Algérie

Méditerranée : le triomphe de Sarkozy



Le président français Nicolas Sarkozy a des raisons de bomber le torse. Et d'afficher sa satisfaction par-delà la Mare Nostrum, jusque vers Washington.

Son rêve d'une Union des pays de la Méditerranée, à quelques détails près, s'est réalisé dimanche, même si les Allemands ne se sont pas empêchés de grincer des dents. Une utopie devenue réalité qui a rassemblé dans la capitale française les principaux acteurs de la paix ou de la guerre au Proche-Orient. Et là, le tout jeune Président français - beaucoup lui pardonneront dans le feu de l'action son narcissisme outrancier - a réussi un coup de maître: faire asseoir à la même table les principaux dirigeants d'une des régions les plus explosives de la planète.

Et fatalement, avec la présence de Bachar al-Assad, Olmert, Moubarak et Mahmoud Abbas, la naissance de l'Union pour la Méditerranée a été estompée par le poids de l'ultime enjeu au Proche-Orient: la paix. Car c'est en fait ce thème, la paix, qui aura ravi la vedette aux autres préoccupations du lancement officiel d'une UPM quelque peu débridée de par certains de ses aspects.

Le Président français a ainsi fait d'une pierre deux coups: lancer son projet sans craindre le courroux des pays membres de l'UE et faire un pied de nez aux Américains en leur prenant le rôle de «pacificateur» au Proche-Orient. Les Syriens qui reprennent langue avec les Libanais et décident de rétablir leurs relations diplomatiques, Ehud Olmert qui parle de paix avec les Palestiniens, avec comme capitale commune Al-Qods (Jérusalem), et une foultitude de petits accords bilatéraux qui ont fait, à une grande échelle, que beaucoup de processus politiques qui étaient à l'arrêt ou grippés ont été soudain remis sur les rails au détour de cette grande rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement des pays de la rive sud de la Méditerranée et leurs homologues de l'UE.

Rien que pour cela, Sarkozy aura gagné une bataille, celle de rassembler au sein d'une UPM, dont les grands contours restent encore à définir et les rôles à clarifier, les ennemis d'hier et d'aujourd'hui qui, unanimes, ont convenu que rien ne vaut le dialogue pour régler les problèmes d'une région, le Proche-Orient, à déghettoïser au plus vite. D'autant que, au Sud, il y a également la problématique de la résolution du conflit au Sahara Occidental, un des passages obligés vers une si difficile paix dans la région euroméditerranéenne.

Sarkozy en est conscient, et les arbitrages à faire ne sont pas si compliqués, pour peu que les futurs chantiers politiques de cette UPM prennent en compte la nécessité de faire de l'Algérie et du Maroc la locomotive du développement dans les pays de la rive sud, avec comme toile de fond la tenue d'un référendum d'autodétermination pour définir démocratiquement, et selon les résolutions onusiennes, l'avenir politique du Sahara Occidental. Pour cela, l'UPM doit être incisive, courageuse dans ses positions, d'autant que le futur détenteur du poste de secrétaire général devrait échoir à un Marocain aux positions politiques objectives.

Les grandes questions (politiques) plus ou moins réglées avec l'acte de naissance de cette UPM, restent maintenant les questions d'intendance, notamment la confirmation de Hassan Abouyoub, ancien diplomate marocain et conseiller du Roi, au poste de SG de l'Union. Quant à son siège, ce serait Malte qui devrait l'abriter, même si l'insistance de l'Espagne a gêné les Français qui ont reporté à l'automne la désignation du pays qui va abriter le siège de l'UPM.

Sarkozy a-t-il gagné le droit d'être au sommet d'une vaste région géopolitiquement la plus puissante de la planète ? Oui, si l'on considère qu'il aura, en définitive, su faire taire toutes les appréhensions et les grincements de dents. A l'est de l'Europe, au nord et au sud de la Méditerranée. Quant au revers de la médaille de cette UPM, il reste pour le moment caché dans les yeux malicieux de Sarkozy.





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