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mauvais sang : «Ecrire et mourir...» Culture : les autres articles



mauvais sang : «Ecrire et mourir...»                                    Culture : les autres articles
Un jour, je discutais «violemment» avec un ami qui voulait me prouver par A + B que les meilleurs romans algériens n'avaient pas encore été publiés.
«Mieux que ça, ils existent mais leurs auteurs ne voudront jamais les révéler à la lumière des lecteurs. Et j'aime cet acte de résistance.» Oui, pourquoi pas' mais à quoi cela sert-il ' Un geste artistique, quel qui soit, doit au moins être partagé. Non ' Donc, tu écris, tu te caches et tu déprimes en buvant ton café et en humant l'air de ta clope achetée pour pas un rond. Ce geste arty ne m'intéresse pas. En tout cas, ce dialogue de sourds avec cet ami m'a renvoyé à une période, début 2000, où je me trouvais sur Alger pour un projet documentaire. J'avais l'habitude de prendre le bus Draria/Ben Aknoun et je fis la connaissance d'un sexagénaire, assez dandy sur les bords, et affichant de belles lunettes noires carrées.
A force de me voir, il vint vers moi et une discussion prit naissance entre El Achour et Ben Aknoun. Je parlais peu, il prenait constamment le dessus et mon insociabilité réduisait ma curiosité. Au début, je le laissais vagabonder dans ses méandres philosophiques, puis progressivement, je l'interrompais, retournais la situation à mon avantage et finalement, lui envoyais quelques revers ou des «volées» de paroles. Il écoutait sans mot dire et me laissait croire que j'avais tout compris. Et par un ou deux mots, il mettait fin à la prétention de mes 24 ans. Ces échanges durèrent deux mois puis je retournais en France. Il y a deux ans, par un pur hasard, je repris ce bus.
Le chauffeur était le même et je finis par lui demander des nouvelles de mon poète. Il était mort. J'appris dans la foulée qu'il n'avait jamais vraiment travaillé, vivait chez sa s'ur et s'enfermait tous les soirs dans sa chambre, écrivant des tonnes de notes, des observations de sa journée passée. Quelques semaines après le décès, sa s'ur déménagea pour je-ne-sais-où, emportant avec elle un roman, des carnets de bord, des feuilles arrachées. Un secret. Mon regret dans cette histoire, c'est de ne lui avoir jamais posé LA question : «Mais que faites-vous dans la vie '» Sans doute, qu'à cet instant, j'aurais lu le plus beau des romans algériens. Peut-être'


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