Algérie

Marseille : la grande pagaille




Lyon.
De notre correspondant
 
De mémoire d’usagers d’Air Algérie sur la plate-forme de Marseille-Provence, on n’avait jamais vu pareille pagaille, ni pareille violence auprès des guichets d’Air Algérie. Et pourtant, ici, à Marignane, la pagaille, les Algériens la connaissent assez bien, et on a souvent un peu d’appréhension à voyager avec la compagnie nationale, surtout lors du boom des départs d’été. Lorsque leur vol y est assuré, beaucoup préfèrent aller vers Air France et Aigle Azur, où le service est jugé meilleur. Pour suppléer à l’annulation des six vols de la compagnie Air Algérie prévus mercredi au départ de Marseille-Provence, 500 places avaient été réservées par la compagnie aérienne sur des paquebots de l’entreprise de transport maritime. Cela n’arrangeait certes pas ceux qui ont pris l’habitude du confort d’une liaison directe avec leur destination, comme aller directement sur Sétif par exemple...
Outre d’effacer leurs illusions, cette grève de la société nationale, un événement jamais vu en cette période de l’année, a achevé de faire perdre tout sang-froid aux Algériens, pressés de prendre leur congé, forcément limité, pour se rendre au pays. Pas seulement les travailleurs, mais aussi des jeunes Algériens, comme Hakim, issu d’un couple mixte, qui rêvait de quelques jours en Algérie pour voir sa famille et se recueillir sur la tombe de sa mère enterrée au bled. Il est retourné vers son domicile à une centaine de kilomètres de l’aéroport en larmes, pressé de trouver un autre billet chez les concurrents. Otages d’un mouvement d’arrêt de travail aussi inattendu que ravageur, les plus sereins se sont dit que cette crise devait forcément intervenir un jour ou l’autre. Ceux qui prennent l’avion plusieurs fois par an ont pu mesurer l’état de fragilité qui a atteint Air Algérie et dont la grève surprise d’une catégorie réduite du personnel souligne la gravité. Fragilité étant bien sûr un mot bien faible eu égard à la fatigue endurée dès lors que le choix, fortuit ou choisi, se portait sur les lignes de la compagnie nationale. Rendant à chacun sa part de souffrance, les voyageurs pouvaient aussi aisément constater à quel point la déliquescence touchait les membres du personnel au sol, qu’on sentait comme dépassé par l’inorganisation, et le peu de cas du service rendu, malgré eux.
Parfois, ce personnel, le plus exposé aux doléances du public, sortait de sa réserve pour dire que cela n’était pas de sa faute, et on a parfois entendu, de la bouche de certains, que le pire était à venir.Hormis que la grève intempestive ne vient de ceux-là mêmes qui pointaient du doigt les dysfonctionnements, va-t-on transcender aujourd’hui ce pire, alors que les télévisions françaises ont montré un aéroport de Marseille en état de révolution mardi ' Avec ces CRS qui chargent à la grenade lacrymogène des Algériens excédés, et l’image désolante de ces ambulances de pompiers venues soigner des personnes incommodées. La grève n’est pas finie, mais on sait déjà qu’elle fera date, particulièrement à Marignane, le Sud concentrant une importante proportion d’immigrés en France. Selon l’AFP, hier soir, un vol régulier de la compagnie Air Algérie a finalement été maintenu entre Marseille et Alger. Un ferry à destination d’Alger est parti de Marseille hier à 17h et un autre partira aujourd’hui à 10h. A l’aéroport de Nice-Côte d’Azur, deux vols spécialement affrétés par Air Algérie étaient prévus hier : l’un, à destination de Constantine, a décollé à 14h51 ; l’autre, pour Alger, à 19h15.
 


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