Algérie


Résumé : Maya avait reçu une bonne éducation. Elle était une brillante élève qui avait décroché ses diplômes sans trop de difficultés. Samia avait tenu à ce que sa fille soit cultivée. Cependant, la jeune fille devrait renouer avec sa propre culture et sa famille.Après son 18e anniversaire, Maya, n'y tenant plus, demande à sa mère de lui raconter enfin tout ce passé dont elle ne connaissait que des bribes. Samia lui avait décrit la villa dans laquelle elles avaient toutes les deux vécu jusqu'à leur départ en Europe, ses relations avec sa famille, et quelques bons souvenirs qu'elle évoquait, les larmes aux yeux.
-J'ai décidé de rentrer au bled dès cet été, lui dit Samia. Qu'en pense-tu Maya ' La jeune fille ébauche un sourire radieux.
-Mais je n'attendais que ça depuis des années. Je suis pressée de connaître ma famille et surtout de rencontrer mon père. Samia sourit. En fait elle-même voulait revoir Djamel. Ne serait-ce que pour lui demander pardon. Oui. Elle lui doit un peu ça. Mais tout de même, ce sacrifice qu'elle avait dû faire n'avait pour but que de le décider à prendre sa vie en main. Hélas ! Djamel n'avait jamais consenti à prendre une autre femme et avoir d'autres enfants. Si toutefois il l'avait fait, Samia n'en aurait été que plus heureuse pour lui. Elle-même avait reçu des dizaines de demandes en mariage. Elle était encore jeune et attirante. Mais à chaque fois elle répondait à ses prétendants qu'elle était déjà mariée. En fait, c'était la réalité. Djamel et elle n'avaient jamais divorcé. Il ne l'avait jamais accepté. Et maintenant il était trop tard pour revenir en arrière. Djamel ne divorcera pas. Pas maintenant. Quinze années sont passées depuis leur séparation. Elle avait su par le biais d'un message sur son email que son beau-père n'était plus de ce monde, et que sa belle-mère était malade et impotente. "Qui s'occupait donc d'elle '", se demande Samia. Djamel a-t-il engagé une infirmière pour la prendre en charge ' Elle pousse un long soupir, puis constatant que Maya attendait toujours sa réponse, elle s'approche d'elle et lui entoure les épaules.
-Ton père m'appelait "ma poupée de sucre".
Maya sourit.
-C'est mignon. Mais pourrais-je savoir pourquoi '
Samia hoche la tête.
-Oui. Un jour, j'ai été dans une pâtisserie pour acheter des gâteaux. En fait, c'était un jour particulier. C'était le jour où on venait demander ma main. Maya, les oreilles grandes ouvertes, n'osait interrompre sa mère qui se lançait dans le récit sans fin de sa rencontre avec son père, de leur mariage, de sa naissance et des évènements qui avaient suivi. Samia racontait en essayant de n'omettre aucun détail. Mot après mot, Maya reconstituait le puzzle de son existence. Elle comprit enfin les raisons qui avaient poussé sa mère à agir de la sorte. Elle avait compris le prix de son sacrifice et les souffrances qu'elle avait endurées par amour pour son père. À la fin du récit, elle se jette dans les bras de sa mère et se met à sangloter à fendre l'âme. Samia lui caresse les cheveux. Elle avait enfin vidé son c?ur et apaisé sa conscience. Maya comprenait. Elle était en âge de comprendre les motivations de sa mère de s'éloigner de sa famille et de son pays. Elle s'était estimée en droit de gérer l'avenir de son mari, qu'elle aimait par-dessus tout. Et ce geste d'amour, Djamel l'avait compris. C'est pour cela qu'il n'avait jamais consenti à se remarier.

(À SUIVRE)
Y. H.
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