Algérie

Médecins en colère et citoyens «patients»



Au premier jour de l'action, dans de nombreuses structures de la capitale, rien n'indiquait que seul le service minimum est assuré. Il est près de midi et l'entrée de l'établissement hospitalier spécialisé de Birtraria connaît son effervescence coutumière.
Une journée ordinaire en somme. C'est tout du moins le côté face. Car côté pile, une banderole annonce la couleur : «Praticiens en grève».
Quelques mètres plus loin, des praticiens, des résidents, des chirurgiens, sont regroupés devant les urgences et conversent en faisant de grands gestes. Car en dépit des apparences, cette structure est durement touchée par les différents mouvements qui secouent le secteur sanitaire public, les nombreuses affiches et banderoles accrochées ça et là, relayant les revendications des résidents ou des praticiens, en attestent. Plusieurs praticiens, en blouse blanche, arborent un bristol sur lequel est mentionné, encore une fois, «Praticiens en grève». Certains ont même épinglé un ruban noir à  leur col. «C'est un symbole de deuil. Nous sommes en deuil de la santé algérienne», s'attriste une généraliste. Une chose est évidente : les médecins en ont gros sur le cœur. «Cela fait 20 ans que j'exerce dans le secteur public. Et, au bout du compte, je n'ai le droit à  aucune considération de la part de mon pays», martèle une spécialiste.
Propos qui provoquent des murmures d'approbation des autres grévistes. «L'attitude du ministre de la Santé est honteuse. Il exhibe à  l'opinion publique des chiffres qui n'ont aucun fondement», s'indigne, quant à  lui, un praticien. Il semblerait d'ailleurs que ce soient les atermoiements de la tutelle qui poussent les médecins à  davantage de mobilisation et de détermination. «La plupart d'entre nous ne sont pas adhérents aux syndicats, SNPSP ou SNPSSP. Pourtant, la majeure partie du personnel médical de cet établissement est en grève», explique la spécialiste. D'autant plus que tous les grévistes sont persuadés que le dessein de la tutelle est de «remonter» les citoyens contre le personnel médical. «En vain, puisque nous prenons en charge tous les patients qui se présentent, vérifions que le pronostic vital n'est pas engagé et agissons en conséquence», affirment, en chœur, les médecins.
Citoyens «compréhensifs»
D'ailleurs, point de scène de colère ou autres bougonnements, les citoyens semblent aborder la situation avec philosophie et empathie. «Ils ont le droit de revendiquer de meilleures conditions. Du moment qu'ils prennent en charge les malades à  grand risque», justifie une femme, qui devra toutefois patienter pour sa consultation.
«Le plus important, c'est que ça ne dure pas, puisque le ministre a affirmé qu'ils allaient àªtre augmentés», croit savoir, quant à  lui, un quadragénaire. Dans la polyclinique de Sidi Yahia, sur les hauteurs de Hydra, le calme règne. Là aussi, le mot d'ordre de grève a majoritairement été suivi. «Rebelote !» dit, dans un rire, un médecin. «Nous ne savons plus où en est la situation. C'est le brouillard le plus complet pour nous. Ou du moins quant à  l'état d'avancement des négociations. Car, le point positif et porteur d'espoir de ces différents mouvements est que la corporation est plus que jamais soudée, unie derrière une même cause», juge, enthousiaste, une praticienne. Alors, grève largement suivie ' Pas si sûr. En ce début d'après-midi, la salle d'attente de l'Etablissement public de santé de proximité (EPSP) Bouchenafa, relevant du secteur sanitaire de Sidi M'hamed, bourdonne.
Toutes les activités ont été assurées, et aucune défection n'est à  signaler. Idem à  la polyclinique Necira Nounou, un peu plus loin. «Il est trop tôt pour juger de la mobilisation et de l'impact de la grève. Il faut attendre quelques jours», estime le responsable d'un centre de santé à  Alger.
 


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