Algérie

Matériaux de construction Une tension et des projets en panne


Les matériaux de construction sont de plus en plus chers. Les prix du ciment, du plâtre, du ciment blanc, du rond à béton, le bitume n'arrêtent pas de grimper depuis le début de l'année. Cette hausse des prix est accompagnée de pénuries récurrentes des matériaux nécessaires à la construction de logements, de barrages et de routes. Le sable est passé de 600 dinars le m3 fin 2006 à 900 dinars actuellement. L'approvisionnement du marché en rond à béton connaît de fortes perturbations. Le plâtre également est soumis à une forte tension, conséquence d'une demande toujours en hausse. Le bitume est devenu une denrée rare. Pour se le procurer, il faudra un dossier bien ficelé et attendre des semaines entières. Et en cette fin d'été, la tension sur le ciment et le ciment blanc a pris des proportions alarmantes. Les organisations patronales s'inquiètent. Les prix de ces deux matériaux se sont en effet envolés. Le ciment blanc est pratiquement introuvable. Son prix a été multiplié par cinq en quelques mois. Devant les principales cimenteries du pays, les camions font la chaîne durant trois jours pour s'approvisionner, selon plusieurs témoignages de chefs d'entreprises. Les bagarres sont devenues fréquentes devant les cimenteries. Cette tension a fait changer les habitudes de certaines cimenteries qui par exemple accueillent leurs clients dehors. « A la cimenterie de Béni-Saf, on était reçus au service commercial. Maintenant, on n'est même pas autorisé à entrer à l'intérieur de la cimenterie. Tout se fait à l'extérieur et dans l'anarchie. Les bagarres sont fréquentes pour s'approvisionner », affirme un entrepreneur. Toutefois, la crise du ciment intrigue les entrepreneurs qui ont longtemps cru aux discours officiels sur les capacités de production nationale de ciment. « Il y a une différence entre les données officielles sur les capacités de production de ciment et la réalité. L'offre du ciment n'est pas suffisante. Soit les chiffres sur les capacités ne sont pas vrais, soit les cimenteries ne tournent pas à 100 % de leurs capacités », estime le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani. Pour le ciment blanc, sa rareté sur le marché serait provoquée par le manque d'importation et le retard dans le démarrage de la nouvelle cimenterie de ciment blanc de Sig. « Les prix du ciment blanc ont augmenté à l'échelle mondiale. Ce n'est pas propre à notre pays. Mais ce n'est pas normal qu'il y ait une telle pénurie de ce matériau. Il n'y en a presque plus sur le marché », se plaint un entrepreneur. Les chefs d'entreprises redoutent aussi une raréfaction du sable à partir de septembre, avec l'entrée en vigueur la décision du gouvernement d'interdire l'extraction du sable de l'oued et des plages. Le sable de carrière n'est pas disponible en quantités suffisantes. « La majorité de nos carrières produisent du sable non conforme aux normes de construction. C'est un sable poussiéreux qu'il faut laver. Il y a une seule carrière à l'ouest qui produit du sable prêt à l'emploi, mais ses capacités sont limitées et elle ne peut pas satisfaire toute la demande », souligne un entrepreneur. Pour les entreprises de construction, l'approvisionnement des chantiers en est devenu extrêmement difficile. Sans ciment et sans rond à béton, les chantiers s'arrêtent. Les travailleurs sont mis au chômage technique. Les retards s'accumulent et c'est les pénalités de retard. La situation est intenable pour de nombreuses entreprises de bâtiment et de travaux publics. Les prix des logements et des ouvrages lancés dans le cadre de la relance économique subiront certainement les conséquences de cette flambée. Et rien ne présage une baisse des prix dans les prochains mois. Au contraire. D'ici la fin de l'année, plusieurs grands projets seront en chantier : autoroute est-ouest, les nouvelles lignes ferroviaires entre Thénia et Bordj Bou Arreredj et Oued Tlélat et Tlemcen. En même temps, les projets en cours comme la construction de logements devraient s'accélérer. La livraison de la majorité des grands projets d'infrastructures est en effet prévue pour 2009. Les raisons de la crise des matériaux de construction sont nombreuses : lancement de plusieurs grands chantiers en même temps, un marché des matériaux de construction complètement destructuré, mauvaise gestion des capacités de production de ciment, etc... Face à l'ampleur de la crise des matériaux de construction, le FCE préconise de pratiquer une véritable politique de l'offre, avec une multiplication du nombre d'entreprises et l'incitation par les pouvoirs publics des entrepreneurs à investir dans les carrières de sable, les cimenteries, les centrales à bitumes...
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