Algérie

Mauritanie : Un recensement hautement controversé



Mauritanie : Un recensement hautement controversé
Le recensement national de la population fait exploser les tensions raciales. Les Négro-Mauritaniens (20% des 3, 5 millions d'habitants) ont été empêchés jeudi par la police de se rendre à l'Assemblée nationale pour demander l'annulation de ce recensement qu'ils jugent «discriminatoire et raciste». Ils craignent une remise en question de leur nationalité qu'il leur est demandé de prouver par des pièces «quasi impossible à  réunir (pièces d'identité ou actes de décès des arrière-grands-parents, etc)» et un remake des affrontements produits en 1989 et 1990, occasionnant l'exode de milliers d'entre eux vers le Sénégal et le Mali. Depuis mardi, les manifestants qui avaient pris du poids depuis le 6 mai 2010, date du lancement de ce recensement pour une durée indéterminée, ont leur première victime : Lamine Mangane, un jeune de 21 ans. Il a été tué par balle à  Maghama, 110 km au sud de Nouakchott, par la gendarmerie. Après cette mort qui a élargi la contestation déclenchée dans la Vallée du Fleuve Sénégal, notamment à  Kaédi, à  430 kilomètres au sud de la capitale, certains Négro-Mauritaniens  refusent d'être des citoyens de seconde zone.Mohamed Ould Boilil, le ministre de l'Intérieur,  justifie cette opération qui utilise un système biométrique d'identification des citoyens et leurs caractères physiques, par son besoin de corriger le fichier actuel de l'état civil truffé d'erreurs, de lutter contre la fraude et l'immigration clandestine et de se conformer au nouveau Code civil en décembre 2010. Sur sa lancée, il fustige «les manifestants qui, sous prétexte d'arguments fallacieux, véhiculent, inconsciemment, par rapport à  l'opération d'enrôlement, des slogans sans fondements qui, au-delà de l'intoxication, sont l'œuvre d'acteurs politiques malveillants et peu soucieux de l'intérêt national» et met en garde «ceux qui troublent l'ordre public».Certains médias du pays aux mille poètes font état de «tendancieuses et provocatrices» les questions réservées aux Noirs comme leur demander de prouver leur «mauritanéité» en s'exprimant en hassanya (dialecte maure) ou en récitant une verset du Coran. Des militants du collectif «Touche pas à  ma nationalité» se demandent eux, si garder sa nationalité pour un Noir est «devenu un concours». Les plus radicaux estiment que «ce recensement vise uniquement à  priver les Mauritaniens Noirs de leur citoyenneté». «Le plus grand danger qui menace la cohésion nationale est le recensement en cours, ce qui m'amène à  demander avec insistance au gouvernement de revoir ce programme qui a suscité d'innombrables interrogations et protestations dans certaines de nos villes», estimait à  l'ouverture de la session extraordinaire de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, son président. Souhayr Belhassen, la présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et Fatima Mbaye, la présidente l'Association mauritanienne des droits de l'homme (AMDH) sont «profondément préoccupées par les affrontements violents survenus en Mauritanie entre forces de l'ordre et manifestants». Tout en  évoquant «la persistance de discriminations en tous genres à  l'encontre des populations noires», elles invitent les autorités au dialogue.Comme réponse, le ministre de l'Intérieur fait état de «56 personnes arrêtées», dont des «13 étrangers qui avaient pour mission d'encadrer les auteurs des actes de vandalisme et de destruction des biens des citoyens». Le printemps arabe frappe-t-il aux portes mauritaniennes '


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