Médéa: Une dispute, un mort et 7 ans de prison

Jugé une première fois, le 22 juin 2007, pour homicide volontaire avec préméditation, et condamné à 10 ans de prison et 50 millions de centimes de dommages et intérêts au profit des parents de la victime Khaled B., alors âgé de 33 ans, le dénommé El Hachemi Z., âgé aujourd'hui de 37 ans, célibataire vient d'être rejugé dimanche dernier. Un jugement à l'issue duquel le tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa l'a condamné, cette fois-ci, à 7 ans de prison ferme en lui accordant les circonstances atténuantes après avoir requalifié l'accusation en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Selon l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation, les faits de cette affaire remontent à cette fatidique soirée du dimanche 09 juillet 2006 juste après la finale de la Coupe du monde de football qui venait d'opposer l'équipe de France à celle d'Italie et remportée par cette dernière après les tirs au but. Il était donc 22h10 lorsqu'une altercation verbale opposa la victime, Khaled B., aux deux passagers d'une voiture, au niveau de l'ex-centre commercial de M'salla, à Médéa. Les deux passagers étaient El Hachemi Z. et Mohamed Amine B., poursuivis dans cette même affaire pour port d'arme (un couteau de pêcheur) prohibée. Une altercation verbale qui se transformera, en accrochage physique et l'irréparable se produisit : un coup de couteau donné par El Hachemi Z. mettra fin, à la vie de Khaled B. qui décédera sur la table d'opération de l'hôpital Mohamed Boudiaf de Médéa, tout proche, vers lequel il avait été évacué. «Vous étiez, votre a mi Mohamed Amine B. et vous-même ivres ce soir-là?» demanda le président du tribunal. Et l'accusé El-Hachemi Z. de répondre :»oui, monsieur le président, mais pas trop. Nous étions dans un cortège de voitures, à une vitesse réduite, quand la victime, que Dieu ait son âme, monta sur le capot de notre voiture et commença à y donner des coups. Des insultes furent échangées entre cette dernière et mon ami Mohamed Amine. Et nous repartîmes». Et le président du tribunal d'enchaîner : «mais pourquoi étiez-vous revenu seul, vingt minutes plus tard, vers la victime, Khaled B?» Et l'accusé de dire : «je ne m'en souviens pas». Et le président de faire remarquer :»mais vous vous souvenez avoir pris le couteau de Mohamed Amine, qui était sous son coussin?» Un long silence puis El-Hachemi Z. dira : je ne voulais pas tuer, monsieur le président. Seulement, la victime m'avait donné un coup de tête qui m'avait fait tomber parterre». Et le président de dire :»oui mais après que vous aviez traité la victime de fils de harki, non? Tout simplement parce qu'elle avait soutenu l'équipe de France? Et que, de surcroît, son père est un moudjahid de la lutte armée?» Dans des réponses contradictoires, l'accusé tentera de tout rejeter sur son ami Mohamed Amine B. qui, appelé à la barre, contredira totalement l'accusé en le chargeant de toute la responsabilité de ce drame qui a coûté la vie à Khaled B.

 Les trois témoins appelés à la barre, des voisins et amis de la victime, se rejoindront pratiquement dans leurs déclarations selon lesquelles «c'est le chauffeur de la voiture, Mohamed Amine B., qui a été le premier à proférer des insultes et des grossièretés en direction de Khaled B.» Tout en confirmant le qualificatif de «fils de harki» par lequel l'accusé avait traité la victime. Après les plaidoiries des quatre avocats de la défense, deux pour chaque accusé, et la demande de requalification de l'accusation, le réquisitoire du représentant du ministère public ne laissera aucun doute sur l'acte volontaire :»la préméditation de l'homicide volontaire est établie. C'est pourquoi nous demandons une peine d'emprisonnement de 16 ans à l'encontre de l'accusé El-Hachemi Z. et de 2 ans pour Mohamed Amine B. qui devra payer une amende de 10.000 dinars». Après délibérations, le tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa condamnera l'accusé El-Hachemi Z. à 7 ans de prison ferme et au versement de 30 millions de centimes à chacun des deux parents de la victime. Quant au deuxième accusé, Mohamed Amine B., il s'en tirera avec 2 mois de prison ferme, contre 6 lors du premier jugement, et une amende de 5.000 Dinars.