Les Marocains attendaient hier les résultats définitifs des élections
législatives devant confirmer la large victoire des islamistes modérés qui, pour
la première fois dans l'histoire moderne du pays, devraient accéder au
gouvernement et le diriger. La victoire probable du Parti justice et
développement (PJD), qui était le premier parti d'opposition, intervient un
mois après celle du mouvement islamiste Ennahda en
Tunisie, pays ayant initié en janvier le mouvement de révoltes dans le monde
arabe. Selon les résultats officiels de plus des deux tiers des
circonscriptions, le PJD est déjà crédité de 80 sièges (contre 47 dans
l'assemblée sortante) pour le scrutin de vendredi. Les résultats définitifs
pour les 395 députés de la chambre devaient être connus hier. Sauf surprise, le
chef du PJD Abdelilah Benkirane
devrait être désigné par le roi pour former un gouvernement de coalition, comme
le veulent les usages politiques. Après le plébiscite du référendum
constitutionnel de juillet, le déroulement des élections législatives ont
permis au pays de gagner le pari de la stabilité voulue par le roi Mohammed VI,
qui s'est engagé dans une politique de réformes en douceur, en tirant les
leçons du printemps arabe qui a touché le royaume.
Fort de ce score historique, le PJD, qui se veut à «référence islamique»
et «monarchiste», a annoncé qu'il était prêt à entamer les consultations. Plusieurs
partis de l'actuel gouvernement se sont déclarés prêts à participer à ces
concertations. Parmi eux, l'Istiqlal, parti du Premier ministre actuel Abbas El
Fassi, et l'Union socialiste des forces populaire (USFP).
L'Istiqlal, qui occupait la première place dans l'actuel Parlement avec 52
députés, a obtenu 45 sièges, selon des chiffres non définitifs. Le scrutin a
également connu une bonne participation, avec un taux de 45,4%, contre 37% en 2007.
Cette participation en hausse a été un facteur déterminant dans le succès du
PJD grâce à une mobilisation de ses sympathisants dans les centres urbains du
pays où il est le mieux implanté. Le chef du groupe parlementaire du PJD, Lahcen Daoudi, a même tablé sur
la conquête par son parti de «plus de 100 sièges», soit le quart de l'Assemblée.
Mettant en avant «l'alternance», le Premier ministre Abbas El Fassi a qualifié de «positive» la participation des
électeurs «en dépit des appels de boycott».
Ce succès des islamistes modérés intervient cinq mois après une réforme
constitutionnelle décidée par le roi Mohammed VI qui stipule que le chef du
gouvernement est choisi au sein du parti arrivé en tête des élections. «Nous
sommes sereins. C'est clairement un vote pour le changement», s'est félicité à
l'AFP une source diplomatique occidentale à Rabat, sous le couvert de
l'anonymat. La France
et l'Union européenne, principaux partenaires économiques du royaume, ont
également salué les élections. M. Benkirane a assuré
que «l'Occident» n'avait rien à craindre de son parti. «On n'a pas besoin de le
rassurer, il l'est déjà», a-t-il dit à l'AFP. «L'essentiel de notre programme
et de ceux qui vont gouverner avec nous aura deux axes: la démocratie et la
bonne gouvernance», a affirmé le chef du PJD à la chaîne de télévision France 24.
«Les Marocains insistent pour garder leur monarchie, mais ils veulent qu'elle
évolue avec eux», a-t-il commenté. De fait, le prochain gouvernement devra
nécessairement composer avec le palais qui conserve de larges prérogatives et
joue un rôle d'arbitre alors que le royaume reste confronté à des défis socio-économiques
importants. «La norme restera définie par le roi (...) qui continuera de
présider le conseil des ministres, et ne peut se contenter d'être en dehors du
système», estime la politicologue Khadija Mohsen, spécialiste du Maroc.
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Posté Le : 28/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Henri Mamarbachi De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com