Algérie - Revue de Presse

Massacres du 8 Mai 1945 Le «détonateur» du 1er Novembre 1954



Publié le 26.10.2024 dans le Quotidien l’Expression
«Le 1er Novembre a commencé le 8 Mai 1945 avec une répression démente...», dira Hocine Aït Ahmed, un des chefs historiques de la Révolution algérienne.
L’Algérie s’apprête à fêter comme il se doit le 70e anniversaire du déclenchement de sa Révolution. Celle qui la mènera, plus de sept ans plus tard, à son indépendance, fêtée le 5 juillet de chaque année. Le 1er Novembre 1954 est donc rentré dans l’histoire, un repère incontournable qui signe l’an 1 de la lutte armée. L’option de faire parler les armes fut cependant un long processus né de plus de 130 ans de colonisation française, qui a relégué les Algériens à la condition de citoyens de seconde zone. Une période tragique, jalonnée de soulèvements réprimés dans le sang qui ont forgé un mouvement nationaliste décidé à allumer le feu pour briser les chaînes du joug colonial. Les massacres du 8 Mai 1945 lui serviront de détonateur. Un éveil qui a mis fin à l’illusion d’une indépendance qui tomberait comme un fruit mûr des revendications pacifiques. Les Algériens qui ont participé, versé leur sang pour libérer la France des griffes du nazisme ont cru le moment venu de revendiquer, à leur tour, le droit à la liberté, à leur indépendance. Ils sont donc sortis pour le crier haut et fort le 8 mai 1945. Plus de 45 000 d’entre eux, qui revendiquaient leur droit à décider librement de leur destin seront assassinés, des centaines seront arrêtés et d’autres portés disparus. Le jour même où le monde libre, dont la France, célébrait sa victoire sur l’Allemagne nazie. Un drame qui s’est joué à huis clos à Sétif, Guelma et Kherrata, villes martyres et symboles de ce génocide. Un génocide qui accouchera d’un traumatisme permanent. «Je n’ai pas retrouvé jusqu’à ce jour une vie normale en Algérie», témoignera Hocine Aït Ahmed, un des chefs historiques de la Révolution algérienne. Une tragédie qui sera le détonateur d’un destin révolutionnaire exceptionnel pour l’ex-chef de l’Organisation spéciale (OS), bras armé du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, qui a officiellement vu le jour en février 1947 avant d’être démantelée par la police coloniale en 1950. C’est de cette répression sanglante des manifestations pacifiques du 8 Mai 1945 que naîtra et sera entretenue cette flamme révolutionnaire qui accompagnera ses frères d’armes tout au long de leur vie. Des images atroces qui les hanteront en permanence. Elles ressurgiront en permanence, et particulièrement à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la Révolution, le 1er novembre prochain, pour que nul n’oublie leur martyre. La France coloniale fera siennes les méthodes nazies de son bourreau d’hier.
La terrible répression qu’ils ont subie avait pour objectif de circonscrire toute velléité révolutionnaire. L’étouffer dans l’œuf. «Les Algériens ne relèveront pas la tête pendant au moins dix ans», avaient déclaré les autorités coloniales de l’époque. Les Algériens en décideront autrement, en déclenchant le 1er novembre 1954 une guerre de Libération qui conduira l’Algérie à son indépendance le 5 juillet 1962. «Le 1er Novembre a commencé le 8 Mai 1945 avec une répression démente...», affirmera l’ex-ministre d’État du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Hocine Aït Ahmed, dans un documentaire diffusé par France Culture en 1989. Deux réunions seront décisives dans ce basculement des militants nationalistes vers la lutte armée. Il y aura celle des «Six» qui se tiendra le 23 octobre 1954, au domicile du moudjahid Mourad Boukechoura, à Raïs Hamidou (Alger). Elle regroupera Mohamed Boudiaf, Larbi Ben M’hidi, Mostefa Ben Boulaïd, Krim Belkacem, Didouche Mourad et Rabah Bitat. Des militants de la cause nationale aguerris, rompus à la clandestinité. Tous recherchés par la police coloniale. Elle sera précédée par un autre «rendez-vous» qui donnera un tournant crucial au processus de préparation de la lutte armée. Ce sera la réunion du Groupe historique des «22», qui se tiendra le 24 juin 1954 au domicile du militant Ilyes Deriche à El Madania (Alger), sous la présidence de Mostefa Ben Boulaïd. Ils se prononceront «pour la révolution illimitée jusqu’à l’indépendance totale». Les armes parleront le 1er novembre 1954…
Mohamed TOUATI



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