La mise en Å“uvre
de la circulaire relative à la distribution des médicaments aux officines par
les fabricants a été différée à 2012.
L'annonce a été
faite, hier, par le ministre de la Santé au cours de sa rencontre avec les producteurs
des médicaments. «C'est en consultation avec le Premier ministre que j'ai
décidé de différer l'entrée en vigueur de la circulaire qu'il a signée en mai
dernier relative à la distribution des médicaments aux officines par les
fabricants », a déclaré hier Djamel Ould Abbas à la presse. La raison de ce
report est que, selon le ministre, «les fabricants ne se sont pas mutualisés».
Il annonce ainsi la mise en place durant l'année 2011 d'un système « pour
mutualiser tous les effets de cette distribution ». Parce qu'estime-t-il «la
distribution est un métier, ce n'est pas n'importe quoi ». Il existe sur le
terrain 560 distributeurs. « C'est déjà beaucoup », dit-il en affirmant
l'existence de 8.000 officines. Il rappelle que le décret portant création
d'une agence nationale du médicament est au niveau du secrétariat général du
gouvernement (SGG).
La réunion tenue hier au siège du ministère
de la Santé a été présentée par Ould Abbas comme étant une parmi « un cycle de
tant d'autres inscrites dans le cadre de la mise en Å“uvre d'une politique du
médicament pour laquelle je privilégie la consultation, la transparence et
l'écoute ». Si le médicament exige tout cet intérêt, c'est parce que, dit-il, «
c'est un produit stratégique, qui relève même de la souveraineté nationale ».
Ould Abbas énonce trois objectifs à atteindre dans ce cadre. « D'abord, il
s'agit de mettre le malade à l'abri des pénuries en luttant contre. La
transparence nous a fait toucher du doigt pas mal de dysfonctionnements »,
explique-t-il. Le deuxième objectif visé par la tutelle est «la promotion de
l'industrie nationale du médicament». « C'est pour cela que vous êtes là, vous
êtes le premier maillon d'une chaîne qui a connu des hauts et des bas »,
dira-t-il à l'adresse des producteurs. Il leur promet «tout le soutien de
l'Etat dans votre démarche afin de diminuer progressivement la dépendance du
pays de l'étranger. On n'aura pas une indépendance totale parce que ça n'existe
pas dans le monde mais elle sera nettement diminuée.» Troisième et dernier
objectif du ministre est « d'atteindre à l'horizon 2014-2015, 70% de couverture
du marché par la production nationale (aujourd'hui nous sommes à 35-36%) ».
Ould Abbas est convaincu que «c'est faisable après les études élaborées par le
ministère, l'écoute des producteurs et notre décision d'impliquer tous les
producteurs nationaux y compris ceux qui sont en partenariat avec des
étrangers».
«On ne reviendra pas
sur l'interdiction»
Le ministre
souligne que l'interdiction d'importation des médicaments produits localement
prise en 2009 ne sera pas remise en cause. « On ne reviendra pas là-dessus ! »,
affirme-t-il. Il explique qu'«il ne s'agit pas d'interdire des produits sans en
couvrir les besoins locaux, les producteurs se sont engagés à le faire ». Ce
sont 444 médicaments qui sont interdits à l'importation depuis qu'un certain
nombre l'a été dernièrement calculé aux 359 autres qui l'ont été en 2008. Il
dresse le tableau de cette interdiction: « Nous avons trois listes, il existe
un produit qui est fabriqué par au moins trois fabricants, autorisation est
donnée pour l'importation d'un tiers de la demande ; 98 médicaments sont
fabriqués par au moins deux producteurs qui n'arrivent pas à couvrir le marché
local, il y aura alors les deux tiers qui seront fabriqués ici et on donnera le
feu vert pour l'importation d'un tiers ; dans une 3ème liste, nous avons 216
médicaments produits par un seul fabricant, donc un tiers est produit ici et
les deux tiers sont ouverts à l'importation. » Il existe 98 unités de
fabrication pharmaceutique et 1281 produits sont enregistrés pour la fabrication
locale dont 23% contenus dans la nomenclature nationale. 80% des produits
locaux sont des génériques.
«C'est un
problème d'une complexité terrible»
Il note aussi que
pour assurer la couverture des besoins du marché local, il est exigé la signature
d'une lettre d'engagement par le premier responsable de l'entreprise
productrice. En cas de manquement, les concernés seront mis sur liste rouge. «
En 2011, c'est une nouvelle vision pour que tout le monde trouve son compte, le
malade en premier. Ce n'est ni l'huile ni le sucre, c'est beaucoup plus
important, c'est la vie et la mort », souligne Ould Abbas encore. Il reconnaît
quand même que « c'est un problème d'une complexité terrible ». Dans son
évaluation de la liste interdite en 2008, le ministre a trouvé que 19 d'entre
ces médicaments n'étaient pas produits localement en raison de l'existence de
produits similaires. « On n'interdit pas à l'importation un produit qui n'est
pas fabriqué localement, on doit éviter les pénuries, vous avez saisi la nuance
? », tente de convaincre le ministre.
L'Algérie a enregistré, en 2009, une pénurie
de 158 médicaments. « Le gouvernement a débloqué 10 milliards DA pour couvrir
ce manque. Nous ne voulons plus avoir de programmes d'urgence pour une
couverture sur 3 mois. Nous tenons à ce que les stocks couvrent 6 mois »,
indique-t-il. Pour éviter les pénuries, les opérateurs devront fournir tous les
trois mois un état de leurs stocks. Ould Abbas fait savoir qu'il existe au
niveau du 4e étage de son ministère une cellule spécialisée qui enregistre
toute contestation. « Si la contestation est justifiée, une décision est prise
immédiatement », rassure-t-il.
Le ministre rassure les producteurs : « Vous
serez traités tous à égalité, vous avez la possibilité de présenter votre
programme et je suis là pour le valider selon les besoins du marché. L'Etat
régalien est là pour vous accompagner dans vos investissements.» Il est fait
état de l'existence de 120 projets depuis 2000 dont 39 nouveaux enregistrés en
2008. Sur les 120 projets, 45 sont restés à l'état initial « à cause du non
respect des contrats ou de manque de moyens financiers… ». Il annonce la tenue
« dans les prochains jours » d'une réunion avec les importateurs suivie d'une
autre avec les conditionneurs.
Aux producteurs dont les matières premières
ont été bloquées au port faute d'autorisation de la franchise fiscale, Ould
Abbas a déclaré à la presse que «ça m'a été signalé, immédiatement le feu vert
a été donné pour libérer les produits». Les producteurs bénéficient, selon lui, de
facilitations douanières et bancaires.
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Posté Le : 17/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com