Algérie

Massinissa Selmani expose les «1000 Villages» à Alger Des traces d’une mémoire achevée



Massinissa Selmani expose les «1000 Villages» à Alger Des traces d’une mémoire achevée
Publié le 06.01.2024 dans le Quotidien l’Expression
C’est la première fois qu’il fait appel à un dispositif multi
média qui mérite de s’y attarder dans le cadre de cette exposition unique en son genre et qui demeure visible jusqu’au 09 janvier.

La galerie Rhizome, sise au 82, rue, Didouche-Mourad, à Alger, abrite actuellement l'exposition personnelle de Massinissa Selmani baptisée «1000 Villages», qui vient d'être prolongée. Elle est désormais, à découvrir jusqu'au 09 janvier (inclus)! En 2021, la commissaire d'exposition et historienne de l'art, Natasha Marie Llorens a invité Selmani à travailler en collaboration sur l'évolution d'un travail qu'il avait présenté à la Biennale de Venise en 2015, sous le titre de «1000 Villages». Le point de départ de Selmani pour son installation originale - dont les dessins de préparation sont présentés dans le cadre de cette exposition- a été une archive de coupures de presse autour d'un projet d'aménagement urbain initié par le gouvernement algérien au milieu des années 1970 sous l'égide de la «Révolution agraire».

Des images de l'urbaniste Djaâfar Lesbet
En effet, «Selmani s'intéresse beaucoup aux dessins de presse et aux journaux en général.» nous fait savoir d'emblée Khaled Bouzidi, responsable de la galerie Rhizome, qui nous introduira à cette exposition, justement via ces coupures de presse retravaillées par Selmani «Un jour, il tombe sur un article qui parle des mille villages. Il demande à son père ce que c'est... Ça l'intrigue et il commence à faire des recherches. Il tombe sur le travail de Djaâfar Lesbet, qui a fait sa thèse sur les villages socialistes, dans les années 1970.., nous apprend -on.
C'est ainsi que le projet est né chez Massinissa Selmani. De dessinateur invétéré, notons que c'est la première fois qu'il va s'attaquer à un nouveau dispositif incluant l'image vidéo...
En effet, de prime abord, les photos presse, légendées, de Djaâfar Lesbet, sont d'abord retravaillées selon une technique qui fait disparaître l'image, petit à petit, jusqu'à ne garder que les traits approximatifs des maisons de ces villages bondonnées.
De façon à n'en saisir que les traces d'une mémoire qui a traversé le temps et l'histoire de l'Algérie dont beaucoup en ont entendu parler mais pas vraiment connues....Ceci constitue l'entrée en matière de cette exposition des plus épurées, à laquelle, fait face, le plat de résistance!.
Une caméra vient capter ces images sur un portable, le contre- champ est diffusé directement sur l'écran mais n'est pas enregistrée.
«L'idée est de dire que c'est une mémoire qui, comme pas mal de projets en Algérie, demeure une mémoire transmise en continu, mais interrompue».
En effet, personne, aujourd’hui, ne connait les véritables raisons de l'arrêt de ce projet de construction, fort ambitieux, pourtant..

Entretiens avec des artistes
À ce dispositif où l'on voit défiler des vieilles images d'époque, entre intérieurs des maisons et autres photos de familles dans les années 1970, vient s'ajouter cet objet scénique, blanc immaculé, disposé devant, qui vient rappeler toutes ces friches qui restent de ces villages.
«Avec la commissaire Natacha Marie Llorens, Selmani est parti dans l'un de ces villages, appelé « Maâmra». Ils ont découvert que des gens se sont réappropriés l'usage de ces villages en y habitant encore...» Pour nous éclairer davantage sur ce projet, de 2021 à 2023, Selmani et Llorens se sont entretenus avec un groupe d'intellectuels, dont la restitution sonore est présente dans le cadre de cette exposition. Ainsi, nous pouvons entendre la sociologue Fatma Ouessedik qui a fait sa thèse sur les 1000 villages faire la genèse de ce projet tout en le contextualisant dans son époque et ainsi nous donner quelques clés de compréhension qui l'ont mené à son échec et voir ainsi des populations l'abandonner.
Nous découvrons aussi un entretien plus informel avec des artistes contemporains à l'image de Walid Aidoud, Saâdia Gacem et Sofiane Zougar, artistes qui débattent ensemble dans un échange informel sur le sujet. Notons enfin que c'est la première fois que Massinissa Selmani fait appel à un dispositif multimédia qui mérite de s y attarder dans le cadre de cette exposition unique en son genre qui comprend aussi d'autres surprises. À découvrir!
O. HIND



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)