Algérie

Médéa Une grève qui entame son 7ème mois !


Le 12 août 2007, le malaise affectait la briqueterie-tuilerie de Médéa - Draâ Smar. Cette grève, entamée trois semaines plus tôt, était partie pour durer longtemps encore. Elle vient d'entamer son... septième mois ! Sans que rien laisse en entrevoir une quelconque sortie... Les positions des deux parties en conflit - le patronat, nouvel acquéreur-repreneur de l'usine, et le collectif des travailleurs grévistes - n'ont pas changé. Aujourd'hui encore, force est de dire que face au statu quo très pesant et tout aussi paralysant qui caractérise désormais ce conflit, cette grève ouverte qui a été entamée le 23 juillet 2007 reste encore loin de trouver une fin. Au grand dam des travailleurs grévistes, 79 selon le patronat et 82 selon le bureau syndical gréviste, sans salaires depuis six mois, tout autant qu'à celui du nouveau propriétaire privé de cette usine qui accuse aujourd'hui un déficit financier de près de 10 milliards de centimes, entre pertes à la vente, la production étant à l'arrêt total depuis le 23 juillet 2007, et le montant qu'a nécessité la restauration des dégradations subies par le four principal. Ce que nous confirmera M. Mourad Maâtallah, le nouveau directeur général de cette usine : «Suite à son arrêt brutal, le four a subi des dégradations assez importantes avec murs lézardés et pierres détachées, que nous avons dû restaurer tout dernièrement. Ce qui a aggravé davantage nos pertes financières qui ont atteint effectivement aujourd'hui les 10 milliards de centimes». Un conflit qui avait pris naissance, faut-il le rappeler, le 6 novembre 2006 à la suite du rejet, par le nouveau propriétaire de l'usine, de la convention collective qui gérait cette entreprise alors publique : l'EURL briqueterie-tuilerie de Médéa - Draâ Smar. Une entreprise étatique située à quelque trois kilomètres à la sortie ouest de Médéa, qui avait été créée en 1978 avec entrée en fonction en 1981 et cédée, dans le cadre de la privatisation, à la «SARL Ouled Maâtallah» le 2 août 2006. Le rejet de cette convention collective, qui est en fait la pierre d'achoppement de la crise qui s'est transformée en grève ouverte, est toujours contesté par les travailleurs grévistes dont le représentant et secrétaire général de leur bureau syndical, M. Mohamed Zouambia, nous dira : «Réglementairement, notre entreprise est toujours régie par un registre de commerce au nom de l'EURL Briqueterie-tuilerie de Médéa (BTM). Nous considérons ce rejet comme un reniement majeur du nouvel acquéreur de l'usine par rapport à ses engagements consignés dans le procès-verbal de cession. C'est pourquoi nous nous considérons toujours comme le bureau syndical légitime et légal de cette entreprise, comme l'est la légalité de notre grève ouverte». Ce qui n'est pas de l'avis de M. Mourad Maâtallah, le DG et propre fils du PDG de la SARL Ouled Maâtallah : «Devant le refus de ce bureau syndical de changer son appellation pour celle de la SARL propriétaire de l'usine, nous nous sommes vus contraints de le remplacer par notre propre bureau syndical qui est celui de la SARL-mère «SARL Ouled Maâtallah - Grands travaux». Nous le considérons donc illégal et non représentatif du collectif des travailleurs de notre usine de Médéa - Draâ Smar. De ce fait, nous considérons cette grève tout aussi illégale et une entrave au travail de la part de ces 79 employés sur les 127 que compte notre usine. De plus, nous venons d'acquérir officiellement l'acte de propriété de l'usine qui nous permet désormais d'ouvrir un nouveau registre de commerce au nom de la SARL Ouled Maâtallah. Chose que nous ferons dans deux ou trois jours au maximum. Quant à l'ancienne convention collective, devenue nulle et non avenue depuis le mois de janvier 2006, nous l'avons remplacée désormais par celle qui régit la «SARL Ouled Maâtallah - Grands travaux», nous dira-t-il documents à l'appui. Du côté des travailleurs grévistes, c'est la même détermination qui les anime : «La poursuite de cette grève reste toujours la seule voie pour nous faire entendre. Malgré les grosses difficultés financières dans lesquelles se débattent malheureusement nos familles avec ces six mois passés sans salaires. Car il y va de l'avenir de l'usine et de celui de nos familles. D'autre part, nous avons nous aussi des documents, en notre possession, qui nous ont été délivrés par différentes administrations concernées et compétentes qui nous ont confortés dans la justesse de notre action. Nous n'abdiquerons jamais» tiendra à nous dire et insister M. Mohamed Zouambia qui ajoutera : «Pour le moment, toutes nos démarches auprès des parties capables de dénouer cette crise (UGTA, Fédération des matériaux de construction, PDG de l'EPRC de Boumerdès, ministère de l'Industrie, APW de Médéa, Inspection du travail de Médéa, Holding des matériaux de construction...) n'ont encore abouti à rien de concret sinon à de simples promesses. Nous gardons cependant espoir de voir les 82 travailleurs grévistes rétablis dans leurs droits». Au-delà des difficultés que vivent les familles de tous ces travailleurs en grève et des pertes financières énormes qu'accuse le nouvel acquéreur-repreneur de cette briqueterie - tuilerie de Médéa - Draâ Smar, c'est aussi et malheureusement la relance économique, tant attendue dans la wilaya de Médéa, qui est «touchée» dans une certaine mesure, à travers notamment son programme d'habitat pour lequel cette usine, la seule existante dans la wilaya, est d'un apport extrêmement important dans son approvisionnement en ces deux indispensables matériaux de construction. Un conflit et une grève ouverte qui n'ont que trop duré. Et pour combien de temps encore ? C'est la question qui se pose.
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