Algérie

Mauvais comptes


Mauvais comptes
La Cour des comptes a rendu son verdict sur le budget 2012. Son rapport d'appréciation sur l'avant-projet de loi de règlement budgétaire pour 2012 remet au goût du jour la complaisance avec laquelle sont manipulées les caisses de l'Etat. La phrase n'est pas excessive. Notamment sur le chapitre réservé aux fonds spéciaux du Trésor et aux allocations destinées à acheter la paix sociale.Bien que la Cour des comptes n'en soit pas à son premier réquisitoire en la matière, elle revient à la charge sur la gestion opaque de ce qu'on appelle, vulgairement, les «caisses noires de l'Etat». L'Etat a dérapé à nouveau sur la chaussée glissante de la dépense, injectant d'importantes sommes dans des gouffres financiers improductifs. Le levier de contrôle a été sciemment mis à l'arrêt. A Dieu ne plaise, l'on risque de se mettre à danser devant le buffet si le rythme de la consommation budgétaire n'est pas ralenti.En clair, les magistrats de la Cour des comptes jugent peu orthodoxe le budget 2012, concocté dans les cuisines les plus étroites du gouvernement. Les fonds spéciaux du Trésor sont peu contrôlés. Ils étaient encore nombreux à être créés en 2012, augmentant davantage les budgets sociaux. L'année 2012 inaugurait une nouvelle étape de la politique volontariste de l'Etat, au lendemain d'une émeute sociale qui a failli sonner l'heure du «printemps algérien».En 2012, l'Etat a élargi sa politique de subvention à plusieurs produits, détaxés à leur sortie des ports du pays. Comme quoi les émeutes de janvier 2011 ne sont que l'effet retour de manivelle d'une inflation que l'on veut importée. Le Printemps arabe en était alors à sa seconde année. Le gouvernement algérien a largement revu à la hausse ses allocations financières destinées à étouffer dans l'?uf le courroux de la société. Le budget consacré aux subventions et aux différents transferts sociaux amorçait alors une croissance effrénée, voire incompressible à l'avenir. Voilà pour l'année qui a suivi l'émeute sociale de janvier 2011.La Cour des comptes, qui évaluait l'avant-projet de loi de règlement budgétaire pour 2012, n'a pas manqué de sonner le tocsin sur l'ampleur des subventions. Pour les années à venir, les choses risquent d'être beaucoup plus compliquées, à l'heure où les ventes d'hydrocarbures ne font plus bonne recette. Le Trésor, qui finançait l'essentiel des transferts et des subventions, valsait depuis quelques années déjà au rythme d'un déficit que l'on a délibérément laissé filer.Le budget de 2012 était encore une fois celui de tous les dérapages, conclut la Cour des comptes. Ceux de 2013 et de 2014 sont également émaillés d'importants excès. Il va falloir se mettre rapidement aux arbitrages. Et ils seront assurément douloureux, mais nécessaires. Car, l'an prochain, le déficit du Trésor sera encore plus important et le recours aux avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) sera plus accru. 2015 sera marquée, cependant, par une baisse des recettes. L'équation budgétaire se complique.


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