Marsat Ben M'hidi Les plages imposent leurs prix

Le pic d'affluence des estivants dans la commune balnéaire de Marsat BenM'hidi a été sans doute atteint, cette semaine, avec des présences ponctuellesatteintes de plus de 300.000 aoûtiens par jour, notamment durant le week-end. Si cette masse représente environ 30 fois la population locale, lesmoyens dont dispose la commune sont loin de répondre à ce flux qui a dépassé deloin les estimations qui prévoyaient pour cette saison 7 millions de vacanciers.Les 1,5 milliard que représentent les rentrées relatives aux locations deterrains pour le camping, le commerce et le stationnement et autresautorisations et droits, ainsi que les 506 millions alloués pour la préparationde la saison estivale, se sont avérés très insuffisants devant la lourde chargeimposée par une telle pression. Les atouts naturels, la virginité du site etles 2,9 km de plage (Porsay, Moskarda 1 et 2) sont à l'origine de cetteaffluence qui a carrément quadruplé en l'espace de 5 années en cet ultime pointde l'extrême nord-ouest qui est devenu la destination privilégiée de toute larégion Ouest du pays et bien au-delà. Sans publicité aucune et malgré certainescontraintes qui sont en passe de ternir ce bout de paradis, notamment les prixpratiqués qui dépassent l'entendement et autres pénuries causées par sasituation géographique frontalière, comme celle du carburant, ainsi que larareté de l'eau, le bouche-à-oreille a fait son effet et a réussi à drainer lafoule. Ils sont venus d'Adrar, d'Alger, de Sétif et bien d'autres régions, enplus des résidents à l'étranger pour se côtoyer et partager les plaisirs de lamer en l'espace de quelques jours de vacances. Nassima, une émigrée de France,l'air décontractée, ne cache pas son engouement pour le site: «J'ai faitplusieurs plages à travers le pays, Marsat Ben M'hidi est de loin la meilleureet j'y passe désormais toutes mes vacances». Vigilance...A la quasi-unanimité, Marsat Ben M'hidi est une plage exceptionnelle,mais beaucoup reste à faire. Pour Ahmed, un cadre d'Alger, les prix pratiquésdans les hôtels et par les propriétaires de résidences sont exorbitants, ainsique les produits alimentaires. A titre illustratif, une «2 chambres-cuisine» à13 millions le mois ou une tente dans un camp de toile à 2,4 millions ! Lesseuls prix de produits de base tels la baguette de pain, les journauxquotidiens, la bouteille d'eau ou encore le lait qui ont atteint chez certainscommerçants pour les 2 premiers 15 DA et 40 DA. Pour le reste, chez la majoritédes commerçants, cette flambée est confirmée. En outre, l'ambiance en généralbon enfant qui règne et la quiétude sur laquelle veille un service de sécuritésans faille et omniprésent, sont altérés par la présence, étrangementimportante, de mendiants notamment de femmes accompagnées d'enfants en bas âgequi s'alignent le long des principales rues ou encore, selon les policiers, parl'importante présence de malfaiteurs qui arrivent de l'intérieur du pays et quifont de cette forte concentration insouciante leur proie. Ainsi, les cas devols, de casses, d'arnaques et d'escroqueries, que la police s'attelleactivement à contrer, se sont vus multipliés au grand désarroi des victimes. Ace propos, des moyens humains et matériels consistants ont été mobilisés parles responsables de la sûreté de wilaya pour garantir la sécurité des biens etdes personnes dans cette daïra favorable en cette période à tous lesdépassements et excès. D'après le bilan éloquent dressé par la sûreté de daïra,la vigilance des policiers ne semble pas être altérée par la discrétion dontils font preuve aussi bien sur la plage qu'en ville. Vers 21 heures, l'avenuedu front de mer est prise d'assaut pour les promenades nocturnes et oùl'activité commerciale et récréative bat son plein. Tout ce beau monde quibaigne dans la sérénité et la quiétude ignore que des moyens, certesinsuffisants mais énormes, sont mobilisés pour cela, ainsi qu'un potentielhumain très important qui veille loin des feux de la rampe sur leur sécurité etleur confort. Les menaces de«Oued Kiss» La commune de Marsat Ben M'hidi aconnu durant les 6 dernières années un développement palpable qui l'acomplètement métamorphosée. Elle a ainsi bénéficié de 46 opérations pour uneenveloppe de 22,35 milliards dans le cadre du PCD et un appoint dans celui dela relance économique. Les opérations qui ont touché principalement les réseauxd'AEP et d'assainissement pour lesquels 67 km et 7 km