Algérie

"Médias et liberté d'expression" de Belkacem Mostefaoui




L'ouvrage de 243 pages, publié dernièrement aux éditions El Dar El Othmania et préfacé par le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Me Abdennour Ali-Yahia, se veut avant tout un travail de documentation, de réflexion et d'analyse sur l'information.Médias et liberté d'expression en Algérie. Repères d'évolution et éléments d'analyse critique est le nouveau livre de Belkacem Mostefaoui, docteur d'Etat en sciences politiques et en sciences de l'information de l'Université Panthéon Assas-Paris II, et professeur à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information. L'ouvrage de 243 pages, publié dernièrement aux éditions El-Dar El-Othmania et préfacé par le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Me Abdennour Ali-Yahia, se veut avant tout un travail de documentation, de réflexion et d'analyse sur l'information. Pourtant, sans cesser d'interroger "la citoyenneté", "la production des valeurs symboliques" de la nation algérienne et de son économie, ainsi que les médias, anciens et nouveaux, et la communication sociale et politique. Pour mesurer la liberté d'expression, en Algérie, l'enseignant-chercheur distingue deux âges : la période du parti unique FLN, alimentant d'idéologie "un Etat autoritaire et rentier de manne pétrolière", et celle engagée au début de la décennie 1990 qui présente "des signes d'ouverture contrôlée par le pouvoir d'Etat, et d'une emprise toujours plus forte du pouvoir de l'argent". Et pour mieux approcher son objet d'étude, dans toute sa globalité, l'auteur s'intéressera au modèle de "politique de l'information" adopté au lendemain de l'indépendance, puis après Octobre 88, analysera les textes de loi, notamment les lois sur l'information. Durant les "années de plomb", Mostefaoui relève "le dualisme parti/Etat", la stratégie du "secret" et de "l'embargo" sur certains faits ou événements. Il observe également l'émergence de publications sous monopole d'Etat ayant joui d'une certaine "ouverture contrôlée" et enregistré "une meilleure qualité" de leur contenu, ainsi qu'un plus grand intérêt chez les lecteurs. C'est le cas notamment de l'hebdomadaire Révolution africaine, des quotidiens Alger ce Soir et La République, puis de l'hebdomadaire Algérie Actualité. Pour l'auteur, Algérie Actualité qui "a porté dans ses livraisons autant l'expression de brides des tumultes et des revendications démocratiques, qui ont travaillé la société algérienne", aurait pu trouver "sa place de publication culturelle de qualité, produite par le service public", dans le nouveau champ médiatique. Mais une fois passée l'effervescence marquant la création de titres indépendants et l'extension du marché du travail, il alerte sur le problème de l'"éclatement" de la profession, qui s'exprimera, entre autre, à travers le développement des "différenciations entre les professionnels". "Le principal axe de différenciation des profils sera l'opinion politique de chacun, face aux effets des réformes économiques libérales engagées", affirme le docteur d'Etat. Sans cacher sa crainte que cette libéralisation "débridée" réduise les ressources du pouvoir d'action des journalistes à des revendications matérielles, en faisant de l'ombre à la raison d'être d'un journaliste : le devoir et la liberté d'informer "le plus honnêtement possible". Le livre de Belkacem Mostefaoui ne s'arrête pas à la seule presse écrite de droit privé et à ses carences. Sans complaisance, sa réflexion inclut les autres médias, la télévision algérienne et la série de "canaux clones de l'ENTV", la notion du service public, en particulier le service public télévisuel, les questions de régulation, la "démultiplication" des offres de TV étrangères, l'entrée en scène des chaînes télévisées nationales de droit privé et même l'internet. L'ouvrage, s'appuyant sur des illustrations, des études et une bibliographie bien étoffée, offre des pistes de réflexion, fort utiles surtout pour les étudiants et les chercheurs intéressés par un objet d'étude encore en friche. En tout cas, comme le souhaite l'auteur, l'ouvrage est porteur de "nouveaux questionnements et éléments de connaissances" sur ce que les médias recèlent de capacités de changements dans leurs interférences sur la société algérienne.H. ANomAdresse email




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