Les clients de Scelo, vendeur de médecine traditionnelle à Johannesburg, en sont convaincus, même s'ils signent ainsi l'arrêt de mort de la plupart de ces rapaces en Afrique du Sud.
« Les vautours sont rares. J'en ai seulement un tous les trois ou quatre mois. Tout le monde demande le cerveau qui permet de voir des choses que les autres ne voient pas. Pour le Loto, on rêve les chiffres », explique Scelo, un jeune vendeur-guérisseur au marché de muti (médecine traditionnelle). Roulé dans une cigarette ou inhalé grâce aux vapeurs, il permettrait de gagner à d'autres jeux d'argent comme les courses hippiques, rendre plus performant pour les examens scolaires, développer « son business » en ayant plus de clients. Devant son étal de graisse d'âne pour chasser les mauvais esprits, de peaux de zèbres et de pattes d'autruches, Scelo vend environ 50 rands (6,5 dollars, 4,5 euros) une minuscule bouteille contenant un morceau de cerveau pilé. L'oiseau entier peut coûter jusqu'à 2 000 rands.Os ou plumes se retrouvent mélangés avec des herbes pour en faire des médicaments, souligne, sans donner son nom ,un nyanga (médecin traditionnel) qui prescrit surtout de la tête de vautour. Selon lui, ces rapaces permettent de prédire l'avenir en raison de leur excellente vue et cette croyance se retrouve dans d'autres pays africains comme le Mozambique, le Kenya et la Tanzanie. Au moins 160 vautours sont vendus chaque année pour le muti, selon une étude réalisée par deux organisations de protection de la nature. Un des auteurs, Steve McKean, estime que ce nombre peut s'élever jusqu'à 300, en particulier dans la province du Kwazulu-Natal (est) où le braconnage reste peu réprimé. « L'utilisation des vautours en médecine traditionnelle, au niveau actuel, va probablement provoquer leur extinction dans 20 à 30 ans en Afrique australe », prédit M. McKean qui préconise des campagnes de prévention, une meilleure application de la loi et une plus large compréhension du commerce de ces rapaces.Sept espèces sur neuf, dont le gypaète barbu et le vautour du Cap, sont actuellement menacés. Les chasseurs les tuent par balles, avec des pièges ou des poisons. Ils utilisent principalement de l'Aldicarb, un pesticide mortel même pour l'homme, prévient Steve McKean de l'organisme Ezemvelo Kwazulu-Natal Wildlife. A ces dangers s'ajoutent d'autres menaces pour les oiseaux, comme l'électrocution sur des lignes à haute tension, les noyades dans les réservoirs d'eau des fermes, le manque de nourriture et la perte de leur habitat. Aujourd'hui, la baisse de l'offre n'entame en rien la demande qui reste constante avec l'urbanisation et la montée du chômage dans ce pays, où 43% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Au marché, parmi les peaux de python ou de crocodile, deux espèces également menacées par le muti, Samson Mvubu réfléchit à l'importance des vautours.
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Posté Le : 29/12/2009
Posté par : sofiane
Source : www.elwatan.com