Algérie

Mécanique de précision ou bombe à retardement


Peut-on raisonnablement croire à la fin des subventions généralisées sur les produits de large consommation, comme le propose le gouvernement dans la loi de finances 2022' La réponse est non, en tout cas, pas à courte échéance. L'année prochaine est déjà inscrite sous le signe du même régime de subvention que les 59 années précédentes. Le gouvernement a dégagé une enveloppe de plus de 1900 milliards de dinars pour soutenir la consommation des carburants, l'électricité, l'eau, la semoule et du lait. Il faut dire que sans cet apport financier du Trésor public, la classe moyenne s'effondrerait. On n'est donc pas dans une logique d'amélioration du pouvoir d'achat, mais carrément dans la structure même de la consommation des Algériens. C'est dire que les subventions ne permettent pas aux communs des citoyens de s'offrir des extras, mais constituent une partie intégrante de leur budget. La raison de cet état de fait tient au niveau des salaires nationaux qui, ramenés aux cours mondiaux des principales monnaies qui s'échangent à l'international, sont très bas. Sachant que le Snmg, dont la valeur en dinars est de 20000 Da, ne rapporte que 143,64 dollars et qu'avec les 41000 Da que représente le salaire moyen, l'équivalent de 294,45 dollars, il est impensable de croire que l'Algérien puisse faire face à une levée des subventions. Que cette levée soit brutale ou progressive, il n'existe pour ainsi dire, aucune marge dans le pouvoir d'achat, susceptible d'être grignotée.Conscient de cet état de fait, le gouvernement affirme son intention de compenser la perte de pouvoir d'achat, des catégories sociales les plus affectées, par des apports financiers directs. Une sorte de second salaire dédié spécifiquement à payer le différentiel de prix des produits de large consommation après la levée des subventions. Mais encore faut-il fixer la barre des revenus au-delà desquels, le «second salaire» ne sera pas versé. Faut-il calculer ce niveau de salaire en dinars ou en dollars' Car, il est entendu qu'une dévaluation du dinar rendrait inefficace le soutien aux familles auquel cas, il faudra adapter cet apport financier à l'inflation, puisque hors soutien de l'Etat, le prix de la semoule obéira à la loi du marché mondial.
Un casse-tête en perspective pour un Etat qui aura à distribuer des chèques à des millions de travailleurs. Et pour cause, une étude de l'année dernière, révèle qu'une famille de 5 personnes a besoin de 76 000 dinars mensuellement. Ce niveau de salaire tient compte des subventions généralisées. L'on est en droit de poser la question de savoir ce que deviendra un foyer de cette taille hors subvention. On voit mal l'Etat accorder une subvention directe à un père de famille dont la rémunération est à ce niveau, même si en dollars, cela ne représente que 545,81 dollars. Objectivement, la subvention directe sous forme d'apport financier au foyer ne se ferait pas sans d'importants dégâts au sein de la classe moyenne.
Cela pour les faits. Pour le reste, il faut savoir que l'un des arguments-phares du FMI, grand défenseur de cette thèse, tient du fait que les subventions sont derrière le gaspillage d'électricité, d'eau, de carburant et de pain. Une modération dans la consommation ne pourrait intervenir qu'en responsabilisant les foyers à la maîtrise de leur consommation. Et partant réduira la facture pour l'Etat. Une option à haut risque, pour la simple raison qu'on ne connaît pas vraiment la portée de l'abus dans le budget des familles et son impact sur les transferts sociaux.
C'est dire qu'une étude très détaillée est nécessaire pour identifier exactement le poids des subventions dans la vie des Algériens, en ces temps où des pays riches entreprennent de bloquer les prix de certains produits pour éviter un déclassement social, dont les retombées sur l'économie et la société sont terribles. En Algérie, en tout cas, il est clair qu'une famille de quatre personnes vivant avec un salaire de 41 000 DA, même subventionnée, aura d'immenses difficultés à boucler les fins de mois, en raison d'une inflation incontrôlée qui pourrait survenir. La seule hausse du carburant induira des augmentations de prix à tous les niveaux. Du transports public, jusqu'à la coupe de coiffure.
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