Inaugurée, le jeudi 3 juillet dernier, par le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, avec tout le faste de circonstance que l'on peut deviner pour une nouvelle infrastructure, de surcroît créatrice de pas moins de 80 emplois principaux, eux-mêmes créateurs d'autres emplois, la maison de l'artisanat traditionnel et des métiers de Médéa - Aïn D'heb tarde encore à être opérationnelle.
Au grand dam des 80 jeunes artisanes et artisans.
«Les mois de juillet et août, ceux des congés et des vacances en même temps que des différentes fêtes familiales, étaient véritablement la période propice pour faire découvrir, au grand public, cette nouvelle maison de l'artisanat traditionnel et des métiers et, à travers elle, ce que recèle la ville de Médéa et sa région comme artisanes et artisans de qualité dans les différents créneaux des travaux manuels propres à l'artisanat local», nous ont dit, dernièrement, quelque peu désabusés, certains de ces heureux bénéficiaire de locaux commerciaux à usage professionnel qui forment, aujourd'hui, cette maison de l'artisanat traditionnel et des métiers qui a été réalisée sur le site des ex-Galeries algériennes.
Des locaux commerciaux pour lesquels les autorités locales concernées n'avaient lésiné sur aucun effort pour être dans les délais prévus. Ceci dans la mesure où entamés le 6 mars 2007, avec un délai de réalisation de 16 mois, les travaux avaient déjà atteint, le 7 octobre 2007 un taux d'avancement de plus de 60%. Ceci à la grande satisfaction de M. Tayeb Louh, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, lors de sa visite, ce jour-là, sur les lieux: «cette belle infrastructure, à l'esthétique très améliorée, mérite les plus grands soins et le meilleur entretien pour une utilisation aussi durable et aussi rentable que possible», avait-il notamment déclaré. Une journée pour son inauguration et... deux mois après, cette belle infrastructure tarde à ouvrir ses portes au grand public. En effet, autant elle était, lors de cette inauguration animée gaie, joyeuse, vivante et surtout... éblouissante à travers les multiples jeux de lumière que présentaient beaucoup de locaux qui faisaient réellement plaisir à voir et où étaient exposés des centaines de produits artisanaux divers allant du cuir à la pâtisserie, en passant par l'habillement féminin de luxe, la bijouterie, le tissage de la laine, la calligraphie arabe, la la poterie, la céramique, la sculpture sur pierre et sur bois... autant cette belle infrastructure faisait vraiment pitié à voir, mardi dernier, lors de notre visite sur les lieux.
Sur les 80 locaux attribués, il n'y en avait que... 3 seulement qui étaient ouverts... pour la forme! Ceux de la calligraphie arabe, du tissage de la laine et du conditionnement de produits alimentaires. Et l'image qui s'en dégageait, à l'issue de notre visite complète, était celle d'un «bateau fantôme lugubre, en déperdition en plein océan»! Pourquoi? Pour quelles raisons cette belle infrastructure vit-elle, aujourd'hui, une telle situation deux mois après son inauguration? Explications.
En effet, à notre arrivée sur les lieux, seul le gardien était là, à l'entrée du bâtiment. Incapable de nous donner la moindre information explicative sur la non-activité de cette maison de l'artisanat traditionnel et des métiers, il nous dirigea vers un des trois locaux ouverts. Là, un jeune calligraphe nous résuma le fin fond de l'histoire: «il n'y a pas de courant électrique et cela dure depuis... l'inauguration. Et comme pratiquement tous les locaux ont besoin de courant aussi bien pour leurs travaux que pour le simple éclairage, alors...».
Et ce sera la même explication qui nous sera donnée dans les deux autres locaux où deux jeunes femmes artisanes tentaient de s'occuper, à travers de menus travaux qui ne nécessitaient pas de courant électrique. La rumeur de la rue médéénne disait que le problème était lié à une mésentente entre Sonelgaz et l'APC de Médéa qui est le gestionnaire de cette maison de l'artisanat traditionnel et des métiers d'Aïn D'heb. Or, il n'en est rien car, contacté par nos soins, le chargé de la communication à Sonelgaz de Médéa, nous dira que l'entreprise n'avait rien à voir avec cette affaire.
Et ce sera finalement M. Farid Hammouche, le P/APC de Médéa, qui nous fera savoir que «tout ce problème est lié au... poste de transformation qui doit alimenter en courant électrique cette infrastructure et sur lequel des travaux sont déjà engagés pour une plus grande sécurité. Son démarrage n'étant plus qu'une question de jours, deux semaines tout au plus». Ce que nous avons considéré comme une excellente nouvelle dans la mesure où les veillées tardives du mois de Ramadhan aidant, cette belle infrastructure retrouvera, peut-être, les couleurs et l'animation du jour de son inauguration. Conclusion de cette histoire, cette maison de l'artisanat traditionnel et des métiers de Médéa - Aïn D'heb avait été inaugurée prématurément.
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Posté Le : 01/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rabah Benaouda
Source : www.lequotidien-oran.com