Inquiets, les pharmaciens ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur la
pénurie récurrente des médicaments. Les ruptures de stocks s'amplifient depuis
plusieurs mois.
Les pharmaciens interrogés évoquent «des ruptures de stocks affectant
plusieurs spécialités médicamenteuses». M. Belaroussi, responsable du SNAPO à
Oran, confirme l'existence de la pénurie même s'il affirme qu'«il y a une
légère amélioration ces derniers temps.» «Ces pénuries, affirme-t-il, sont
liées aux perturbations qui affectent les opérations d'importation des
médicaments». Un autre responsable du SNAPO, M. Brahmi, évoque «des pénuries de
corticoïdes (Solupred), des produits utilisés en psychiatrie, certains
contraceptifs (Microval), des spécialités en néphrologie (un-alpha), des
antalgiques (Tengesic), des produits utilisés pour les affections urinaires
(Nibiol) et des pansements gastriques.» Selon un pharmacien, «la pénurie
concerne également la Josamycine et le voltarène.» D'autres médicaments
destinés aux malades chroniques sont en rupture de stocks depuis plusieurs
mois. Le manque de médicaments concerne aussi certains hôpitaux. La Pharmacie
centrale des hôpitaux (PCH), principal fournisseur des hôpitaux, connaît
quelques difficultés. Ceci perturbe sérieusement l'approvisionnement des
hôpitaux en médicaments.
De son côté, le ministère de la
Santé nie l'existence d'une quelconque rupture de stocks sur le marché.
L'importation des médicaments représente 70% de ce marché national, la
production locale ne couvrant que 30 %. 2.523 médicaments proviennent des
laboratoires européens, 686 spécialités sont fabriquées dans des laboratoires
arabes et 375 produits sont issus des laboratoires américains, chinois, indiens
et sud-africains. Un arrêté du 30 octobre 2008, fixant les conditions à
l'importation des produits pharmaceutique, oblige les importateurs et les
laboratoires de déposer un projet d'investissement dans les six mois qui
suivent la souscription audit cahier. Ce délai vient d'être prorogé d'une année
afin de passer du conditionnement à la production. Une quarantaine de
laboratoires ont réussi à créer des unités de production. Un responsable de
l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), dit «douter que
certaines entreprises du conditionnement soient prêtes». Les opérateurs
rencontrent des difficultés liées à l'obtention des financements, des réactifs,
et les principes actifs de référence pour le contrôle qualité. Les opérateurs
du médicament évoquent «un environnement hostile dans lequel ils opèrent,
l'instabilité réglementaire et l'absence de visibilité».
Pour encourager la production
locale, le gouvernement a décidé d'interdire l'importation de produits
fabriqués localement dont la quantité suffit à satisfaire la demande nationale.
Une liste de 359 médicaments interdits à l'importation est établie. Mais
certains médicaments font toujours défaut. L'indisponibilité concerne même des
médicaments interdits à l'importation. Ces ruptures sont liées à la lettre de
crédit dit «documentaire» imposée par la loi de finances complémentaire 2009.
La mesure promise par le gouvernement de créer des «corridors spécifiques» au
niveau des banques pour éviter les complications instaurées par ce crédit
documentaire, tarde à être appliquée.
Le Syndicat national des
pharmaciens d'officine a tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises. La
nouvelle forme de facturation induit une prolongation pénalisante des délais
d'importation des produits. C'est ce qui cause un sérieux problème pour les
producteurs de médicaments, les fournisseurs, les distributeurs et les
pharmaciens. Annoncé pour imminent, le réaménagement de l'article 69 de la loi
de finances complémentaire pour l'année 2009 tarde à être fait pour permettre
aux entreprises de production de recourir à des formules de paiement des
importations autres que le crédit documentaire pour s'approvisionner en
matières premières et autres inputs nécessaires à leurs chaînes de fabrication.
L'UNOP a, énergiquement, interpellé le gouvernement sur les conséquences de la
généralisation du Crédoc, qui a causé des ruptures d'approvisionnement de
matières premières conduisant à des arrêts de production. A l'UNOP, l'on se
félicite de «la seule mesure mise en place consistant en l'interdiction de
l'importation les produits fabriqués localement», une décision que cette
association réclamait depuis plusieurs années. L'UNOP souhaite que le ministère
de la Santé «prenne des mesures pour faciliter l'application de cette mesure en
accompagnant les opérateurs et en les aidant à mettre en place un environnement
favorable pour pouvoir réaliser les objectifs fixés d'atteindre 65% de
couverture des besoins par la production nationale».
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Posté Le : 11/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine L
Source : www.lequotidien-oran.com