supplémentaires ont étérespectivement réalisés, ce qui a permis un taux de branchement à ces réseauxde 98% ainsi que des réalisations de travaux publiques et hydrauliques lesquelsont arraché la part du lion, ont permis la création de 567 emplois dont 295postes permanents. La commune a bénéficié en outre, dans le cadre des PSD, de342 milliards ainsi que des opérations financées sur le budget de wilaya et quise sont élevées à 1,13 milliard. Même si ces chiffres dénotent de l'intérêt desresponsables à développer la région, il n'en demeure pas moins que des effortssupplémentaires sont de mise pour sauvegarder ce village balnéaire sur lequelpèse une menace imminente relative à sa pollution. En effet, si la joie, labéatitude et le ravissement sont apparents sur les visages des estivants, surcelles des responsables locaux c'est carrément l'inquiétude qui se lit. A l'origine,l'épineux et éternel problème de rejet des eaux usées qui a «usé» plusieurséquipes déjà et dont les conséquences qui planent en permanence risqueraient àtout moment de gâcher les vacances à toute cette masse. En effet, le rejet deseaux usées dans l'Oued Kiss se fait par relevage à l'aide de pompes et unepanne de l'une des 3 pompes de relevage créerait la catastrophe, car les eauxusées envahiront tout le village... de même pour une coupure d'électricité.Avec des pompes de remplacement qui font défaut et des groupes électrogènes desecours inexistants, l'inquiétude des responsables locaux qui ont crié leurdésarroi à qui veut les entendre, est justifiée et le désastre n'est pas àécarter à tout moment. Si le risque sur le réseau d'évacuation est moindredurant le reste de l'année, en été, avec l'augmentation en exponentielle del'utilisation de l'eau, celui-ci est imminent. Le chef de gouvernement, ainsique certains ministres qui semblent apprécier le coin et y passer, chaquesaison, leurs vacances, savent-ils qu'ils risquent un jour de se réveiller dansune mare d'eaux usées ? Par ailleurs, la forte évacuationa mis la plage en danger de pollution, car seule une retenue collinaire defortune sur l'Oued Kiss retient à 50 m de la mer tout un lac d'eaux usées quiest sur le point de déborder et d'inonder la plage. «La solution des fossesseptiques collectives avec évacuation du surplus sur l'oued est la seulesolution à ce problème», dira cet élu lequel citera le cas de leurs voisinsmarocains qui utilisent ce système dans la fameuse station balnéaire de Saaïdiaque seul Oued Kiss sépare de Marsat Ben M'hidi. Ainsi, l'avenir de la stationbalnéaire de Marsat Ben M'hidi est incertain car prise en sandwich entre unoued qui évacuera les eaux usées et l'abri de pêche qui déversera son quota depollution. Ce dernier, s'il a été bien accueilli par la population pour sacréation d'emplois, les plus avertis craignent le retour de manivelle quirisque de faire très mal à moyen terme si aucune initiative salvatrice n'arriveà point nommé. C'est là un important équipement qui est à sa 3e et ultimetranche qui est l'aménagement intérieur et ouvrages d'accostage. Le montant dumarché est de 70 milliards et le délai de réalisation est de 14 mois à compterdu 15 janvier 2007. Quant aux 2 autres tranches qui ont démarré le 1er octobre2003, elles ont été déjà réalisées et ont coûté plus de 110 milliards. C'estdonc un abri de pêche dont la superficie du bassin est de 3,91 ha, la linéairedes quais et des jetées respectivement de 817 m et 744 m et les tirants d'eau(profondeurs) de 2,5 à 4 m. Celui-ci aura une capacité de 194 unités (70 pourla pêche et 124 pour la plaisance). Ainsi, ce bout de paradis n'est-il pas enpasse d'être victime de sa réputation ? L'avenir de Marsat Ben M'hidi sedessine de l'autre côté du monticule ouest à Moskarda où un projet dedéveloppement touristique est en cours. Les 7 milliards consacrés pourl'aménagement de la ZET de Moskarda sont étoffés de 26 autres milliards. Unprojet d'envergure d'investissement touristique dont les études sont achevéeset qui sera incessamment lancé sur les hauteurs de cette merveilleuse plage.Celui-ci sera composé d'un hôtel 5 étoiles de 400 lits, 20 résidences hautstanding de 140 lits, 40 bungalows d'une capacité de 296 lits, un centrecommercial, un restaurant et un centre de thalassothérapie. Le tout s'étend surune superficie de 15,56 ha. Cet équipement sera un bon renfort aux capacitésd'accueil actuelles qui ne sont que de 438 lits en hôtels, 320 lits en camps detoile, 31 bungalows et une auberge de jeunes (80 lits).