Célébrée le 19 novembre, la Journée mondiale des toilettes est consacrée, cette année, aux eaux usées et aux différents moyens de les réduire et de les réutiliser. Une journée qui vise à encourager les actions pour relever le défi de la crise mondiale de l’assainissement.
Pendant les jours pluvieux, ces traditionnelles fosses septiques se remplissent des boues incluses dans les eaux usées pour se déverser dans la nature. Officiellement, 25 douars dépendant de 14 communes, sont totalement dépourvus d’un réseau d’assainissement. Les eaux usées sont soit déversées en pleine nature, soit stockées dans des fosses.
Ainsi, d’après les informations en notre possession, 36 communes sur les 47 que compte la wilaya font face à divers problèmes d’assainissement qui s’inscrivent dans le paysage quotidien des habitants. Dans certaines communes, la vétusté et la dégradation des réseaux d’assainissement posent beaucoup de problèmes, notamment pendant les périodes pluviales, comme c’est le cas à Mascara, Aïn Fekan, Mohammadia, El Ghomri, Tizi, Bordj, Aouf, Ghriss, Maoussa, Sidi Bousaïd, Tighennif, Chorfa, Ras Aïn Amirouche, Oggaz et El Gaâda.
La pollution des oueds continue
Plus grave, les déversements des eaux usées dans les oueds sont flagrants. A oued El Hammam, qui prend sa source au barrage de Bouhanifia et se déverse dans le barrage de Fergoug, au barrage d’Ouizert, dans la commune d’Oued Taria, à oued Louz, à Hacine et aux deux autres oueds situés dans les communes de Tizi et Zahana. Des fiches techniques visant à supprimer ces points noirs polluant les oueds et les terres agricoles ont été réalisées par la direction des ressources en eau (DRE) sans qu’elles soient traduites sur le terrain.
«C’est peut-être pour des raisons financières», nous répond un cadre de la wilaya.
De son côté, le directeur de la programmation et du suivi budgétaire (DPSB), Loualia Abdelaziz, nous a déclaré mercredi: «Pour le chapitre assainissement, un budget de 390,4 millions de dinars a été réservé pour la réalisation de 49 opérations d’assainissement dans les différentes localités de la wilaya de Mascara, soit une quote-part de près de 17% sur l’autorisation de programme global octroyé à la wilaya au titre des PCD 2017.»
Et d’ajouter: «Comme en témoigne l’importance des allocations budgétaires allouées, l’Etat accorde une priorité absolue à l’assainissement comme à l’eau, et ce, par des programmes financés de façon adéquate.»
Dans les écoles, les WC laissent à désirer
Les toilettes des 638 établissements scolaires que compte le secteur de l’éducation à Mascara sont loin d’être des lieux d’aisance. Leur état de propreté laisse à désirer et leur nombre est souvent insuffisant. Forcés de faire leurs besoins naturels, nombreux sont les écoliers qui s’aventurent dans ces nids de pollution et de maladies.
«Ils n’ont pas le choix», nous dit-on.
D’autres écoliers des trois paliers, parce que les toilettes de leurs établissements sont sales et donnent envie de vomir, sont contraints de se retenir d’uriner et d’attendre de retourner à la maison.
«Se retenir d’aller aux toilettes peut entraîner des troubles urinaires», nous répondra un praticien spécialiste du secteur privé.
Selon des témoignages, plusieurs jeunes filles, pendant leurs règles, s’absentent «parce qu’elles doivent respecter un ensemble de normes sanitaires qui n’existent pas dans les toilettes de leurs établissements scolaires insalubres qui dégagent des odeurs insupportables et ne présentent aucune intimité à cause des portes qui ne ferment pas».
Faute d’eau et de papier hygiénique dans les toilettes, les écoliers des trois paliers sont obligés d’utiliser des pages arrachées de leurs cahiers pour se nettoyer. Dans tous les cas, aller aux toilettes des établissements scolaires est purement et simplement un «risque à prendre», notamment pour les écoliers diabétiques, qui doivent y aller fréquemment.
La directrice de l’Office national de l’assainissement (ONA) à Mascara, qui nous a révélé que ses agents sont intervenus à de nombreuses reprises à la demande des directeurs des établissements scolaires pour déboucher les toilettes débordées, a souligné que «la situation affligeante des toilettes des écoles est due principalement au manque d’entretien régulier et de produits adéquats».
Le directeur d’une école primaire, interrogé sur ce sujet, a exprimé son incapacité d’assurer d’une façon permanente l’hygiène des toilettes de son établissement à cause du manque flagrant d’eau et de produits détergents.
Contacté jeudi par téléphone, le directeur de l’Education, Yahia Bechlaghem, nous dira: «Les problèmes d’insalubrité des toilettes ne se posent pas dans les CEM et les lycées qui disposent de moyens humains, financiers et matériels leur permettant d’entretenir leurs sanitaires. Le problème se pose avec beaucoup plus d’acuité dans les écoles primaires qui sont gérées par les communes.»
Sans regret, un ancien président d’APC a justifié la situation manifeste dans laquelle se trouvent les toilettes des écoles de sa commune par le manque de moyens humains et financiers.
Toilettes publiques fermées au public
En matière de toilettes publiques, le manque est criant dans toutes les communes de Mascara. Les citoyens pris d’un besoin urgent sont contraints de se soulager sur les murs, contre un arbre, dans un coin ou dans un jardin public. L’essentiel est de le faire loin des regards des policiers et des gendarmes. Pour les femmes et les jeunes filles, le problème est plus que compliqué. L’accès aux toilettes des établissements, qu’ils soient à caractère administratif ou commercial, recevant du public est strictement interdit. Les rares toilettes publiques existantes sont soit fermées, soit sales et dégageant des relents d’ammoniaque qui donnent envie de vomir. Le problème des toilettes en particulier et de l’assainissement en général, à Mascara, n’est pas une simple question d’argent mais de mentalités.
Abdelouahab Souag
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Posté Le : 21/11/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abdelouahab Souag
Source : elwatan.com du dimanche 19 novembre 2017