Algérie

Médéa: Accusé de séquestration d'un mineur, il est acquitté



Elle était loin de moi l'idée de séquestrer mon jeune voisin, nos deux familles ayant toujours vécu dans la bonne entente et la plus parfaite cordialité. Nous formons, en fait, une même famille. Je regrette seulement d'avoir, en voulant faire peur au jeune garçon, utilisé du fil de fer pour le ligoter. Et je demande pardon à sa famille tout autant qu'à la justice de mon pays.» C'est ce que dira, à la fin de son interrogatoire par le président du tribunal, le dénommé Mohamed B., âgé de 37 ans, sans aucun antécédent judiciaire, habitant un quartier périphérique de la ville de Médéa. Un homme respectable, issu d'une famille tout aussi respectable et bien connue à Médéa. C'est cette affaire, la neuvième de l'actuelle session, de «séquestration d'enfant, suivie de coups et blessures volontaires» qu'avait à juger, mardi dernier, le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa. Des faits pour lesquels comparaissaient le dénommé Mohamed B., en détention préventive depuis six mois, et son neveu, Djamel B., âgé de 24 ans, lui aussi habitant le même quartier, et qui bénéficiait de la liberté provisoire. Ce dernier étant accusé de coups et blessures volontaires sur la personne du jeune Mounir Z., âgé de 12 ans. De la lecture de l'arrêt de renvoi, il ressort que le 6 novembre 2007, le principal accusé s'aperçut de la disparition d'une balance commerciale, d'une valeur financière de 5.000 dinars, selon l'accusé, qui était entreposée dans son garage, mitoyen à la maison familiale. Des traces, encore fraîches sur le sol, le conduisirent à la demeure toute proche de la famille Z. Les soupçons de l'accusé se portèrent immédiatement sur le ou les enfants de la famille Z. Les choses se précipitant, et d'un commun accord avec.. le père du jeune Mounir, pour amener ce dernier à dévoiler la vérité sur le vol de cette balance, l'accusé Mohamed B. décide de «l'enfermer» dans son garage. «Pas plus de six minutes», dira Mohamed B. Ce qui fera intervenir le représentant du ministère public: «Nul n'a le droit de se faire justice soi-même!» Et l'accusé de répondre: «Je regrette profondément mon geste. Je n'avais aucune intention malveillante. Je voulais juste qu'il me dît la vérité». Appelé à la barre, le jeune garçon dira: «J'ai été ligoté avec du fil de fer, battu et menacé de me voir jeter de l'esprit de sel, qui était par terre dans le garage, sur mon visage. J'ai été même menacé d'être pendu à l'une des poutres de ce garage. Je n'ai rien à voir avec le vol de cette balance, je le jure». Après que les déclarations du deuxième accusé n'eurent apporté rien de nouveau, ce fut au tour du père du jeune garçon de dire à la barre: «Je ne comprends pas comment on en est arrivé là pour une histoire aussi banale. Il n'y a jamais eu de problèmes entre nos deux familles. Je pardonne tout à Mohamed». Et ce furent des accolades très émouvantes entre ce dernier et son voisin ainsi qu'avec le jeune garçon. Dans son réquisitoire, le procureur de la République insistera sur «le fait d'avoir séquestré un enfant, un acte que la loi punit. C'est pour cette raison que nous réclamons cinq années de prison ferme pour Mohamed B. et deux années de prison ferme pour Djamel B.» Quant aux deux avocats de la défense, ils diront: «Le fait que ce n'est pas le père du jeune garçon qui ait déposé la plainte, mais la mère de ce dernier, prouve que les choses étaient allées trop vite, dans un moment de colère et dans la précipitation. Et dans ces circonstances, tout devient incontrôlable et peut basculer. Nous pensons qu'à travers son geste, notre mandant voulait juste donner une leçon d'éducation au jeune garçon, sans aucune intention de faire mal. Les six mois qu'il vient de passer en détention sont largement suffisants. Nous demandons à cet honorable tribunal la plus large compréhension et les plus larges circonstances atténuantes pour un acquittement pur et simple au profit de nos deux mandants. Nous avons confiance». Un appel qui sera entendu par le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa en prononçant l'acquittement pour Mohamed et Djamel B. qui devront cependant verser 20.000 dinars chacun à la famille du jeune Mounir, en guise de dommages et intérêts.


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