Le président tunisien Moncef Marzouki veut aller vite, très vite pour relancer les
relations algéro-tunisiennes, qu'il veut bâtir sur le
socle
de la démocratie,
les droits humains et d'un nouveau Maghreb.
A Alger, dernière étape d'une
tournée maghrébine, le militant des droits de l'homme tunisien n'a pas fait
grand mystère hier à Alger de sa ferme intention de s'appuyer sur l'Algérie
pour fonder une nouvelle relation de partenariat au Maghreb. Dans des déclarations
à la presse après son entretien avec le président Bouteflika,
il a estimé que sa visite en Algérie revêtait une «importance majeure».
Marzouki, qui connaît parfaitement l'Algérie pour avoir milité aux côtés de
défenseurs algériens des droits de l'homme, a déclaré ''être ému'' de se
retrouver dans «le pays de la révolution» dont, a-t-il précisé, nous «chantions
l'hymne national plus que le nôtre». Pour autant, Marzouki
estime que sa visite en Algérie est éminemment «politique» avec son projet prioritaire
de relance de l'Union du Maghreb arabe (UMA). «L'espoir est de mise pour la
relance de cet espace maghrébin», a-t-il affirmé. Pour lui, «les relations avec
le grand pays frère (l'Algérie) se consolideront à la faveur de cette visite
qui permettra de renforcer les relations entre les peuples maghrébins».
Cette visite de deux jours «entre dans le cadre du renforcement du
dialogue et de la concertation entre les deux pays» et constitue une occasion
de «raffermir les relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération
et d'examiner les moyens de les renforcer dans les différents domaines
conformément aux aspirations des deux peuples frères», a-t-il encore précisé. Elle
sera, en outre, également une «opportunité de concertation sur le processus de
construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA) et les différentes questions
régionales et internationales d'intérêt commun». Parmi un des grands dossiers
que les nouvelles autorités tunisiennes devront régler, il en est, selon M. Marzouki, celui des 15.000 Algériens établis en Tunisie et
dont la situation administrative n'est pas encore réglée. Dans un entretien à
l'agence APS avant sa visite en Algérie, il a souligné que le processus de
régularisation de la situation des 15.000 Algériens établis en Tunisie «est bel
et bien engagé». «Le processus a déjà commencé et je le suis personnellement. Le
dossier est sur mon bureau.
Mon conseiller diplomatique est chargé de suivre cette affaire. Vous
connaissez les problèmes de la bureaucratie, mais je peux vous assurer que la
volonté politique va être plus forte que la résistance de la bureaucratie. Nous
sommes absolument décidés à régler ces problèmes. Au courant de cette année, tout
sera réglé», a soutenu l'ancien opposant à Ben Ali. Il ajoute: «Par exemple, j'ai
découvert des choses qui m'ont frappé: des Tunisiens d'ascendance algérienne, de
plusieurs générations, nés en Tunisie et dont les parents sont également nés
ici et ne connaissent même pas l'Algérie, sont considérés comme des étrangers. C'est
aberrant ! Ce sont des problèmes de vie, de circulation, de propriétés qui ne
sont pas réglés».
«Il faut vraiment mettre, aujourd'hui, une très forte volonté politique
pour que les Algériens se sentent chez-eux en Tunisie
et les Tunisiens se sentent chez-eux en Algérie'', a-t-il
encore dit. Par ailleurs, au sujet d'un groupe d'Algériens disparus en Tunisie,
la militante tunisienne des droits de l'homme Sihem Bensedrine a laissé entendre qu'il aurait été livré aux
Américains, après que les forces de sécurité tunisiennes avaient capturé ses
membres, avec des Tunisiens alors qu'ils tentaient de rejoindre clandestinement
l'Italie. La semaine dernière, une vingtaine de familles algériennes se sont
déplacées en Tunisie, a précisé Mme Bensedrine selon
laquelle une procédure judiciaire contre l'ancien ministre de l'Intérieur a été
entamée. Elle réfute toutefois la présence de ces personnes dans des prisons
secrètes en Tunisie. «Je ne pense pas qu'il y a des prisons secrètes en Tunisie.
Par contre, je suis encline à penser qu'ils ont été emmenés dans une prison
secrète en dehors du territoire: des prisons américaines», a-t-elle précisé, ajoutant
que «nous avons mené des enquêtes dans les prisons tunisiennes. Ce qui est sûr,
c'est que ces disparus ne sont plus sur le territoire tunisien». En 2008, un
groupe constitué d'Algériens et de Tunisiens avait disparu en Tunisie. «Un des
éléments du dossier qu'on a pu identifier, ce sont les échanges de coups de feu
entre les gardes côtières et ce groupe. L'un d'eux était armé», a souligné Mme Bensedrine. Selon elle, cet accrochage a poussé les
autorités à ne plus traiter ces personnes comme des migrants clandestins mais
comme des terroristes. «Ils ont été interrogés par les services tunisiens et
puis, selon toute probabilité, par des investigateurs américains», ajoute-t-elle
dans des déclarations rapportées par la presse.
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Posté Le : 13/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com