Algérie

Maroc : Discussions et tensions pour la formation du prochain gouvernement



«Nous sommes en pleines réunions pour la formation du prochain gouvernement», a déclaré à l’AFP M. Benkirane, le nouveau chef du gouvernement marocain et secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) qui a remporté les législatives du 25 novembre avec 107 élus, soit 27% des sièges du Parlement. «Nous ne pouvons pas conduire seuls le gouvernement. Nous allons donc nous allier avec d’autres partis», a indiqué A. Benkirane dans un entretien, paru hier dans le quotidien marocain Al Massae.
Aucun parti n’étant en mesure d’obtenir une majorité à cause du système électoral, le parti du Premier ministre doit obligatoirement trouver des alliances avec d’autres formations. C’est la première fois qu’un islamiste est chargé de former le gouvernement dans le royaume chérifien, où le souverain conserve une influence prépondérante dans le processus politique. Dans ce contexte, la bataille des portefeuilles a bel et bien démarré dès mardi au sein des formations politiques prêtes à s’allier avec les islamistes, notamment l’Istiqlal et l’Union socialiste des forces populaires (USFP, coalition gouvernementale sortante). Ces deux partis sont réunis dans la Koutla, une coalition de trois partis et membres de l’actuel gouvernement. A. Benkirane devrait s’allier à la Koutla pour gouverner, a-t-on indiqué dans son entourage. Mais les choses paraissent plus compliquées que prévu. «J’ignore si on participera au gouvernement. Il y a une forte tension entre les jeunes, favorables, et les dinosaures qui ne veulent pas céder», a déclaré Hassan Tariq, l’un des jeunes loups de l’USFP. «Notre conseil national va trancher sur la question de la participation lors de sa prochaine réunion samedi», selon H. Tariq. A l’intérieur de l’Istiqlal, le plus vieux parti du Maroc, les tensions sont moins fortes, mais de nombreuses voix ont également appelé à une non-alliance avec les islamistes dont le parti sortirait perdant.
Créée en 1992, la Koutla compte 117 députés, ce qui constitue un apport politique essentiel pour le PJD. Le principal atout du parti islamiste réside dans son côté neuf, ce qui lui a attiré beaucoup de voix aux élections face à des rivaux usés par le pouvoir. Le PJD «tire sa popularité de son appel à la moralisation de la vie publique et du fait qu’il se trouve non compromis, jusqu’à présent, dans la gestion des affaires publiques», a indiqué le prince Moulay Hicham, cousin du roi, favorable à une réforme profonde de la monarchie, dans une interview à l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.   Il n’empêche que de sérieux défis attendent le prochain gouvernement, parmi lesquels l’éradication du chômage très élevé chez les jeunes, des inégalités et de la corruption ; il faut en outre atténuer la grogne sociale. Abdelilah Benkirane a tendu la main au Mouvement du 20 février, lequel maintient la pression à travers des manifestations dans plusieurs villes du pays, et a adopté un ton plus conciliant à son égard. Le Mouvement regroupe des islamistes fondamentalistes (tolérés mais non reconnus) de l’association Al Adl Wal Ihsan, des jeunes indépendants et des petits partis de gauche. «Nous invitons nos frères d’Al Adl Wal Ihsan à revoir leur position de rupture à la lumière de la large victoire du PJD» aux élections, a proposé M. Benkirane, dans un discours prononcé après la victoire de son parti.
 


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