Algérie - Revue de Presse

Médéa: Les aliments de bétail en chute libre



De 2.688 tonnes d'aliments de bétail, produits en 2004, année de son démarrage, les capacités de production de l'unité «Le bon Grain», qui se trouve dans la commune de Moudjebeur, relevant de la daïra de Séghouane, située à 53 km au sud de Médéa, sont tombées à 965 tonnes en 2007.

Moins de deux années après, cette unité ne tourne aujourd'hui plus qu'à moins de 10 % de ses capacités et se trouve, par conséquent, menacée tout simplement de disparition. Pourquoi ? Quelles en sont les raisons ?

C'est ce que nous avons voulu savoir lors de notre visite sur les lieux, samedi dernier, où nous fûmes reçus par le propriétaire et gérant de cette unité, M. Boumediene Baba-Ali.

A notre arrivée devant le grand portail de cette usine, une surprise de taille nous attendait : l'on était très loin de l'ambiance et de l'effervescence que nous y avions vécue lors de la visite qu'avait effectuée le wali de Médéa, M. Abdelkader Zoukh, le mardi 13 novembre 2007. Une visite à l'issue de laquelle, ce dernier n'avait pas manqué d'exprimer sa grande satisfaction du fait que la présence de cette unité de production d'aliments de bétail constituait un encouragement et un exemple à suivre pour tous les éventuels investisseurs qui seraient intéressés par une activité dans la wilaya de Médéa. Et c'était un bon signe, assurément, pour cette wilaya qui souffre énormément de l'absence d'investissements. Ceci bien que toutes les conditions existent. Une satisfaction ressentie par M. Abdelkader Zoukh, et toute la délégation qui l'accompagnait, malgré les premières difficultés que cette unité commençait à rencontrer et que tout le monde ne pensait être que passagères...

Malheureusement, près de seize mois après la visite du wali de Médéa, cette unité, qui tournait avec un effectif de 30 employés, un matériel roulant composé de quatre véhicules lourds (02 semi-remorques plus 02 camions de 10 et 8 tonnes) et des machines ultra-modernes, est aujourd'hui presque à l'arrêt, son personnel qui approvisionnait plus de dix wilayas situées principalement dans les Hauts Plateaux, le nord et le sud du pays, c'est-à-dire le fief de l'élevage ovin, bovin, caprin, camelin et avicole. Des produits allant des aliments pour la gamme des «bovins et ovins» à celle de la «dinde» en passant par celles de la «ponte» et des «poulets de chair».

Avant d'aborder les raisons, ou les causes, ayant conduit à cette malheureuse situation, M. Boumediene Baba-Ali commencera par nous dire : «J'avais déjà un projet d'extension de cette unité qui se résumait à une capacité de production journalière de 280 tonnes, entièrement automatisée, contre 80 tonnes/jour au démarrage de l'usine en 2004, des silos de stockage verticaux d'une capacité globale de 15.000 tonnes et plus de 40 emplois nouveaux, portant ainsi l'effectif à plus de 70 agents.

Malheureusement...». Après un long moment de silence, il continuera par nous dire : «Nos difficultés avaient commencé dès l'année 2006 avec l'apparition de la grippe aviaire qui avait engendré un recul important de la production avicole d'une part et, d'autre part, la plupart des éleveurs d'ovins et de bovins avaient fui cette activité entraînant ainsi une baisse très importante de notre production d'aliments de bétail. Pour l'information, près de 80 % des 150.000 éleveurs, à travers le territoire national, ont cessé leurs activités.

Et dès cette année 2006, notre production avait chuté de près de 90 %. Comme autres raisons à cette situation, M. Boumediene Baba-Ali ajoutera : «Il y a eu également la sécheresse et ses conséquences, durant les années 2006 et 2007, l'augmentation des prix des céréales dont le maïs et le soja dont nous avons besoin pour notre production d'aliments de bétail, le prix de ces derniers était devenu par conséquent inabordable pour les éleveurs les obligeant ainsi à cesser leur activité, entraînant dans leur sillage les fabricants d'aliments de bétail et les accouveurs».

Ne s'arrêtant pas là, notre interlocuteur parlera des «dettes relatives aux prêts souscrits auprès des banques et auxquelles nous ne pouvons faire face actuellement, nos capacités de production ayant chuté énormément...». Comme mesures d'urgence pour «sauver ce qui peut être encore sauvé» pour la reprise, dans de meilleures conditions de cette activité, il dira : «Nous souhaiterions une réduction des droits de douane à 5 % pour toutes les matières premières (maïs, soja, sorgho, orge...), une réduction de la T.V.A. à 7 % portant sur tous les intrants dans l'alimentation du bétail ainsi que sur le produit fini, la réduction du taux de cotisation patronale à 7 %, l'effacement des intérêts bancaires et le gel du remboursement du crédit principal équivalent à un rééchelonnement de la dette contractée».

 Et M. Boumediene Baba-Ali de conclure : «Nous avons saisi, à travers le discours de Monsieur le Président de la République, lors des assises nationales de l'agriculture qui se sont tenues dernièrement à Biskra, la volonté des pouvoirs publics de venir en aide à ce secteur de l'agriculture dont nous constituons, nous les producteurs d'aliments de bétail, une partie prenante non négligeable. Et nos espoirs sont grands de voir notre unité se remettre sur les rails et atteindre les objectifs que nous nous étions fixés le 3 mai 2004, date de son démarrage. Une unité dont le coût d'investissement initial s'était alors élevé à près de six milliards de centimes».


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