Algérie

Médéa: Un camion qui barre la route, un drame et 25 ans de prison



Vingt et cinq ans de prison ferme pour les deux frères assassins qui avaient mis un terme il y a dix mois, à la vie de leur voisin. La prison pour les uns et la mort pour l'autre pour une futile histoire de déplacement du camion, appartenant aux premiers, de devant le portail d'entrée du domicile de la victime. Tel a été le verdict qui a été prononcé, samedi dernier, par le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa, à l'encontre des dénommés Abderrezak et Merouane B., deux frères âgés respectivement de 29 et 27 ans. Un verdict, qui a été suivi d'une autre peine financière, représentant le dédommagement, s'élevant à 60 millions de centimes pour chacun des deux parents de la victime et 5 millions de centimes au profit de chacun de ses frères et soeurs.

En effet, les faits de cette douloureuse et tragique affaire d'homicide volontaire avec préméditation, pour Abderrezak et de participation à un homicide volontaire, pour Mérouane, la première affaire enrôlée pour la troisième session criminelle de cette année 2008, et qui avait jeté l'émoi au sein de toute la population de la ville de Berrouaghia, chef-lieu de daïra situé à 27 km au sud-est de Médéa, ont eu lieu le jeudi 17 janvier dernier. De la lecture de renvoi, dressé par la chambre d'accusation près le tribunal compétent, il ressort que ce jour là, la victime, Benalia H, âgée de 33 ans, devait décharger du sable et du gravier pour les besoins des travaux d'extension de son domicile, situé dans le quartier Hantabli. Chose qu'elle ne pouvait faire du fait de la présence du camion de ses voisins, la famille B., qui barrait ainsi le passage qui permettait l'entrée du tracteur, transportant ledit chargement, dans le garage appartenant à la victime. La discussion verbale entre les deux frères et leurs voisins se transforma alors en échange de coups à l'aide de divers objets (manche de pelle, marteau...).

C'est alors que la victime reçut un coup sur sa tempe droite, à l'aide d'un morceau de bois, qui lui fit perdre son équilibre pour tomber à terre.

Ce dont profitera d'un des accusés pour asséner à la victime, le coup fatal au niveau des reins et ce, à l'aide d'un couteau, qu'il cachait sous sa veste. La mort de Benalia H. fut instantanée.

Malgré la perspicacité du président du tribunal, les deux frères accusés feront preuve de trop de contradictions dans leurs déclarations respectives.

Le principal accusé, Abderrezak, prit la décision d'endosser à lui seul la responsabilité entière des faits ayant conduit à la mort de Benalia H.

Appelé à la barre, en premier, le frère aîné des deux accusés fera part de problèmes de voisinage, tout au plus, depuis une dizaine d'années. L'on saura par la suite, que ces problèmes et cette grande animosité étaient nés du divorce de ce dernier d'avec la fille de la famille H., comme le précisera un des avocats de la partie civile. Ce premier témoin n'apportera cependant rien de nouveau qui pouvait éclairer davantage les faits relatifs à cette tragique affaire. Par contre, les déclarations de deux témoins, sur les cinq à charge qui ont été appelés à la barre, apporteront des précisions qui confirmeront les faits établis par la chambre d'accusation et mettant en cause les deux frères accusés. Quant au père de la victime, appelé le dernier à la barre, il dira tout simplement : «Je ne pardonnerai jamais, ni aujourd'hui, ni demain, devant Dieu, la mort de mon fils qui était connu et estimé de tous pour sa bonté, son éducation et sa sagesse».

Entamant leurs plaidoiries, les trois avocats de la partie civile, qui étaient emmenés par Me Noureddine Belhafri, apporteront toutes les preuves morales (la grande animosité entre les deux familles voisines) et matérielles (le couteau caché sous la veste du principal accusé) de l'homicide volontaire avec préméditation dont a été victime leur mandant, Benali H. : «L'accusé principal a reconnu entièrement les faits et cela nous suffit», dira Me Belhafri et de conclure : «la préméditation de l'homicide est établie. Nous voulons simplement que justice soit rendue au défunt dont l'âme plane aujourd'hui dans cette salle». Et ce sera dans le même sens que se fera le réquisitoire du procureur de la République qui dira : «l'accusé principal Abderrezak B. est connu pour ses antécédents judiciaires pour coups et blessures volontaires. Le couteau qu'il avait caché sous sa veste en constitue la meilleure preuve. La préméditation de l'acte criminel s'explique également par cette animosité extrême entre les deux familles et cet esprit de revanche qui animait l'accusé principal. C'est pour toutes ces raisons que nous réclamons la peine capitale à l'encontre de Abderrezak B., le principal accusé et la prison à perpétuité pour son frère Merouane. Ce que tenteront de ramener à la baisse les deux avocats de la défense en demendant le bénéfice des circonstances atténuantes les plus larges pour leurs deux mandats : «C'est un malheureux concours de circonstances qui avaient séparé deux familles qui étaient unies par alliance. Le destin en avait décidé autrement», plaideront-ils.

Un appel auquel le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa n'est pas resté insensible, en prononçant le verdict relaté plus haut.




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