Condamné à la réclusion à perpétuité, le 25 octobre 1999, alors qu'il se trouvait à l'étranger où il travaillait, il décide de rentrer au pays au mois d'avril dernier, fort de son innocence, et demande à être rejugé. Réhabilité et rétabli dans ses droits, son innocence ayant été prouvée, il est acquitté. Â C'est cette affaire qu'avait à rejuger, mercredi dernier après cassation du premier jugement, le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa, poursuivant ses audiences pour cette deuxième session de l'année en cours. Les sept années et demie séparant la date du premier jugement et celle du retour volontaire du condamné au pays s'expliquant par le fait que la famille de ce dernier n'avait jamais jugé utile de lui faire part de cette condamnation à la prison à vie ni même de son implication dans une affaire de détournement de deniers publics dont les faits remontent, selon l'arrêt de renvoi dressé par la chambre d'accusation près le tribunal de Médéa, à la période allant de 1992 à 1995 et dont avait été victime la COFEL (une coopérative de fruits et légumes) de Draa Smar, près de Médéa. Un détournement qui avait été estimé, à cette époque, à près de 500 millions de centimes et dont les accusés avaient été tous jugés et condamnés le 25 octobre 1999. Le seul à avoir été jugé par contumace et condamné à la réclusion à perpétuité était justement le dénommé Djamel B., âgé aujourd'hui de 47 ans, né à Berrouaghia et résidant actuellement en Europe où il est chef d'atelier en mécanique générale. Â Le président du tribunal entama son interrogatoire. Â Ensuite, des déclarations des douze témoins appelés à la barre, il s'avérera que onze d'entre eux confirmeront ne pas connaître l'accusé et ainsi le voir pour la première fois lors de cette audience. Le douzième, ancien chef du personnel de cette COFEL, étant son cousin. Cependant, le témoignage le plus important, car le plus déterminant quant à l'issue de cette affaire, aura été celui du chauffeur, un privé, ayant transporté le matériel détourné, qui, à la question du président du tribunal de savoir où se situait le garage en question, répondra avec exactitude: «En bordure de la RN, à la sortie sud de la ville de Berrouaghia». Â Aucune partie ne s'étant manifestée comme victime, ce sera au tour du réquisitoire du procureur de la République qui ira dans le sens contraire aux affirmations des témoins: «Mettre sept années et demie pour prendre connaissance de sa propre condamnation à la prison à vie nous paraît impensable quand on sait que l'un des témoins dans cette affaire se trouve être le cousin de l'accusé. Ce dernier va jusqu'à dire qu'il n'est concerné ni de près ni de loin par cette affaire de détournement. Nous considérons qu'il était en état de fuite. C'est pour ces raisons que nous réclamons deux années de prison ferme et 50.000 dinars d'amende à son encontre». Â La défense insistera, quant à elle, sur le fait que son mandant «s'est rendu de son propre gré à la justice de son pays, n'hésitant pas à délaisser sa responsabilité dans le poste de travail qu'il occupe à l'étranger. Il vous a dit la vérité. Nous faisons confiance à cet honorable tribunal dont le verdict ne saurait être que l'acquittement de mon client et sa réhabilitation». Â Ce à quoi répondra favorablement le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa qui, après de longues délibérations, prononcera l'acquittement en faveur de Djamel Benzineb, permettant ainsi à la justice d'en sortir grandie.
Posté Le : 10/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rabah Benaouda
Source : www.lequotidien-oran.com