Les médecins spécialistes exerçant au
niveau de l'EPH de Mécheria, soutenus par les paramédicaux du même
établissement, ont observé lundi dans la matinée, de 10h à midi, un sit-on en
signe de protestation contre la décision qui aurait été prise par le DSP de
Naama de traduire deux de leurs collègues, en l'occurrence Dr Nawel Mekous
(gynécologue) et Dr Karima Zaïdi (réanimatrice), devant le conseil de
discipline pour, semble-t-il, négligence médicale et abandon de poste ayant
entraîné le décès d'une patiente, le 17 juin 2008, sur la table d'accouchement,
ce qui, a priori, est rejeté en bloc par les mises en cause dans une
correspondance adressée au DSPS, en réponse à sa demande d'explication. En
effet, dans cette correspondance dont une copie a été remise à notre rédaction
et signée en guise de soutien par le directeur de garde, le surveillant de garde,
deux gynécologues et un médecin généraliste relevant du même secteur, la
gynécologue incriminée affirme que le décès de la patiente (K.H., 38 ans)
illustre bel et bien un tableau typique d'une embolie amniotique d'autant plus,
souligne-t-elle, que la défunte a expulsé au préalable un anencéphale en état
de choc avec altération de l'état de conscience et mydriase bilatérale. Le cas
d'une embolie amniotique est définie, selon son rapport, par un accident
soudain, brutal, inattendu, imprévisible et dramatique. C'est la 3e cause,
précise-t-elle, de mortalité maternelle, qualifiée d'inévitable. Elle n'est ni
prévue ni prévenue, ajoutant qu'en matière de prise en charge, la défunte était
entourée d'une équipe médicale composée de trois gynécologues venus en renfort,
un réanimateur de garde, deux sages-femmes, un anesthésiste et un
instrumentiste. Et malgré une réanimation de plus d'une heure, le décès n'a pu
être évité.
Les spécialistes qui ont observé ce sit-in
sont scandalisés à l'idée que l'enquête ouverte à ce sujet par la DSPS aurait
été confiée à une simple sage-femme exerçant dans les services administratifs
de la DSPS de Naama alors qu'en principe un tel cas nécessite, selon eux, une
expertise médicale impliquant des compétences dans le domaine et même l'implication
du conseil de l'ordre, chose qui n'aurait pas été faite, selon eux. Il y a lieu
de signaler que l'hôpital de Mécheria, d'une capacité de 120 lits seulement
pour plus de 100.000 habitants, est une vieille bâtisse datant de l'ère
coloniale (plan de Constantine). L'état de vétusté dans lequel il se trouve est
loin de garantir les conditions de travail aux spécialistes qui y exercent,
aujourd'hui, à cause du manque d'espace et de moyens matériels. Au début de
l'année 2008, ils étaient 49 spécialistes couvrant presque toutes les
spécialités. Aujourd'hui, ils ne sont que 23. La société civile craint beaucoup
cette hémorragie qui risque d'avoir des conséquences fâcheuses sur la santé
publique des citoyens locaux.
Le nouvel hôpital de 120 lits inscrit au
titre du fonds de développement des Hauts Plateaux, censé venir atténuer
quelque peu la tension qui s'exerce sur l'EPH de Mécheria, est depuis plus
d'une année au stade des études et des formalités administratives, nous a-t-on
dit.
Posté Le : 11/02/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M S Laradji
Source : www.lequotidien-oran.com