Le nouveau promu, l’Olympique de Médéa (OM), est en train de réaliser un parcours digne d’un prétendant sérieux pour le titre. L’entraîneur de l’équipe, Chérif Hadjar, tente d’expliquer à El Watan la réussite actuelle de son équipe, qui partage la première place du classement de la Ligue 1 avec l’ES Sétif avec un total de 27 points après 13 journées.
Entretien réalisé par Farouk Bouamama
- Après 13 journées, l’O Médéa partage la première place du classement de la Ligue 1 à égalité de points avec l’ESS, ce qui est historique pour le club. Comment expliquez-vous les performances réalisées jusque-là par votre équipe?
On estime avoir fait une bonne préparation. Les matches amicaux que nous avons joués étaient à la hauteur contre pourtant des prétendants à jouer les premiers rôles cette saison. On a compris à cet instant qu’on avait une équipe compétitive. Malheureusement, nous avons eu un mauvais départ en raison des problèmes de qualification de nouveaux joueurs. Face à la JS Saoura, on avait un effectif composé seulement de 11 espoirs et 9 joueurs seniors. On a d’ailleurs perdu cette rencontre. Et puis a surgi le problème des salaires. Les joueurs devaient toucher leur argent avant le coup d’envoi de la saison. C’est ce qu’il les a poussés à observer une grève de 15 jours. Nous avons fait appel à ces derniers la veille de la confrontation devant le MC Oran, où nous avons fait un match nul. Trois jours après, on avait livré une autre rencontre face au MCA. Ce jour-là, nous sommes passés complètement à côté de notre sujet, car les joueurs étaient out physiquement.
Cette défaite a leur fait beaucoup de mal, surtout qu’ils estimaient qu’ils pouvaient nettement mieux faire. Il y a eu par la suite une bonne réaction devant l’USMA (victoire 3 à 1 au stade Omar Hamadi, ndlr). Ce succès a été notre vrai départ. Depuis la confrontation du MCA, on a joué 10 matches et enchaîné 8 victoires et 2 nuls. Ces résultats dépassent de loin toutes nos prévisions. Mais le problème financier reste posé, car les joueurs n’ont toujours pas perçu le moindre sou. Toutefois, il y a de bons indices avec la visite du wali, dimanche dernier. Il a ramené avec lui des entrepreneurs. Et on espère que certains parmi eux vont prendre en charge le club. Le wali a promis aussi de l’aide de la wilaya et l’APC. Pour ce qui est du classement, cette première place reste provisoire. Mais c’est aussi un grand honneur d’être dans cette position, bien qu’il reste encore 25 journées. Ce classement est motivant et nous devons continuer à être ambitieux.
- Votre équipe ne gagne pas seulement à domicile, elle est aussi performante à l’extérieur…
La particularité de cette saison, c’est qu’on joue sans public. Donc, il n’y a plus de pression. Le complexe de jouer à l’extérieur s’est estompé. Aujourd’hui, quand tu joues à l’extérieur, tu joues à l’aise. Il n’y a pas de problème ni de pressions. C’est peut-être là un des aspects de notre réussite, car j’estime que notre équipe s’est bien préparée. Toutefois, je tiens à préciser que toutes nos victoires ont été acquises à la force des bras. Il n’y a jamais eu de succès facile. A chaque fois, les joueurs ont dû fournir un effort physique considérable pour s’imposer.
- Ce ne sont sûrement pas les motivations financières qui sont derrière les performances de l’OM. Comment réussissez-vous à garder vos joueurs concentrés?
La première chose qu’il faudrait savoir, c’est que c’est moi qui avais fait le recrutement de cette saison ainsi que celui de l’année précédente. J’avais insisté sur l’éducation des joueurs, parfois au détriment de leurs qualités. Les joueurs me respectent beaucoup. Quand je prends une décision avec le staff technique, ils s’exécutent sans rechigner. Il n’y a malheureusement pas de solution face à la crise financière. Faire grève ou perdre des matches, cela ne va pas améliorer la situation. Il faut continuer à travailler en donnant le meilleur de soi, tout en espérant des jours meilleurs. Les joueurs ont su être patients et ont fait preuve d’une grande maturité et de discipline, même s’ils ne sont pas payés. Le joueur Cherfaoui a même déclaré : «On en a assez de parler de nos indemnités. On est là pour jouer.» C’est tout à son honneur ainsi que les autres joueurs, qui ont été très patients et ont fait preuve d’un grand sens de responsabilité et respect envers le club.
- Envisagez-vous de renforcer l’équipe lors du prochain mercato?
On souhaiterait bien le faire en recrutant un ou deux joueurs. Néanmoins se pose toujours le problème de la qualité des joueurs sur le marché. Il y a également le problème de dettes. Est-ce qu’il faudra payer les joueurs ou éponger les dettes? La question mérite d’être posée.
- Vos supporters commencent à croire que votre équipe a un bon coup à jouer cette saison. Peut-on connaître vos objectifs pour la suite du parcours?
L’objectif reste toujours le maintien. Néanmoins, quand je parle du maintien, ça ne veut pas dire qu’on va s’endormir sur nos lauriers. Nous devons être ambitieux, pas des rêveurs. Nous sommes obligés de travailler toujours plus pour y arriver. Pour cela, il faut jouer chaque match à fond. Pour avoir de plus grandes ambitions, un accompagnement moral et matériel pour l’équipe est plus que nécessaire. Je remercie les supporters qui encouragent toujours les joueurs. La direction fait son maximum. Il y a des entrepreneurs qui sont venus soutenir. On espère que cela va aboutir. Le reste du parcours sera plus compliqué à domicile et à l’extérieur. On essayera d’être à chaque match au top de nos capacités.
- Peut-on miser sur l’OM pour qu’il puisse terminer la saison parmi les cinq premiers de la Ligue 1?
Il reste six matches afin de boucler la phase aller. On espère rester sur le podium ou être parmi les cinq premiers en attendant la suite du parcours. Le championnat est encore long avec l’arrivée du mois de Ramadhan et l’été. Il y a beaucoup de paramètres qui vont entrer en considération avec le climat, les conditions de travail, l’état psychologique des joueurs…Donc, on ne peut rien prévoir d’ici la fin du championnat, mais on espère continuer à donner le meilleur de nous-mêmes.
Photo: L’entraîneur Chérif Hadjar réalise avec l’O Médéa un parcours historique
F. B.
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Posté Le : 19/02/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Entretien réalisé par Farouk Bouamama
Source : elwatan.com du jeudi 18 février 2021