«Non à la clochardisation de la ville»
Avocat depuis 24 ans, Maître Khemisti Mohamed Farid est connu sur la place publique pour être un militant des droits de l’Homme. Notamment pour avoir défendu des émeutiers en 1988, des syndicalistes et journalistes et surtout pour avoir choisi en 1991 de fermer son cabinet pour en faire le siège du CNSA à Oran.
L’homme qui se réclame du courant républicain et démocrati- que, est-il besoin de le signaler, ne s’est jamais enfermé dans un carcan politique précis.
La voix de l’Oranie: «Non à la clochardisation de la ville d’Oran» a été un de vos slogans de campagne pour ces élections législatives. Un commentaire ?
Me Khemisti Mohamed Farid: En effet, le RCD entend redonner à Oran sa véritable vocation de capitale régionale. Nous pourrons longuement parler des problèmes que vit la ville d’Oran, mais ce qu’il faut retenir c’est sa gestion qui l’a menée à ce qu’elle est aujourd’hui: un véritable dépotoir. Tout cela parce que la cité n’est pas gérée par la société civile. Tout cela parce qu’elle n’a pas été gérée par les enfants de cette ville, mais par le pouvoir central. Ce qu’on entend faire, c’est organiser la société civile pour prendre en charge les questions du développement de la ville. Il faut pour cela associer les citoyens à la gestion de la ville. - Concrètement, quelles sont vos propositions?
- A notre niveau, nous ne pouvons qu’encourager la société civile à travers les associations existantes au niveau de notre ville et, partant, au niveau de notre wilaya. C’est le cas de cette association qui intervient dans la préservation des monuments historiques et l’échange culturel entre les deux rives de la Méditerranée, cette autre association qui s’occupe de la réhabilitation du vieux bâti et qui est en train de réaliser un village d’artistes. Une autre association vient en aide, de façon magnifique, aux familles démunies. La liste des autres associations qui font ce type de travail serait longue à énumérer. Bref, tous les gens de bonne volonté qui veulent du bien et qui sont jaloux de leur ville. Histoire de redorer son blason, celle de capitale régionale de l’Ouest du pays.
- Un des axes de votre programme, repose sur la réhabilitation du vieux bâti à Oran et la gestion des nouvelles cités. Peut-on connaître les contours?
- Vous savez que la cité d’Oran, c’est d’abord ses quartiers traditionnels et séculaires à la fois, comme Sidi El-Houari, El-Hamri, Médina J’dida et malheureusement d’autres quartiers qui tombent en ruine dans le silence et parfois dans l’indifférence des responsables locaux. Le RCD entend encourager toutes les associations qui prendront en compte la rénovation du vieux bâti pour sauvegarder l’héritage que nous ont laissé nos ancêtres. Concernant les nouvelles cités, il faut le dire, elles sont devenues, la densification de l’habitat aidant, de véritables coupe-gorge. Le bon sens veut qu’il faille créer de petits ensembles aisément maîtrisables, aisément gérables. Le hic est qu’il y a absence d’équipements comme les aires de jeux. Nous comptons nous ingérer dans les plans de développement et proposer des types d’habitats conviviaux et gérables. Vous savez que le plan d’aménagement de la ville (PDAU) a été fait à l’insu des citoyens. Allez gérer aujourd’hui une cité comme l’USTO, vous seriez édifié! Même les routes à l’intérieur du tissu urbain, ils n’arrivent pas à les gérer...
- Oran a été de tout temps une ville culturelle. Malheureusement, aujourd’hui, elle connaît au quotidien une morosité ambiante. Que se passe-t-il exactement?
- Pour dire vrai, je dois reconnaître, qu’au plan culturel, Oran connaît des dégâts énormes. Une ville qui a connu, est-il pénible de le dire aujourd’hui, la perte de grands hommes de culture, comme Alloula, Ahmed Wahbi... Savez-vous qu’Oran disposait d’une trentaine de cinémas, de centaines de librairies, outre les structures de jeunesse de proximité. Inutile de remuer le couteau dans la plaie, et l’important c’est qu’elle dispose d’un réservoir de jeunes qui ferait pâlir d’envie bien des pays pour peu que ces énergies soient canalisées à bon escient. Et c’est dans cet esprit qu’on entend rénover certaines structures vieillissantes et réfléchir sur la réalisation de nouvelles structures culturelles au niveau de nouvelles cités, tant il est vrai que la plupart des jeunes se morfondent dans l’oisiveté. En un mot, nous voulons relancer l’activité culturelle là où elle est absente au niveau de toute la wilaya d’Oran.
- L’école publique figure en bonne place parmi les 100 commandements du RCD. Quelle lecture faites-vous de l’institution éducative ?
- Pour reprendre une formule déjà usitée, l’école algérienne est sinistrée. A mon sens, il faut revoir l’ensemble des programmes scolaires, une sorte de refonte avec comme toile de fond une révision du nombre de matières à enseigner, avec plus de temps pour la pratique du sport. Le tout est d’en faire une école républicaine et non une école d’endoctrinement à l’islamisme.
Propos recueillis par Safi Z.
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Posté Le : 07/05/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com