Mauritanie : l'exemple à défendre

Quand en 2005, le colonel Vall etd'autres officiers mauritaniens ont renversé le président Sidi Mohamed Ould Taya, les condamnationsinternationales de leur coup d'Etat furent peu fermement exprimées. Elles ontété surtout de l'ordre du principe. Il est vrai que le Président et le régimedéchus s'étaient eux aussi imposés par la force des armes.

Le colonel Vall avait eul'intelligence politique de désarmer la désapprobation internationale ens'engageant à mettre en place un processus de démocratisation de l'exercice dupouvoir en Mauritanie. Promesse tenue au bout d'une transition de deux années, aucours desquelles des élections libres ont donné naissance à des institutionsreprésentatives.

C'est cet acquis démocratique qu'un autre coup d'Etat, celuimené par le général Ould Abdelaziz, est venu stopper.Ce dernier a cru qu'en s'appuyant sur un scénario à l'identique que celuidéveloppé par Vall, il allait lui aussi désamorcer laréprobation de la communauté internationale. Calculfaux qui place le général et sa junte dans une mauvaise posture au planinternational, car la communauté internationale ne peut accepter que lePrésident élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi connaisse le même sort que l'ex-président généralMouawia Ould Taya.

Abdallahi a accédé au pouvoir par la voie d'une électiondémocratique et régulière. Tous les arguments que la junte développe pourjustifier son coup de force contre lui sont de ce fait irrecevables pour lacommunauté internationale.

D'où son refus «d'entrer dans le jeu» de cette junte et sonexigence d'un retour en Mauritanie à l'ordre constitutionnel en rétablissantdans leurs fonctions et prérogatives les institutions du pays.

La junte, soumise à de fortes pressions internationales, acru pouvoir en atténuer la fermeté en élargissant le Premier ministre duPrésident déchu, tout en maintenant celui-ci enfermé et isolé de tout contact.

L'isolement international dans lequel est le pouvoirputschiste mauritanien ne doit pas se distendre sous prétexte que la junteaurait fait un pas dans le bon sens et se déclare animée d'intentionsdémocratiques.

C'est tout à l'honneur de l'Algérie, pays voisin et ami de la Mauritanie, d'avoir usédu langage de la fermeté à l'égard de la junte qui a usurpé le pouvoir. Faut-ilencore que les autres Etats voisins et amis de la Mauritanie en fassentde même, que l'Union africaine et la Ligue arabe, dans lesquelles la Mauritanie est membre, nese contentent pas d'une désapprobation de principe.

La Mauritanie a donné l'exemple aux mondes arabe et africain par lacapacité que son peuple a eu d'aller vers un processus démocratique plein depromesses. Elle doit aujourd'hui compter sur la communauté internationale pourque les putschistes soient empêchés de casser la dynamique enclenchée par ceprocessus.