Algérie

Medvedev, gros outsider même sans le bruit et la fureur



Deux premiers tours passés en trombe, un physique et un jeu au point : le Russe Daniil Medvedev, finaliste tempétueux mais magnifique, l'an passé, contre Rafael Nadal, apparaît, sans faire de bruit cette fois, comme l'un des principaux rivaux de Novak Djokovic à l'US Open.En l'absence de Nadal, qui a préféré rester en Europe en raison de la pandémie, et de Roger Federer, opéré d'un genou, le 5e mondial fait partie, notamment avec l'Autrichien Dominic Thiem (3e), des rares joueurs qui peuvent contrarier le Serbe dans sa quête d'un 18e titre du Grand Chelem. Ce nouveau statut, hérité de son classement, mais évidemment aussi de son formidable parcours de l'an passé, ne le perturbe pas. «Avant, si je perdais au premier ou au deuxième tour d'un Grand Chelem, personne n'y faisait attention, soyons honnêtes. Là, ça change un peu, mais je n'y pense pas», a-t-il assuré jeudi après sa victoire contre l'Australien Christopher O'Connell. 48 heures plus tôt, il avait été tout aussi expéditif pour écarter l'Argentin Federico Delbonis, confiant après coup «prendre les choses toujours de la même façon». «Je ne regarde pas la finale, je me prépare seulement pour le prochain adversaire. Surtout cette année... C'est difficile de savoir où on en est après six mois sans tennis.» Son prochain adversaire sera le jeune Américain JJ Wolf, aujourd'hui pour une place en 8es.
Eté 2019 bouillant
Sa rentrée s'est effectuée la semaine passée, au Masters 1000 de Cincinnati, dont il était le tenant du titre. Il a été éliminé en quarts par l'Espagnol Roberto Bautista Agut. «J'ai perdu après un bon combat. Mais mon tennis était là, et cela m'a donné une certaine confiance avant l'US Open», a-t-il dit. L'an dernier, après un été américain bouillant (également finaliste à Washington et au Masters 1000 de Montréal), c'était le bruit et la fureur qui avaient accompagné son épopée à Flushing Meadows. Le public new-yorkais, à qui il en faut peu pour faire monter les décibels, a d'abord découvert ce jeune homme longiligne (1,98 m), qui pourtant en était à sa troisième participation, dans sa version mauvais garçon. Lors du 3e tour contre l'Espagnol Feliciano Lopez, il avait récolté huées et sifflets pour son comportement colérique envers un ramasseur de balles. Medvedev, qui ne voulait pas de la serviette tendue par le garçon, la lui a arrachée des mains et jetée au visage. Au temps du Covid-19, ce genre d'incident - qui pourrait difficilement se produire, seuls les joueurs touchant leurs serviettes -, vaudrait probablement une exclusion du tournoi. L'an dernier, l'arbitre lui avait donné un avertissement et Medvedev avait alors lancé sa raquette vers sa chaise, avant de ponctuer sa séquence d'un geste obscène, vu par les spectateurs sur grand écran. Après coup, il avait assuré que les sifflets lui avaient donné l'énergie de gagner et de payer 9 000 dollars d'amende.
Testé quotidiennement
Quatre matchs plus tard, il a finalement réussi à se mettre le public dans la poche. Grâce à son tennis et à sa combativité, au bout de presque cinq heures d'un combat d'anthologie. «J'ai fait des erreurs. Mais je suis ainsi. Et, en me battant, en jouant bien, en me montrant drôle peut-être aussi, en restant moi-même, les gens ont fini par m'applaudir», a-t-il récemment dit, se remémorant «un match incroyable, face à Rafa au top de sa forme». Cette fois, dans sa quête d'un premier titre majeur, il n'aura ni Nadal à devoir battre ni de public à irriter ou à combler, le tournoi se déroulant à huis clos dans la bulle si fragile de Flushing Meadows, ce qui lui vaut d'être testé quotidiennement au coronavirus, pour avoir été en contact avec Benoît Paire, exclu après son test positif. Si Medvedev ne pourra se nourrir de l'énergie de la foule pour se surpasser, le silence assourdissant n'est rien, comparé à l'éventuel obstacle que constituerait Djokovic, lequel regarde toujours vers la finale. «Avec lui, c'est comme jouer au chat et à la souris. Il faut essayer de varier les longueurs, pas seulement faire des rallyes gauche-droite, car il adore le rythme», a déjà analysé le n°1 mondial qui reste sur deux défaites lors de leurs trois dernières confrontations.


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