à Paris ou ailleurs, mais pour sauver leurs vies.Essayer de donner de l'espoir à leur progéniture. Quand nos parents ont pris le chemin de l'exil vers la France, c'était pour travailler et vivre ou survivre. Ils n'avaient plus rien en Algérie, être colonisé à tous les niveaux n'était plus supportable.Voue êtes président de l'association «Au nom de la mémoire», vous avez écrit avec Daniel Assouline Un siècle d'émigration en 3 volumes et fait une série du même titre? Ce thème revient dans presque tous vos écrits et productions. Pourquoi et d'où vous vient ce grand intérêt 'Je vais vous dire quelque chose que je n'ai dit à personne. Si mes parents ont été des gens du théâtre, je pense que j'aurais parlé théâtre.S'ils avaient été pêcheurs, je parlerais aujourd'hui de poissons, d'îles, de bateaux? Ce qui nous lie avec les histoires qu'on raconte, c'est ce fil invisible avec nos parents et nos proches.Cependant, je tiens a préciser que je ne parle pas d'exil avec le poids d'un sac de charbon. En effet, on peut parler d'exil avec une poésie profonde. Regardez tous les grands écrivains et chanteurs français, à l'instar de Charles Aznavour, Claude François, Sheila? ils viennent d'Arménie, d'Italie ou d'Espagne. Eux aussi sont des enfants d'exilés et ils sont Français.Des projets en vue 'Oui, j'ai un projet sur Germaine Tillion, une passion algérienne. Cette femme était exceptionnelle. Elle est décédé à l'âge de 102 ans. Elle a été honorée et enterrée au Panthéon en mai dernier. On parle beaucoup de Germaine, la résistante, Germaine, la déportée, mais on n'oublie Germaine Tillion et sa grande passion pour l'Algérie. Elle a laissé tous ses livres à la Bibliothèque d'Alger. Toute petite, elle a toujours eu une réelle passion pour Alger et l'Algérie. J'écris un projet de film sous le titre «Germaine Tillion, une passion algérienne», mais il a été refusé pour le moment. Entretien réalisé par
Posté Le : 20/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sara Boualem
Source : www.letempsdz.com