Algérie

Médéa : Un enfant tué pour une histoire de terre



Vingt ans de prison ferme est la peine qui a été prononcée dimanche dernier, par le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa, à l'encontre du dénommé Laïd S, âgé de 50 ans, pour le meurtre du jeune Rochdi H, âgé tout juste de 14 ans à la date des faits.

Des faits qui ont eu lieu le vendredi 18 janvier dernier au lieu-dit «Bazbaza» dans la petite commune de Bouaïchoune relevant de la daïra de Si Mahdjoub, situé à 24 km au sud-ouest de Médéa. Une banale histoire d'occupation d'une parcelle de terre, propriété de la Conservation des forêts de la wilaya de Médéa, qui a été à l'origine de la mort du jeune Rochdi. Une parcelle de terre, faite de maquis et de broussailles, que les deux familles antagonistes, unies en une seule par alliance, avaient défrichée, chacune de son côté, jusqu'à cette fatidique matinée de la journée du vendredi 18 janvier 2008, durant laquelle les membres des deux familles se retrouvrèrent réunies sur la parcelle de terre en question. Et ce fut le drame.

Comparaissant sous le premier chef d'inculpation d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur la personne du jeune Rochdi et sous le second chef d'inculpation de tentative d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur la personne de Mohamed H, âgé de 33 ans et frère aîné de Rochdi, l'accusé Laïd S, fellah de profession et père de onze enfants, maintiendra ses premières déclarations faites lors de l'instruction et ce, tout au long de son interrogatoire par le président du tribunal. De l'arrêt de renvoi dressé par la Chambre d'accusatuion, il ressort que cette affaire malheureuse et dramatique à la fois, avait commencé la veille, jeudi, par une dispute verbale entre l'accusé et les enfants de la famille H. Chaque famille se disant être la seule propriétaire de cette parcelle de terre. «Je n'avais aucune intention de tuer malgré toutes les menaces et les insultes ainsi que tous les jets de pierres dont j'ai été victime la veille des faits», dira l'accusé au président du tribunal. Ce à quoi ce dernier enchaînera : «Jeudi, vous n'aviez pas le fusil avec vous. Alors, pourquoi l'avoir pris avec vous le lendemain et l'avoir caché dans la broussaille toute proche ?», et l'accusé de répondre : «Je suis un GLD et le vendredi est également un jour de chasse pour les habitants du douar où nous habitons». Et le président de questionner : «Mais pourquoi et comment avez-vous tiré ? Un long moment de silence s'en suivra. Puis à l'accusé de répondre : «J'avais été menacé par Mohamed H qui tenait un couteau à la main avant d'être éloigné de moi par mon propre fils, Rachid, qui s'interposa. Je me suis alors retourné et je ne sais comment le coup est parti, atteignant l'enfant. C'est la vérité, monsieur le président».

Appelés à la barre, le père et le frère (Mohamed) de la jeune victime, le fils de l'accusé et quatre autres témoins, des voisins qui étaient présents lors de ce drame, n'apporteront rien de nouveau sinon qu'ils confirmeront leurs premières déclarations, à quelques contradictions près. Mohamed H niera, quant à lui, avoir menacé l'accusé à l'aide d'un couteau. Ce que nous confirmera le fils de Laïd S. Après que les parents et le frère du défunt Rochdi eurent confirmé au président du tribunal criminel leur décision de ne pas pardonner à l'accusé son geste meurtrier, la parole est donnée au représentant du ministère public qui, dans un bref et sévère réquisitoire dira : «Nous sommes en présence du meurtrier d'un enfant, sans aucune raison valable. Les faits de la préméditation sont établis. Il ne mérite par conséquent, aucune circonstance atténuante. Et c'est pour toutes ces raisons que nous réclamons la peine capitale à son encontre».

La gravité des faits étant telle, les trois défenseurs de Laïd S se sont évertués dans leurs plaidoiries à amener le tribunal à accorder les circonstances atténuantes les plus larges à leur mandant. Ceci en rappelant au tribunal les exactions et les atteintes physiques et mentales dont ce dernier a été victime, en même temps que sa famille, de la part des terroristes lors de la décennie noire. Un appel qui sera entendu par le tribunal criminel, près la cour de justice de Médéa qui condamnera après délibérations, Laïd S à 20 ans de prison ferme et au versement de 50 millions de centimes à chacun des deux parents du jeune Rochdi, à titre de dommages et intérêts.







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