Alger - Sidi Abderrahmane At Thaalibi

Mausolée Sidi Abderrahmane, Pour quand la fin des travaux de restauration ?



Dans le cadre de la restauration des vieux palais et monuments de la vieille médina, le mausolée Sidi Abderrahmane, classé patrimoine national en 1987, fait l’objet de réhabilitation. Après les travaux d’assainissement menés par une entreprise de la wilaya d’Alger, la tâche de restauration de ce site a été confiée depuis plus de deux années à deux autres entreprises de Tlemcen.

Depuis six mois, les entreprises Sarl Cotram et ETB Mesmoudi (qui ont restauré, entre autres, le mausolée Sidi Boumediène) et les deux bureaux d’études Athar et ADT Chraïtia sont à pied d’œuvre et s’attellent depuis plus de deux années à la réhabilitation de ce patrimoine qui s’étale sur environ 1500 m². L’intervention des entreprises spécialisées s’est opérée sur un espace de

500 m², à savoir le noyau central qui renferme les annexes, les deux salles de prière et les cinq mausolées des saints Sidi Flih, Sidi Mançour, Sidi Ouali Dada, Sidi Ouadah et Sidi Abderrahmane, selon Omar Hachi, consultant dans le domaine de recherche en restauration.

Notre interlocuteur tient à préciser que «les indus occupants qui élisaient domicile, ont dénaturé le lieu et il nous appartient de restituer l’espace comme il était autrefois».

Il va sans dire que «l’état des lieux a nécessité des travaux de consolidation, avant d’entamer la phase de restauration dont les délais de livraison, poursuit-il, sont tributaires du budget mobilisé à cet effet». Par ailleurs, poursuit notre interlocuteur, «les matériaux, la forme de l’ouvrage, les techniques de construction, etc., révèlent le témoignage d’une histoire que résument les us et coutumes de la société de l’époque». Pour cela, précise-t-il, «la restauration nécessite parfois plusieurs mois afin de pouvoir identifier et remettre en l’état l’ouvrage tel qu’il était.» Nous avons tenté de prendre langue avec la cellule restauration de

La Casbah au niveau de la daïra de Bab el-Oued, mais en vain.

Les responsables n’ont pas jugé utile de nous éclairer sur l’état d’avancement des travaux et le coût de l’opération.

Personnalités illustres

C’est dans la qoubbâ de la gracieuse mosquée à l’architecture maghrébine, que le saint patron d’Alger, Sidi Abderrahmane Etthaâlibi (de son vrai nom Ibn Zeïd Ibn Makhlouf Abderrahmane Et Thaâlibi – de la tribu des Thaâlba) fut inhumé en 1471.

Sa fièvre d’ascétisme, sa foi, sa culture et son savoir lui ont conservé dans l’hagiographie algérienne, une place de choix.

Dans le cimetière jouxtant la qoubbâ, fut inhumé aussi Sidi Ouali Dada, ce saint venu d’Orient et qui, selon la légende, il souleva les navires de Charles Quint, grâce à un coup de bâton dans les flots de la mer.

Dans ce sanctuaire, élevé extra-muros de l’ancienne médina vers la fin du

XVIIe s., trônent aussi le tombeau à petite qoubbâ de Lala Aïcha (petite-fille de Sidi Abderrahmane), les tombes d’autres personnalités de haut rang de l’époque ottomane tels Khedeur Pacha (1605), Youcef Pacha (1687), Ali Khodja, avant-dernier dey d’Alger (1818), Ahmed Bey de Constantine (1848) ainsi que d’autres figures illustres comme Mohamed Ben Chenab (1929-1969), Abdelhalim Ben Smaya ou l’illustre miniaturiste enlumineur, Mohamed Racim (1896-1975). Soulignons que la medersa construite dans un style néo-mauresque en 1904 par l’administration coloniale jouxte le mausolée qui, initialement, était érigé, lui, intra-muros de la médina d’Alger.

Cet ensemble fut repris de nombreuses fois par les peintres orientalistes sur leurs subjectiles au regard de sa position géographique et du symbole qu’il représentait pour les notables d’Alger notamment lors des fêtes religieuses.

Entre l’aspect cultuel et celui culturel

Il n’est pas moins évident que le lieu a, de tout temps, revêtu l’aspect du sacré, voire mystique. Les hadra organisées annuellement drainaient ce qu’on appelle les «abir sabil» qui affluaient des régions mitoyennes avec la médina d’Alger.

Hormis les fêtes religieuses où les gens venaient assister à une litanie de

md’dih et qçaïd, on organisait l’espace de trois ou plusieurs jours une cérémonie pendant laquelle les convives faisaient ripaille dans une ambiance grandiose. Une fête qui n’offrait pas moins l’image d’une nature lyrique. Mais quelle serait la finalité de ce lieu dont les gens continuent à attacher une certaine dévotion éculée ou en porte-à-faux avec les préceptes de l’Islam ? A quelles fins seront utilisées les dépendances, une fois restaurées ? Seront-elles le réceptacle d’une dévotion où la plèbe vient quémander l’intercession tout en s’enlisant dans un certain charlatanisme qui ne dit pas son nom et que nous taisons de crainte d’écorcher certaines susceptibilités ? Le lieu sera-t-il le témoignage de saints qui ont marqué de leur empreinte l’histoire méconnue des petites gens ou un espace où seront suspendus des ex-voto ? En clair, le site constituera-t-il un espace cultuel ou un lieu culturel désacralisé ? C’est à cette série d’interrogations, que nous taisons habituellement, que des réflexions sont engagées par-ci par-là, dans le dessein de faire de ce patrimoine historique un centre de rayonnement, nous dira en filigrane, Omar Hachi qui souhaite au même titre que d’autres historiens, que «cet espace soit réservé à un haut lieu de mémoire où les gens, particulièrement les chercheurs et étudiants peuvent organiser des conférences et trouver matière à leur recherche».

Car il demeure difficile d’éviter de brusquer certains tabous bien établis et bien ancrés dans l’esprit d’une frange d’accros.

Cela n’empêche pas que des propositions soient avancées, timidement certes, à l’effet de capitaliser cet espace historique. Sans enlever, bien évidemment de sa sacralité.






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