Algérie

Médéa Accusé d'être un terroriste, il est acquitté


«Tout ce que je peux vous dire, M. le président, et Dieu m'en est témoin, c'est que tous les faits, qui me sont reprochés, et pour lesquels je me trouve accusé aujourd'hui, ont eu lieu postérieurement à mon départ du pays, le 04 avril 1996. Je n'ai jamais, à aucun moment, été lié ni de près ni de loin au terrorisme. Je suis innocent». C'est ainsi que le dénommé Rachid H., âgé de 35 ans, entamera sa déclaration préliminaire lors de son interrogatoire, mené par le président du tribunal criminel près la cour de justice de Médéa, au cours de son audience de mardi dernier. Une déclaration qui fera réagir le représentant du ministère public : «Ces faits qui vous sont reprochés avaient bien commencé le 27 mars 1996». Quels sont justement ces faits? Selon l'arrêt de renvoi, il ressort que le dénommé Rachid H. est accusé d'avoir participé, en tant que membre actif d'un groupe terroriste armé qui activait à Médéa, à un homicide volontaire avec préméditation et guet-apens sur la personne d'un agent de l'ordre public, à des actes de vandalisme et de saccage de biens publics, à la pose de bombes artisanales sur la voie publique, à l'irruption de nuit dans un domicile, sis dans le quartier d'Aïn D'heb, en compagnie de quatre autres terroristes, pour l'enlèvement d'un citoyen et son assassinat à quelques mètres du domicile en question... Des faits commis entre le 27 mars 1996 et la fin du mois d'octobre de la même année. Sur sa décision de quitter le pays, le 04 avril 1996, l'accusé dira : «J'étais constamment harcelé par les services de sécurité. J'»avais pris peur pour ma vie, alors j'avais décidé d'aller à l'étranger. Je ne suis rentré au pays qu'une fois que j'ai su que j'étais accusé dans une affaire de terrorisme». Et le président du tribunal de dire : «Connaissez-vous S.Z ? « Et l'accusé de répondre : «Oui, M. le président, nous étions ensemble dans un centre de formation professionnelle puis dans une entreprise où nous travaillions. Mais il n'y avait aucun autre lien entre nous». Ce qui n'a pas été de l'avis du président du tribunal : «Alors pourquoi vous a-t-il nommément cité en tant que celui qui lui avait remis l'arme, un P.A, avec laquelle l'agent de police a été assassiné ? D'autre part, n'était-ce pas lui qui vous avait encouragé à rejoindre ce groupe terroriste armé ? Et l'accusé de dire : «Tout est faux, M. le président. Il n'y a aucune vérité dans ces déclarations». Les sept témoins appelés à la barre dont la mère et le frère du citoyen assassiné et surtout S.Z, un ancien terroriste qui vient de purger sa peine d'emprisonnement dans le cadre de cette même affaire et qui comparaissait en tant que témoin, n'apporteront aucun élément nouveau sinon des doutes et surtout des contradictions de la part surtout de S.Z. Pour la mère et le frère du citoyen assassiné : «les cinq terroristes étaient tous cagoulés». Alors que S.Z fera preuve de contradictions dans ses déclarations. Le dernier intervenant en tant que témoin a été O.B, toujours détenu dans le cadre d'une autre affaire liée au terrorisme : «De par ma position au maquis, je peux vous dire, M. le président, qui celui qui a tué l'agent de police a trouvé la mort quelque temps après, alors que ses deux compagnons, ayant participé à cet acte, ont bénéficié de la loi sur la concorde civile et sont aujourd'hui avec cette affaire. Je suis responsable de mes paroles et Dieu m'en est témoin». Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public s'appuiera surtout sur les déclarations de S.Z : «Elles sont capitales et ne laissant aucun doute sur la culpabilité de l'accusé. Une accusation que ne peut démolir ce passeport que l'on nous présente aujourd'hui avec cette date du 04 avril 96, jour où l'accusé aurait quitté le pays, alors que l'agent de police a été tué le 22 avril. L'accusé a délibérément choisi de nous cacher la vérité. C'est pour toutes ces raisons que nous réclamons la prison à perpétuité à son encontre». Pour les deux défenseurs de l'accusé : «Le fait qu'un détenu témoigne contre un autre détenu n'a aucune valeur juridique. le réquisitoire du ministère public ne repose sur rien de solide, sur aucune preuve tangible. Nous avons confiance en cet honorable tribunal. Nous espérons l'acquittement pur et simple, car nous pensons que c'est le seul verdict possible et logique dans cette malheureuse affaire». Et ce sera ce que décidera le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa qui, après délibérations, répondra non à toutes les questions relatives aux faits reprochés à Rachid H. qui s'en sortira avec un acquittement.
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