«Le fonds documentaire est menacé» Bien des espaces et organismes culturels qui ont, par le passé, connu un certain prestige, se sont retrouvés, faute de moyens et du fait du désintérêt manifeste affiché par les autorités locales, contraints de cesser, provisoirement pour les uns et définitivement pour les autres, leurs activités. La Société de géographie et d’archéologie d’Oran, domiciliée dans le sous-sol du marché Michelet, en fait partie. Disposant d’un considérable fonds documentaire, consacré au patrimoine de toute une région, cette entité dont les locaux se trouvent dans un état de décrépitude n’est plus aujourd’hui en mesure de jouer pleinement le rôle qui lui était dévolu depuis sa création, il y a plus d’un siècle. Le nouveau directoire, issu d’une toute récente assemblée générale élective, tente de reprendre en main et redynamiser les activités de la société. C’est ainsi que le nouveau président de la société, Me Bey Guermesli, avocat au Barreau d’Oran, s’est attelé, aussitôt élu, à alerter les autorités locales sur la situation de la société et de les solliciter pour un éventuel soutien en vue de la relancer et partant lui faire recouvrer son image d’antan qui est un véritable rôle de centre de documentation à la portée des chercheurs et universitaires. C’est dans cette optique qu’il a rendu visite au siège de notre journal pour lancer son appel qui s’apparente à un cri de détresse. Dans un entretien à bâtons rompus, il fera part sans ambages de ses préoccupations, de ses attentes et de son programme. V.O: A l’exception des chercheurs qui ont eu par le passé le privilège d’accéder à son considérable fonds d’archives, la Société de géographie demeure encore très méconnue du public oranais. Pouvez-vous très brièvement nous présenter votre société et nous donner des précisions sur sa véritable mission? - Me Bey Guermesli: La Société de géographie et d’archéologie d’Oran n’est pas très connue parce que ses activités ont été pratiquement gelées depuis longtemps et n’a pu de ce fait diffuser les bulletins qui rendaient compte de ses activités et des travaux de ses collaborateurs. La Société de géographie est une société savante qui existe à Oran depuis 1878 et qui a des homologues à travers le monde. Un décret datant du 29 mai 1922 lui confère un statut d’utilité publique. La Société dispose d’un gisement d’archives unique en Algérie qui date de la période coloniale et couvrant divers domaines, notamment la faune, la flore, la sociologie, l’ethnographie et la cartographie d’époque concernant toute la région d’Oran, autrefois connue sous l’appellation de province d’Oran. C’est aussi dans les locaux de la société qu’a été créée la Fondation de l’Emir Abdelkader. - Qu’est-ce qui empêche votre société de jouer aujourd’hui pleinement son rôle? - Justement, ma visite dans votre journal s’inscrit dans une démarche de reprise en main de la société et de relance de ses activités pour préserver un patrimoine. Les locaux qui sont censés abriter la mémoire de toute une région sont aujourd’hui dans un état de décrépitude. Ainsi, l’important fonds de documents se trouve menacé de détérioration et de disparition. C’est pourquoi je profite de l’occasion qui m’est offerte pour lancer un cri de détresse en direction des autorités locales, notamment l’APC et l’APW, seules à même de nous donner les moyens pour sauver un trésor culturel de la déperdition et de nous permettre ainsi de le mettre à la portée des chercheurs et des universitaires. - En quoi consisteraient ces moyens? - Des moyens financiers évidemment qui nous autoriseraient à entamer les travaux de réfection nécessaires pour protéger le fonds documentaire disponible qu’il serait difficile, voire impossible, de reconstituer. Il faut mettre en place également un personnel pour veiller à la sécurité des archives, acheter du matériel de photocopie pour la reproduction des documents à consulter, etc.. - Quels sont les axes d’actions pour redynamiser la société? - Un programme d’actions est en voie d’élaboration, mais sans argent on ne peut rien faire. Dans le court terme, il s’agira de protéger le fonds documentaire de toute sorte de dégradation, de procéder à la réouverture de la société et d’entamer la reprise des activités. Ensuite, il faudra bien sûr établir l’inventaire exhaustif du fonds documentaire, reprendre la publication des bulletins périodiques, renouer le contact avec les sociétés de géographie à travers le monde, s’équiper en matériel informatique et numériser l’ensemble de la documentation.
Posté Le : 11/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com