C'est une dramatique affaire d'homicide volontaire avec préméditation qu'avait à juger, mardi dernier, le tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa. Une jeune femme soupçonnée puis accusée d'adultère par son mari, quotidiennement battue par ce dernier, commet l'irréparable : elle le tue en lui fracassant le crâne à l'aide d'une grosse pierre. «Mes problèmes avec lui, et les disputes quotidiennes, commencèrent il y a deux années, à la naissance de notre deuxième fille qu'il n'a jamais voulu reconnaître car, m'ayant accusée d'adultère. Ce que je n'ai jamais commis et Dieu m'en est témoin». Et cette jeune femme, au corps frêle, abattue et l'air quelque peu hagard, d'ajouter : «Il n'avait rien d'humain. Il me battait tous les jours. Je n'en pouvais plus. J'ai alors pris, ce soir là du 5 septembre dernier, la grosse pierre qui servait de cale à la porte de notre demeure et j'ai frappé à la tête autant que mes forces le pouvaient. Je voulais le tuer mais je regrette aujourd'hui mon geste». En effet, de l'arrêt de renvoi, il ressort que le 5 septembre 2007, aux environs de 17h00, une dispute éclatait entre Kheïra A.Y, âgée de 37 ans et Benaïssa Z, son époux, âgé de 75 ans, aveugle et mendiant de son état, demeurant au douar Oum El-Massabih, relevant de la commune rurale de Hannacha, dans la daïra de Ouamri, situé à 30 km au sud-ouest de Médéa. Pour l'information, Kheïra A.Y était la deuxième épouse du défunt. Les deux épouses et leurs deux petites filles âgées de 2 et 3 ans vivaient sous le même toit, une vieille femme, et ses deux filles encore célibataires. Une fois le forfait commis dans la soirée, du même jour à 22h00, Kheïra A.Y se rend chez sa belle-soeur, habitant juste à côté et toutes deux se rendent à la brigade de la Gendarmerie nationale de Hannacha où Kheïra A.Y se constitue prisonnière. Les déclarations de l'accusée, ci-dessus relatées, faites lors de son interrogatoire menée par le président du tribunal, constitueront les seuls éléments sur lesquels se basera ce dernier, car les trois témoins appelés à la barre (la soeur de la victime, sa deuxième épouse et l'une de ses filles), n'apporteront aucun élément nouveau sinon que «le défunt arrivait à subvenir aux besoins des deux ménages grâce aux aumônes qu'il récoltait un peu partout à travers la région» ou que «irrité par sa cécité, le défunt s'emportait quotidiennement avec nous tous». Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public dira : «l'accusée reconnaît son geste : une grosse pierre, quatre coups sur la tête alors que son mari était étendu sur son matelas.. Un vieil homme de surcroît aveugle, qui ne pouvait pas se défendre. Entre la dispute, aux environs de 17h00 et le passage à l'acte, à 22h00, l'accusée a eu tout le temps pour préméditer son geste d'homicide volontaire. Elle ne mérite aucune circonstance atténuante car, au lieu de tuer son mari, elle aurait pu aller déposer une plainte à son encontre. C'est pour toutes ces raisons que nous réclamons la prison à perpétuité». Pour la défense : «Mariés depuis quatre années, ma mandante a toujours enduré les pires souffrances physiques et morales sans rien dire. Ceci jusqu'au moment où le défunt, l'a menacée d'aller parler de cette histoire d'adultère, qu'elle jure n'avoir pas commis, à sa famille et à travers le douar où vivait cette dernière. Elle a paniqué et elle a pris peur. Nous demandons à cet honorable tribunal de lui accorder les circonstances atténuantes les plus larges». Une demande à laquelle accèdera le tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa en condamnant Kheïra A.Y à 15 années de prison ferme.
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Posté Le : 28/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rabah Benaouda
Source : www.lequotidien-oran.com