Le sort de la famille des Kadhafi, hébergée par l'Algérie pour des
raisons humanitaires, a été abordé au cours des discussions, hier à Tripoli, du
ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medeci, avec
son homologue libyen, Achour Ben Khayal.
Cette visite de 24 heures du chef de la diplomatie algérienne a plusieurs
aspects, dont au moins le volet sécuritaire et la coordination des efforts des
deux pays pour sécuriser leurs frontières contre les groupes armés.
Dans une déclaration à la presse à l'issue de ses entretiens avec le
ministre libyen, M. Medelci a notamment affirmé que la Libye a le soutien de
l'Algérie dans tous les domaines d'»importance majeure». ‘'Je suis venu en
Libye pour transmettre un message de solidarité et de coopération» avec ce pays,
dans tous les domaines mais aussi pour examiner de nombreux dossiers
d»'importance majeure», comme les questions sécuritaires, «même si nous pensons
les avoir dépassées aujourd'hui». Pour M. Medelci, il
faut ‘'aujourd'hui normaliser les relations» entre les deux pays pour
participer efficacement à la nouvelle ère que connaît la Libye et la région dans son
ensemble. Sans donner plus de précisions à ses propos, il a ajouté que la
prochaine étape verra l'ouverture de dossiers et d'horizons nouveaux entre
l'Algérie et la Libye
qui «dispose d'énormes potentialités qui doivent être exploitées». Sous un
langage diplomatique assez confus, il a cependant laissé entendre que les deux
pays vont rapidement dépasser leurs divergences comme certaines
incompréhensions du temps où la rébellion luttait contre le régime de Kadhafi. D'autant
que la Libye
est actuellement confrontée à des problèmes de gestion de l'après-Kadhafi
fort dangereux pour la stabilité du pays, qui n'arrive pas également à vraiment
redémarrer sur le plan économique, même si les grands groupes pétroliers, intérêts
obligent, sont déjà en train de remettre l'appareil de production en état de
fonctionner. Car l'Algérie, et les libyens le savent, est en mesure de
contribuer au redémarrage de l'économie locale et de soutenir les Libyens dans
cette phase sociale délicate en apportant aide et assistance technique pour la
reconstruction et la réfection des réseaux d'infrastructures détruits durant la
guerre civile.
Pour autant, les relations entre les deux pays, avec la nouvelle donne du
CNT, sont à réécrire, et c'est dans ce sens que M. Medelci
a été reçu par le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, M. Mustapha
Abdeljalil. Une invitation à se rendre prochainement
en Algérie lui aurait été soumise, d'autant que c'est M. Medelci
qui avait fin décembre dernier fait état de cette invitation adressée au chef
du CNT. L'annonce de cette visite devrait en fait adoucir le climat entre les
deux pays, d'autant que les Libyens, même s'ils étaient remontés contre
l'Algérie, savent qu'Alger vaut le détour pour une normalisation progressive de
la situation socio-économique et politique en Libye. Quant à la famille Kadhafi
hébergée par l'Algérie, M. Medelci a assuré son
homologue libyen qu'elle ne pourrait plus toucher «un cheveu du peuple libyen».
Il a confirmé avoir des discussions sur ce dossier avec Ben Khayal,
et a indiqué que «nous avons évoqué cette question avec clarté, sincérité et
transparence». L'Algérie «les a reçus pour des raisons humanitaires (...) mais
il n'est pas possible que la famille Kadhafi touche un cheveu du peuple libyen»,
a-t-il ajouté. Mais, il est resté discret sur le sujet, alors que certains
veulent que l'Algérie remette au CNT la famille du clan Kadhafi, notamment sa
fille Aïcha, ses frères Mohamed et Hannibal, sa mère Safiya et de nombreux membres de la famille, surtout des
enfants. Mais Aïcha a déclenché la colère de ses
hôtes en appelant en novembre les Libyens à se «révolter contre le nouveau
gouvernement» de Tripoli. Ses différentes interventions médiatiques, au plus
fort de la tension entre Alger et les autorités du CNT, avaient énormément
gênés les autorités algériennes qui ont également dû subir les regards
interrogateurs de certains pays occidentaux engagés dans la guerre en Libye. L'Algérie,
par la voix de M. Medelci, aurait ainsi donné des
assurances que plus jamais un des membres des Kadhafi réfugiés en Algérie ne
puisse attenter à la sécurité de la
Libye.
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Posté Le : 06/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com